En septembre 2024, la première Maison des femmes des Antilles a ouvert ses portes à Saint-Martin. Sur l’île voisine, cette structure unique propose un parcours de soin global pour les femmes victimes de violences conjugales. « L’objectif est d’aller vers elles et de proposer la prise en charge la plus complète possible », explique Sibel Ayden, directrice de la Maison des femmes. Lors de la première visite à la Maison des femmes, un entretien avec les chargés d’accueil permet de recenser les besoins de la personne afin d’établir le parcours le plus adapté. L’établissement devient ensuite un lieu ressource, où il est possible de rencontrer tous les professionnels nécessaires comme des psychologues, des avocats, des juristes, des conseillers d’insertion professionnels ou encore des gendarmes. La Maison des femmes dispose d’un partenariat avec la gendarmerie de Saint-Martin. Grâce à cela, une permanence est organisée tous les mercredis matins avec la présence d’un gendarme pour faciliter le dépôt de plainte pour celles qui en ressentent le besoin. Régulièrement, des séances de yoga, de sophrologie mais aussi d’art thérapie sont organisées.
Accompagnement sur mesure
« La Maison des Femmes de Saint-Martin est ouverte aux femmes de Saint-Barthélemy, insiste Sibel Ayden. On est aussi disponible par téléphone que ce soit avec la Maison des femmes ou l’association France Victimes. » Depuis Saint-Martin, Sibel Ayden suit attentivement les parcours des femmes victimes de violence conjugale à Saint-Barthélemy. L’association France Victimes 978, dont elle est la directrice adjointe, est l’interlocuteur associatif de référence sur cette question. Ils sont contactés par l’intervenant sociale en gendarmerie qui répertorie tous les dossiers concernant les violences intrafamiliales sur le territoire, mais également par les services judiciaires. « Grâce à cette double information, cela permet d’oublier personne, insiste la juriste de profession. C’est une vraie avancée sur le territoire. » Pour celles qui n’ont pas la possibilité de sortir de l’île, Sibel propose également une permanence à Saint-Barthélemy. Tous les mardis de 11 heures à 15 heures, la juriste est présente au centre médico-social à Gustavia pour « proposer un accompagnement qui soit personnalisé, le plus humain possible ». Avec son expertise de juriste Sibel Ayden peut apporter son aide dans le domaine juridique, par exemple pour préparer une audience, mettre des moyens de protection, ou tout simplement connaître ses droits. « L'accompagnement est vraiment sur mesure, on ne se donne pas de limites, avance Sibel Ayden. Et l'idée c'est vraiment de répondre aux besoins au plus près. » Par exemple, elle peut accompagner une femme à la gendarmerie pour déposer plainte si elle le souhaite. S’il y a une demande d’hébergement d’urgence, cela peut aussi être lancé depuis son bureau. D’autant plus que les services sociaux compétents sur cette question sont situés dans le même bâtiment.
Un visage extérieur rassurant
De plus en plus de femmes passent la porte du centre médico-social pour bénéficier de l’expertise et du soutien de Sibel Ayden. Grâce au bouche-à-oreille, l’association est désormais clairement identifiée. « Parfois, j'ai 6 rendez-vous dans la journée. C'est énorme à l'échelle de Saint-Barth, souligne Sibel Ayden. Et le fait aussi de venir de l'extérieur, ça aide à libérer la parole. » Encore plus qu’ailleurs, le besoin de confidentialité est essentiel sur un si petit territoire. Il est respecté avec la plus grande attention par les équipes, insiste Sibel Ayden : « Je suis vraiment fière d'avoir pu nouer un contact avec les habitants de Saint-Barth. » Chaque mardi, Sibel Ayden propose également son expertise de juriste pour répondre à vos questions si vous avez besoin de conseils juridiques. Ces permanences d’accès au droit se tiennent dans le cadre du Point Justice, organisé par le Conseil d’accès au droit.
-----------------------
Le protocole des violences intrafamiliales revu par les services sociaux
Lors de sa prise de poste au mois de septembre, le directeur adjoint de la direction territoriale des affaires sociale, Didier Delasse, s’est aperçu que la procédure déjà en place en cas de violences intrafamiliales « ne permettait pas de répondre aux attentes des personnes victimes, surtout au niveau de l'organisation globale de la prise en charge de ces personnes. » Le nouveau directeur adjoint s’est alors employé à créer un nouveau protocole plus adapté. Tout d’abord en rappelant l’ordre d’intervention à respecter par les différents acteurs (intervenante sociale en gendarmerie, France Victimes et service social), mais aussi en établissant des fiches transmission afin d’avoir « une traçabilité du travail qui a été mené par chaque intervenant et de s'assurer de la transmission des informations au fur et à mesure de l'avancée de la procédure. » Un numéro d’astreinte devrait être mis en place prochainement pour le directeur adjoint et la directrice —celle-ci devait prendre ses fonctions dans les semaines à venir, promet Benjamin Vigneron, collaborateur de cabinet du président— qui seront informés par les gendarmes dès qu’un cas de violence intrafamiliale sera déclaré. Auparavant, les gendarmes avaient l’habitude de contacter des élus, comme Caroline Maurel, la présidente de la commission des affaires sociales qui a démissionné (JSB 1601). Mais comme le souligne Didier Delasse, dans certains cas, les victimes sont déjà connues par le service social : « L'idée, c'était que la personne qui soit sollicitée ait une connaissance assez fine de la situation sociale de ces personnes-là, de telle sorte qu’elle puisse apporter une réponse adaptée à la situation. » En cas de besoin, la Collectivité « propose une solution d’hébergement d’urgence à proximité immédiate des gendarmes », déclare Benjamin Vigneron. Ce nouveau protocole doit être présenté prochainement aux élus pour parvenir à un accord sur cette procédure. Il y aurait à Saint-Barth une quarantaine de cas de violence intrafamiliale par an.
-----------------------
Numéros utiles
• Gendarmes : 0590271170
• Association France Victimes : 0690378401
• Maison des femmes : 0690503131
• Point justice : 0690887949 (privilégier les SMS)
• 39 19 : numéro national de référence pour l'écoute et l'orientation des femmes victimes de violences