Ce samedi 12 octobre, Cindy Brin prend le large, direction l’Hexagone. Comme à son habitude, la monitrice du Saint-Barth Yacht Club supervise un groupe de jeunes marins de l’île pour participer à une régate : l’Opti Cup. Mais cette-fois ci, à l’issue de la compétition, la coach continue le chemin seule, direction Port-la-Forêt. Trois jours et une nuit en mer pour choisir celui qui traversera l’Atlantique à ses côtés pour la 17e édition de la Transat Paprec. «J’insiste toujours auprès des gamins pour qu’ils réalisent leurs rêves, leurs projets, raconte Cindy Brin. Quand je leur ai dit que moi aussi j’en avais un, ils m’ont dit : vas-y Cindy, roule ta bosse. » La monitrice est catégorique, participer à la transat qui rallie Concarneau à Saint-Barth, « c’est le projet d’une vie ». «Ça a toujours été l’un de mes rêves, mais j’en n’ai jamais eu l’opportunité parce que ça coûte super cher », confie la native de l’île âgée de 27 ans. Mais cette année, la Collectivité a débloqué un budget de 200.000 euros pour accompagner Cindy Brin dans la concrétisation de ce projet.
Un projet financé par la Collectivité
Lors du départ de l’édition 2023, Cindy Brin était à Concarneau avec, à ses côtés, David Blanchard, le président de la commission des affaires sportives. « Ce serait bien quand même qu’il y ait quelqu’un de Saint-Barth sur cette transat », lance ce dernier. Cindy Brin réagit au quart de tour : « Ce serait trop bien, mais ça ne sera pas moi parce que ça coûte trop cher. » L’élu lance alors les discussions avec les organisateurs, la Collectivité et le Saint-Barth Yacht Club, pour que « les gamins qui font les régates avec elle ne soient pas délaissés ». Dans le budget de 200.000 euros voté par la Collectivité, un montant correspond à la rémunération d’un moniteur pour la remplacer lors de sa participation à la compétition.
« Si tu as les sous, moi je pars demain »
Il n’en fallait pas plus pour Cindy. « Si tu as les sous, moi je pars demain », rétorque la monitrice de voile. Le départ étant prévu le 20 avril 2025, il lui reste moins d’un an pour se préparer. En attendant de pouvoir s’entraîner sur un Figaro Beneteau, voilier monotype utilisé pour cette course, l’athlète se lance dans la préparation physique et mentale. A raison de cinq entraînements par semaine, Cindy travaille le physique, mais surtout l’endurance. « Ça pique, lâche-t-elle derrière ses lunettes teintées. Mine de rien, quand il faut déplacer les voiles, c’est lourd, et il faut le faire plusieurs fois par jour, à chaque manœuvre. » Sans oublier, le difficile travail du maintien du sommeil. Sur le bateau, les marins se relaieront toutes les deux heures, pour faire des quarts de deux heures. «Ça ne fait pas beaucoup de sommeil dans la nuit, pour l’instant, je n’y arrive pas », glisse la monitrice. Mais la skippeuse s’inquiète peu : «Avec de l’envie, on peut arriver à tout ».
Un bateau inconnu
En revanche, ce qui occupe davantage son esprit, c’est la cohabitation avec un inconnu dans l’espace restreint du voilier. « Partir avec quelqu’un que je ne connais pas, ça peut être assez frustrant, dans le sens où j’ai un caractère qui est très fort », concède Cindy Brin. Contrairement au bateau, où les marins peuvent faire le maximum pour que le matériel soit prêt, « l’humain c’est toujours plus compliqué ». A Port-la-Forêt, la compétitrice va tester la collaboration avec différents navigateurs, mais ses capacités à elle, seront aussi scrutées. « Pour l’instant, elle est inconnue au bataillon, explique David Blanchard. Ils vont la tester un peu, pour la vendre ensuite aux meilleurs, ou pas. » Comme Cindy le rappelle en riant : « Ma spécialité c’est l’Optimist ». Rien à voir avec un voilier monotype sur foil, qui peut filer jusqu’à 20 nœuds. « J’ai hâte d’essayer ce bateau, parce que je n’ai jamais navigué dessus », s’enthousiasme-t-elle. Dès ce mois-ci, la skippeuse va pouvoir se mettre en jambe avec ce bateau typique des grandes régates, avant de retourner s’entraîner dans l’Hexagone en janvier.
« Je ne suis pas là pour ramasser des bouées »
Cindy Brin devient la première femme originaire de Saint-Barth à intégrer cette transat, devenue mixte depuis la dernière édition en 2023. «Tant que je n’aurais pas dépassé la ligne d’arrivée je ne réaliserai pas », évacue la monitrice, qui vise tout de même un podium. «Je ne suis pas là pour ramasser des bouées », résume-t-elle de son franc-parler naturel. Pour Cindy Brin, cette transatlantique n’a du sens seulement parce que l’arrivée se trouve sur son île. Avant d’atteindre le port de Gustavia, l’enfant du pays sera accueillie par l’habituel cortège de bateaux. Parmi eux, se trouvera sûrement quelques Optimist, avec à leur bord, ses élèves venus l’observer réaliser son rêve.
Le départ de la 17e édition de la course à la voile transatlantique en double mixte partira de Concarneau à 13h02 le 20 avril 2025. |