Le 9 octobre 1847, Saint-Barth compte encore 529 esclaves lorsqu’est proclamée par le gouverneur James Haasum, successeur de Norderling, l’abolition*. « Nous ordonnons et décrétons que tout esclavage ou servitude est et demeure à jamais aboli, et ne pourra plus exister ni être toléré dans cette île Saint-Barthélemy et ses dépendances. »
Dans ce texte la couronne se félicite de sa grande mansuétude, et intime aux 529 esclaves qui deviennent libres de se montrer reconnaissants. « Il est de notre devoir de faire comprendre à la population émancipée que la majorité de la Nation Suédoise, de laquelle lui est venu cet immense bienfait, gagne péniblement son existence dans une lutte continuelle contre un climat rigoureux. Le sacrifice est donc bien grand ; et il devient plus méritoire par le but dans lequel il a été fait : c’est pour rendre à la liberté et pour le bien-être de leurs frères en Jésus-Christ qu’ils s’imposent cet acte d’une noble générosité. En conséquence cette Nation a le droit imprescriptible d’exiger et d’attendre de ceux qui ont joui du bénéfice de cet acte de sa munificence qu’ils tiendront une conduite digne en tout de leur nouvelle position », écrit le gouverneur. « Nous attendons avec une ferme confiance que les classes laborieuses maintenant émancipées, continueront leurs travaux ordinaires, et que par une conduite convenable, industrieuse et laborieuse elles se rendront dignes de cette liberté. »
Les dites « classes laborieuses » représentent donc 529 personnes à Saint-Barthélemy, adultes et enfants. Chaque propriétaire sera dédommagé pour ses esclaves devenus libres, selon la valeur estimée de chacun d’entre eux. Les émancipés, eux, paraphent une lettre de remerciements adressée au Gouverneur. « Nous venons déposer aux pieds de votre Excellence l’hommage du profond respect que nous professons pour elle, et nous la prions d’agréer nos très sincères remerciements pour la part qu’elle a eue à l’événement heureux qui nous permet de compter dans la grande famille humaine de laquelle nous avons toujours été exclus. Nous espérons que Votre Excellence trouvera sa récompense pour la peine qu’elle s’est donnée pour nous dans le bonheur d’avoir puissamment contribué à l’accomplissement du Grand acte de libération. »
(*) Lire le site www.memoirestbarth.com qui retranscrit les documents de cette époque.
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