Plus de soixante de personnes ont participé aux discussions lors de la réunion publique organisée le vendredi 21 octobre par la Collectivité territoriale sur le thème de la santé. Face à une situation régulièrement qualifiée d’alarmante en matière d’offre de soins, la création d’une Maison de la santé est l’une des solutions qui a retenu l’attention des élus comme des professionnels.
Le sujet est d’actualité depuis près de trente ans. Que la situation s’améliore ou se détériore, la question de l’offre de soins à Saint-Barthélemy préoccupe systématiquement l’équipe gouvernante, à des degrés variés en fonction des besoins et des inquiétudes du moment. La santé a été l’un des points centraux de la dernière campagne territoriale. C’est donc naturellement qu’elle est rapidement apparue dans plusieurs initiatives de la nouvelle équipe dirigeante. L’organisation d’une grande réunion publique, vendredi 21 octobre, s’est inscrite dans la droite ligne des travaux menés depuis six mois au sein de la Collectivité. Une séance qui s’est avérée relativement instructive et qui a surtout permis à la soixantaine de participants de s’exprimer ou, à défaut, d’écouter avec attention les témoignages des professionnels de santé réunis dans la salle des délibérations de la Collectivité.
« Un secteur libéral fort »
Après une présentation générale par la première vice-présidente de la Collectivité, Marie-Hélène Bernier, chargée des Affaires de santé, il apparaît rapidement que les professionnels assis dans la salle ressentent le besoin d’évoquer leur situation. A commencer par les représentants d’Erick Ambulance, qui expliquent que leur activité va s’arrêter à Saint-Barth après dix-huit années de présence. Une nouvelle qui planait depuis des mois mais qui, dès lors, prend une forme toute officielle. Une disparition qui ne va arranger personne, et surtout pas le Service territorial d’incendie et de secours. Car, comme l’explique le lieutenant Laurens, cela va obliger le Stis à effectuer encore plus d’interventions qui n’entrent pas dans le cadre de ses missions. « Ce qui peut mettre en péril certaines des interventions qui sont les nôtres comme les incendies ou les accidents », regrette-t-il.
Si quelques interventions se veulent alarmantes quant aux conditions dans lesquelles les soignants exercent leur profession sur l’île, plusieurs intervenants insistent sur la nécessité de trouver des solutions. Comme le directeur de la clinique Choisy, qui déclare : « L’une des forces de Saint-Barthélemy est un secteur libéral très riche. En travaillant tous ensemble, nous trouverons des solutions. On a tout pour réussir. » Un spécialiste formule l’idée de la création d’une maison médicale. « Car la télé-consultation, c’est très bien, mais ça ne fonctionne pas pour certaines spécialités », lance-t-il. Pour lui, un espace destiné à rassembler diverses spécialités médicales permettra de résoudre de nombreuses difficultés mais aussi « de gagner en indépendance vis-à-vis de l’Agence régionale de santé ».
Un médecin s’inquiète alors du fait que la création d’une structure privée entraîne un isolement progressif du Centre hospitalier de Bruyn. « Il faut présenter un projet fiable mais on ne pourra pas se passer de l’hôpital, le (secteur, ndlr) public reste pour moi primordial », insiste-t-il. Un avis partagé par l’assemblée puisqu’il est affirmé à plusieurs reprises qu’une Maison de la santé ne saurait fonctionner qu’en conservant des liens étroits avec l’hôpital.
Quoi qu’il en soit, depuis cette réunion, il semble que les services de la Collectivité aient pris la décision de suivre la voie d’une possible Maison de santé. En effet, en début de semaine, le service communication a publié le texte suivant sur un réseau social : « Dans la perspective de la création de la maison de la santé qui se profile, la Collectivité appelle les administrés qui auraient des biens susceptibles d’accueillir, même de manière provisoire, une maison de la santé, à se manifester auprès des services de la Collectivité. Cette maison de la santé serait un lieu dédié aux consultations médicales qui permettrait à des professionnels de la santé d’exercer des spécialités pas ou peu présentes sur l’île et dont la population a besoin. » Un appel qui n’a pas manqué de susciter des réactions de la part d’internautes. L’une affirmant notamment qu’une « salle a été construite par un privé il y a quelques mois dans ce but précis ». Un autre propose d’utiliser la salle de la capitainerie, une autre le Brigantin... Des solutions multiples.
Une mise au point sur les évacuations sanitaires
La réunion publique sur les questions de santé a été l’occasion de faire un point sur le système des évacuations sanitaires. Une mise au point, plus précisément, qui est venue du directeur de la compagnie aérienne Saint-Barth Commuter, Bertrand Magras. « Il s’agit d’un sujet long et complexe », a expliqué le dirigeant, avant de détailler : « Depuis 1997, l’hôpital fait appel à nous. En 2020, un appel d’offres a été lancé mais il nous excluait d’office. » En effet, le cahier des charges techniques particulières exigeait la mise à disposition d’un appareil bi-turbine ou d’un mono-turbine pressurisé volant à une vitesse suffisante de 180 nœuds (JSB 1401). Or, les avions de la compagnie sont des mono-turbines non pressurisés qui volent à 155 nœuds. « En 2021, il y a eu un nouvel appel d’offres pour un lot Saint-Barth - Grand-Case et un autre Saint-Barth - Guadeloupe et Martinique, indique Bertrand Magras. On a répondu, on a été auditionné et à ce jour, pas de réponse. » |