Selon les propres termes employés par le préfet Cyrille Le Vely, Saint-Barthélemy est « l’île la plus sûre des Caraïbes ». Une évidence souvent rappelée tout en précisant que c’est précisément ce sentiment de sécurité qui constitue l’un des principaux atouts de l’île. Quoi qu’il en soit, comme le réclame une circulaire du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, chaque préfet de France hexagonale et d’Outre-mer a été prié d’effectuer un diagnostic sur le territoire dont il a la charge. Un travail qui a abouti à la rédaction d’un “plan de restauration de la sécurité au quotidien”. Ce dernier ayant pour intérêt d’établir une feuille de route en matière de sécurité. Le 27 février, le préfet Le Vely a donc présenté ce document spécifique à Saint-Barthélemy en présence du colonel de la gendarmerie, du président de la Collectivité territoriale et de la sénatrice Micheline Jacques.
Dans un premier temps, le représentant de l’État a bien évidemment mis l’accent sur la présence de la gendarmerie, dont « le ratio par habitants est très élevé », a-t-il souligné. Le taux de délinquance est également très inférieur à celui enregistré dans l’Hexagone ou sur les îles des Antilles. « Mais comme ces chiffres sont petits, à la moindre augmentation, on le remarque », rappelle le préfet.
« On veut voir du bleu »
Parmi les préoccupations qui occupent l’esprit et l’activité du préfet comme de la gendarmerie figurent notamment des chiffres d’accidentologie en hausse en 2024, mais également des violences intra-familiales qui sont relevées de plus en plus fréquemment. Bien que les chiffres présentés dans le rapport montrent une baisse du nombre de victimes, qui sont passées de 56 en 2023 à 38 en 2024.
Sans surprise, la lutte contre le trafic de stupéfiants apparait aussi dans la liste des priorités. 111 infractions ont été recensées en 2024 par la gendarmerie, contre 64 en 2023, ce qui montre une accentuation des interventions dans ce domaine. Parallèlement, les audiences du tribunal de proximité consacrées aux dossiers de Saint-Barthélemy laissent entrevoir la volonté du parquet de ne plus ignorer l’ampleur de la circulation et de la consommation de stupéfiants, particulièrement de la cocaïne, sur l’île. «On veut voir du bleu, ça rassure », lance le préfet Le Vely, évoquant la présence de la gendarmerie.
« Une police qui tourne en continu »
Le procureur de la République de Basse-Terre, Xavier Sicot, estime que le diagnostic à Saint-Barthélemy « est simple à faire mais la réponse est à travailler ». Il explique : « Voir du bleu, ça rassure, mais avoir des gendarmes derrière leurs écrans sur les enquêtes judiciaires, c’est tout aussi important. » Il rappelle que la présence d’un chien renifleur à l’arrivée des ferries et à l’aéroport aide grandement le travail de la gendarmerie.
Le président de la Collectivité, Xavier Lédée, précise que ses services travaillent au renforcement des effectifs de la police territoriale, tout en précisant que « c’est compliqué ». Même s’il assure que son objectif est de disposer «d’une police qui tourne en continu ». Il ajoute : « On a mis quatre millions d’euros sur la table pour loger quatre policiers supplémentaires et ils sont équipés depuis quelques jours par des caméras piéton. » Xavier Lédée mentionne également un partenariat avec la Croix Rouge pour effectuer des maraudes dans les quartiers afin d’établir un diagnostic des personnes sans logement ou qui évoluent dans la précarité.
Des groupes WhatsApp qui agacent
La sénatrice Micheline Jacques précise qu’elle a travaillé sur un rapport qui doit aboutir sur six propositions de loi. Le document souligne notamment la nécessité de faire évoluer le statut des agents de la police territoriale afin qu’ils disposent de plus de marge de manœuvre. Néanmoins, la difficulté reste la même à ce sujet à Saint-Barthélemy : le manque cruel d’effectif.
Enfin, le colonel Hugues Loyez tient à pointer du doigt les dérives liées aux groupes de communication sur WhatsApp. « Ça m’agace sur cette île, lance-t-il. Il existe des boucles de plus de mille personnes qui avertissent dans la seconde des contrôles en cours. Il ne faut pas oublier que ça peut surtout permettre à quelqu’un de cramé d’aller se crasher trois ronds-points plus loin. »
Le préfet des Iles du Nord, Cyrille Le Vely, se félicite en conclusion du fait qu’un travail en commun va se poursuivre afin de maintenir la sécurité et de renforcer les moyens de lutte.