Mi-mars 2019, la SNSM formait une nouvelle équipe à bord de la vedette Capitaine Danet refaite à neuf. Depuis, les sauveteurs bénévoles ont secouru vingt-quatre personnes, dont six qui couraient un danger réel. Nous avons suivi un de leurs entraînements hebdomadaires.
«Aaaaaaaaah ! A moi ! » Un homme à la mer hurle, ses bras s’agitent en l’air, panique. Ni une ni deux, un binôme de sauveteurs en mer se jette à l’eau depuis la vedette SNS 269 Capitaine Danet, et nage un crawl soutenu en direction du noyé. Quand ils arrivent à sa portée, la victime, dans de grands moulinets de bras, assène un coup de coude sur la tête d’un sauveteur, qui coule à son tour. « Tu vois, c’est pour ça qu’il faut porter le casque », commente, à la barre du bateau, le patron de la SNSM locale Jérôme Pellerin. Dans l’eau, ça s’agite toujours. Le noyé est allongé sur le dos, collier cervical lui maintenant la tête, et Isabelle le ramène doucement vers le bateau, non sans mal vu la différence de poids entre la sauveteuse et la victime. Une fois à l’arrière de la vedette, deux collègues prennent le relais pour remonter l’homme à bord. Celui-ci a visiblement perdu l’esprit et se débat pour retourner à l’eau : « Ma frite ! Je dois récupérer ma frite ! » A force de se laisser dériver, agrippé à sa “frite” en mousse, les courants l’auront emporté trop loin pour qu’il puisse revenir par ses propres moyens. Finalement, il est calmé, récupéré, placé sur une civière, et le Capitaine Danet peut repartir en direction de l’hôpital.
Scenario tout fictif : le naufragé n’est autre que Steeve, lui-même membre de la SNSM. Comme chaque samedi matin, les bénévoles s’entraînent en mer, simulant les situations auxquelles ils pourront être confrontés. La saison dernière, trois personnes ont trouvé la mort par noyade sur les plages de Saint-Barthélemy. Il eut été difficile de les secourir pour la SNSM puisque les plages ne sont pas surveillées. Mais le cas de l’homme à la mer s’est produit, par exemple, le 31 décembre dernier avec le marin tombé de son paquebot, le Club Med 2. Il a été récupéré in extremis par l’équipage d’un yacht privé, puis par les hommes et femmes de la SNSM locale.
L’exercice se répète au large de Shell Beach, pour que chaque sauveteur intègre les bons gestes. Et nous voilà coiffés d’un casque et chaussés de palmes, pour aller nous aussi secourir une victime. La mer est calme, on nage facilement jusqu’à elle. Merci les palmes, pour rester stationnaire dans l’eau le temps de trouver le bon sens du collier cervical et de l’enfiler à la victime, tout en lui maintenant la tête hors de l’eau. Les gestes pour l’enserrer sont précis. Ensuite, il faut nager en arrière, sur le dos, en tractant l’homme. Sacré exercice pour les jambes, on n’avance pas ! « C’est pour cela qu’on s’entraîne chaque lundi à la piscine », glisse le noyé qui sent bien qu’il n’est pas près de sortir de l’eau, à ce rythme.
Deux sauveteurs dans l’eau, deux sur le pont pour remonter la victime, et un à la barre. Jérôme Pellerin conclut : « Il faut être au moins six en intervention. C’est pour ça qu’on recherche toujours des bénévoles. » Et plus les engagés seront nombreux, plus les roulements seront facilités, mieux ce sera.
Onze interventions, 24 personnes secourues
Ce même samedi, curieux spectacle en baie de Public : le Capitaine Danet, bateau marrainé par Laeticia Hallyday, enchaîne les manœuvres : mise à quai, amarres, départ, mise à quai, amarres, départ… Chaque bénévole s’entraîne à manipuler la vedette et ses deux moteurs. Un impondérable. « Tout ça, ça nous servira un jour. »
Reformée en mars dernier, sous la houlette de son président Ingénu Magras, la SNSM Saint-Barth a conduit plusieurs grosses opérations pour le moment : l’évacuation sanitaire de l’équipage d’un pétrolier près d’Anguille ; un début d’incendie sur un voilier au mouillage à Gustavia, en lien avec les sapeur-pompiers du STIS ; la récupération d’un bateau qui s’était décroché de son mouillage pendant la tempête Karen, avant qu’il ne s’éclate sur les crépines de la Sidem, à l’entrée du port ; le sauvetage de six plaisanciers sur un bateau qui allait couler, du côté de Saint-Martin ; la récupération d’un homme blessé aux piscines naturelles, dont il avait été éjecté par une vague ; celui du rescapé du Club Med 2. Au total, onze interventions en 2019, neuf bateaux assistés, quatre Evasan, vingt-quatre personnes secourues dont six couraient un danger réel immédiat.
> Contact Jérôme Pellerin au 0690.64.08.07