Vincent Berton l’affirme, il n’y a pas de « chape de plomb » sur les chiffres de la délinquance à Saint-Barthélemy. Pour preuve, mardi 7 février, il a dévoilé le bilan de l’année 2022, dix jours après avoir présenté celui de Saint-Martin. Pour le représentant de l’Etat dans les Iles du Nord, l’analyse des données de Saint-Barth ne souffrent pas de réflexions alambiquées. Il commente : « Les chiffres sont mauvais donc peu satisfaisants. Mais pour cette raison, il est important de les replacer dans des éléments de contexte. Car si les chiffres ne sont pas bons, le contexte général ne laisse entrevoir qu’un faible niveau de délinquance qui s’aligne sur la moyenne nationale. »
Néanmoins, le préfet constate que si le niveau reste bas, « il s’est dégradé en 2022 ». Il estime qu’attribuer cette relative détérioration à une période post-Covid ou à la relance d’une forte activité touristique serait maladroit. Pour Vincent Berton, il est nécessaire de se pencher sur « des tendances de fond ». Toutefois, les chiffres se révèlent suffisamment parlant pour ne pas avoir, dans un premier temps, à se plonger dans une longue réflexion.
123 atteintes volontaires à la personne
Ainsi, dans la liste des « mauvais » résultats constatés par le représentant de l’Etat, les « atteintes volontaires à personne » enregistrent une hausse de 50% entre 2021 et 2022. 123 faits ont été constatés l’an dernier, ce qui représente également une forte augmentation comparée à l’année qui a précédé la crise sanitaire, 2019.
Parmi ces 123 faits, 80 sont des coups et blessures volontaires. « Ce qui représente une nette hausse par rapport à 2021 puisque 45 faits avaient été dénombrés », explique le préfet, qui ajoute : « Ces actes sont souvent liés à une consommation d’alcool et de stupéfiants. »
De plus, une majorité de ces faits ont eu pour théâtre la sphère privée. Il s’agit donc, pour la plupart, de violence dites intra-familiales. « Ces chiffres nous montrent une certaine augmentation de la violence dans la société, sur fond d’addictions, ce qui est préoccupant, insiste Vincent Berton. Par ailleurs, les données recueillies permettent d’affirmer que 62% des auteurs de ces faits sont de nationalité française et que 60% sont âgés de plus de 40 ans. »
Autre catégorie de délit qui enregistre une hausse conséquente : les faits de menace et de chantage. Ils ont été au nombre de 20 en 2022, soit 50% de plus que l’année précédente. Ils découlent principalement de conflits sentimentaux, de litiges financiers et de questions de logement.
Six faits de violence physique crapuleuse, donc suivie d’un vol, ont été recensés. « S’il n’y a pas de tissu criminel à Saint-Barth, déclare le préfet, il existe une certaine dégradation des relations sociales et du cercle intime. Et ça ne concerne pas que les jeunes. »
25% de faits d’escroquerie en plus
Si les atteintes aux biens (vols, cambriolages, dégradations) sont relativement stables depuis 2010, ils sont en revanche en forte hausse entre 2021 et 2022 puisque 250 faits ont été dénombrés, soit une augmentation de 24%. « Des chiffres qui sont inférieurs à la moyenne nationale », tempère le représentant de l’Etat.
Pour les escroqueries et les infractions économiques et financières, là encore les chiffres grimpent en flèche avec 70 faits et une hausse de 25% par rapport à 2021. « Il s’agit souvent d’abus de confiance sur le net », éclaire Vincent Berton. 54% de ces faits concernent des femmes et 60% des victimes sont âgées de plus de 37 ans.
Concernant la lutte contre les stupéfiants, le bilan est maigre en 2022. De fait, aucun bilan chiffré n’est présenté. Néanmoins, le préfet rappelle sa volonté de lutter contre ce qu’il considère comme « un problème majeur, au même titre que la consommation d’alcool ». Vincent Berton évoque une fréquence accrue des contrôles routiers et des inspections dans les établissements qui reçoivent du public.
Ainsi, en 2023, l’un des objectifs de l’Etat est « d’intensifier la présence des forces de l’ordre sur la voie publique » en augmentant le cycle des patrouilles. Des opérations de lutte contre la fraude sont également annoncées, notamment grâce à l’intervention, comme il y a dix jours, des agents des services de la répression des fraudes. Sans oublier la lutte contre la pêche illégale, l’habitat insalubre et, précise le préfet, « les arnaques aux consommateurs ».
Le dossier des évacuations sanitaires progresse |