Désormais, un motif impérieux est nécessaire pour tous les voyageurs en provenance ou à destination de Saint-Barthélemy. Le Président de la Collectivité a écrit au ministre des Outre-mer dans l’espoir de faire évoluer la situation.
«Incompréhensible », pour le Président de la Collectivité. Dès la parution du décret précisant les modalités de voyage autour de notre île, Bruno Magras a décidé d’écrire au ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. A l’heure où nous bouclons l’édition de ce journal, mardi 2 février, le ministre n’a pas encore répondu. A compter de ce jour, minuit, tous les déplacements, maritimes et aériens, en provenance et à destination de Saint-Barthélemy sont interdits sauf justification d’un motif impérieux (voir encadré).
Un nouveau coup dur pour les acteurs du tourisme : tous les voyageurs, qu’ils viennent de métropole, des États-Unis ou même de Saint-Martin sont concernés.
« Cette mesure qui a pour effet d’isoler complètement notre île semble motivée par l’objectif de retarder l’introduction des variants du vaccin dans nos territoires, écrit le Président de la Collectivité dans son courrier. Cette analyse me conduit à vous interroger sur les raisons et la durée de l’isolement à Saint-Barthélemy. En effet, les variants ne vont pas disparaître –ils vont même se généraliser et il est certain qu’ils arriveront dans nos îles. Le problème des variants sera donc le même dans deux semaines, un mois, deux mois ou six mois. »
Laisser le temps à la vaccination de se mettre en place avant l’arrivée des variants ? Bruno Magras n’y croit pas : « l’adhésion à la vaccination dans nos îles est assez faible pour le moment. La vaccination des populations va donc prendre des mois, comme en métropole. »
Dans son courrier, le Président liste ensuite les efforts fournis par la Collectivité pour enrayer l’épidémie : forte capacité de tests PCR, développement d’un logiciel unique en France pour gérer des campagnes de tests de masse… « Nous sommes d’ores et déjà en train de nous organiser pour porter notre capacité de tests PCR d’environ 150 tests par jour actuellement à 700 tests par jour d’ici février. Nous devrions aussi nous doter localement des capacités pour détecter les variants. »
Bruno Magras conclut ainsi : « Je vous demande donc d’obtenir la levée de la condition de motif impérieux, en particulier par liaisons aériennes et maritimes vers les pays étrangers. A défaut, je considérerai l’île fermée par l’Etat pour une durée indéterminée. En conséquence de quoi, se posera la question pour la Collectivité de poursuivre les actions précitées pour concilier sécurité sanitaire et sauvegarde de l’économie. »
Chantage ? Interrogé par téléphone, le Président de la Collectivité s’en défend auprès du Journal de Saint-Barth : « Nous payons par exemple des personnes pour contrôler les tests PCR à l’aéroport. Cela ne relève pas des compétences de la Collectivité. Nous n’allons pas financer un contrôle à l’aéroport s’il est fermé ». Pour lui, les mesures drastiques de prévention contre l’épidémie mises en place par la Collectivité n’ont de sens que s’il y a des flux de voyageurs, avec une possible circulation du virus. Avec le nouveau dispositif qui ferme l’île aux touristes, la Collectivité voit en outre baisser ses recettes.
« Qu’ils nous donnent la liberté d’agir, nous adapterons les protocoles en accord avec l’ARS », dit-il au Journal par téléphone.
Si Sébastien Lecornu n’a pas encore répondu à Bruno Magras, il s’est adressé aux Polynésiens dès le 1er février pour justifier la décision du gouvernement : « Je vous le dis en toute franchise : si les variants devaient circuler activement en France, dans l’Hexagone et dans quelques territoires ultramarins en même temps, nous ne pourrions peut être pas soutenir la Polynésie-Française comme nous l’avons fait auparavant. L’envoi de renforts nationaux pourrait être malheureusement trop complexe à mettre en œuvre. »
Le problème est-il le même pour Saint-Barthélemy ? On attend encore la réponse du ministre.
Motif familial ou d’ordre personnel impérieux : Décès d’un membre de la famille en ligne directe d’un frère ou d’une soeur, visite à une personne dont le pronostic vital est engagé (pour les membres de la famille en ligne directe) et sur présentation d’un acte ou certificat de décès ou d’un certificat médical. Mais aussi : garde d’enfants par le parent investi de l’autorité parentale ou dont le droit de garde est reconnu par une décision de justice (sur présentation de la décision de justice et d’un justificatif de domicile), convocation par une autorité judiciaire ou administrative (sur présentation de la convocation). Impossibilité légale ou économique de rester sur le territoire (sur présentation d’un acte de licenciements ou d’un titre de séjour expirant). Enfin, les étudiants en début, reprise ou fin de cycle d’études pourront aussi franchir les frontières sur présentation d’un certificat de scolarité établi par l’établissement français ou étranger.
Motif sanitaire impérieux : «Urgence médicale vitale» (pour la personne ainsi qu’un accompagnant si sa présence est indispensable) et sur présentation de documents : certificat médical, preuve d’une hospitalisation programmée, etc...
Motifs impérieux professionnels : Missions indispensables à une activité économique (dont les professionnels de transport) sur présentation d’une attestation de l’employeur, professionnel de santé concourant à la lutte contre le Covid-19 ou une action de coopération d’intérêt majeur en matière de santé (sur présentation de la carte professionnelle), missions ponctuelles du secteur public (dont les missions diplomatiques) sur présentation d’un ordre de mission, sportifs professionnels de haut niveau pour la participation à des rencontres sportives et sur présentation d’une carte professionnel et d’un certificat délivré par l’organisateur.
Les personnes actuellement en vacances à Saint-Martin et Saint-Barthélemy pourront regagner leur domicile sans crainte, ce dernier point entrant dans la catégorie des motifs impérieux d’ordre personnel, précise la Préfecture.