Samedi soir se tenait la première conférence de l’année organisée par Saint-Barth Essentiel, animée par une géologue chercheuse à l’Université des Antilles.
Plus de 80 personnes sont venues assister à la conférence au théâtre du Paradis samedi soir, malgré son intitulé sibyllin : « Ce que nous apprennent les roches de Saint Barthélemy sur les 40 derniers millions d'années de l'histoire de la zone de subduction des petites Antilles ». Mélody Philippon, maître de conférence, est agréablement surprise en voyant la salle se remplir. Les explications peuvent débuter.
D’abord, la zone de subduction : ce sont les endroits où les plaques tectoniques se rencontrent. La planète est partagée en treize grandes plaques, plus quelques petites, dont la plaque Caraïbe. « La zone de subduction, c’est l’endroit où la plaque, épaisse de 120 kilomètres, plonge sous une autre», résume Mélody Philippon. Forcément, des zones sismiques et volcaniques.
« A la latitude de Saint Barthélemy, la plaque Amérique du Nord plonge sous la plaque Caraïbe. Celle-ci se trouvait, il y a 120 millions d’années, dans le Pacifique. Depuis, elle se déplace vers l’Est », explique la scientifique en s’appuyant d’une carte.
Cent séismes par mois
Ce mouvement des plaques, environ 2 centimètres par an (« contre douze dans la zone Pacifique »), entraîne une forte sismicité. « On compte environ cent séismes par mois, dont 99% ne sont pas ressentis. Et sur le banc d’Anguille (Anguilla, Saint-Martin et Saint-Barth), on enregistre très peu de séismes par rapport au reste des Antilles ; on ignore encore pourquoi. » C’est l’un des objets de recherches du département géologie de l’Université des Antilles.
Venons en aux volcans. «Saint-Barthélemy, c’est un stratovolcan », c’est à dire que ses roches sont formées de multiples coulées de laves et dépôts de cendres qui se sont empilées les unes sur les autres. Ainsi, les scientifiques ont découvert l’emplacement de plusieurs chambres magmatiques, qui attestent de la présence ancienne de volcans… En lieu et place de Gustavia, et du côté de la pointe de Toiny, notamment. Par ailleurs, l’étude des roches a même prouvé l’existence, il y a des millions d’années, de rivières, notamment à Anse des Lézards.
Toiny bien plus vieux que Flamands
Saint-Barthélemy s’est construite en plusieurs phases, sur des millions d’années. Les traces les plus anciennes de roches ont été décelées à Toiny, et datées d’il y a 44 à 47 millions d’années. Le quartier de Flamands est arrivée longtemps après, il y a environ 24 millions d’années. Et cette semaine, les chercheurs vont tenter de préciser l’origine d’autres parties de l’île, qui seraient plus jeunes.
JSB 1263