A l’instar de nombreuses visites ministérielles, le séjour de Charlotte Parmentier-Lecocq à Saint-Barthélemy aurait pu se résumer à un enchaînement de rapides entretiens ponctués de hochements de tête courtois et concernés. Mais la ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap l’a répété à plusieurs reprises, le mardi 8 et le mercredi 9 avril : sa présence découle d’une « attention particulière du gouvernement » à prendre la mesure des problématiques de chaque territoire d’Outre-mer afin de « trouver des solutions adaptées ». Aussi, c’est au rythme de ses priorités d’écoute et de compréhension que Charlotte Parmentier-Lecocq a effectué ses visites. En présence du préfet, Cyrille Le Vely, et du président de la Collectivité territoriale, Xavier Lédée.
Une attention qui a sans doute été appréciée de ses interlocuteurs, car ceux-ci (parmi lesquels les directeurs d'OVE Caraïbes, de Coralita, mais aussi la présidente de l'association Handi-Relais, Manuella Lédée) avaient de nombreuses choses à lui dire sur la situation actuelle. Qu’elles aient été positives, pondérées ou négatives, aucune des remarques qui lui ont été adressées n’ont été ignorées. A commencer par celles des parents des enfants atteints d’un handicap.
Dans l’attente du Pôle Handicap
Charlotte Parmentier-Lecocq a pu les rencontrer à deux reprises, le mercredi 9 avril. Dans un premier temps lors de la visite de la structure temporaire de l’Institut médico-éducatif Tournesol ouverte depuis le 27 novembre 2023 dans le parc à jeux du quartier d’Anse des Cayes. Après avoir découvert les locaux en préfabriqué dans lesquels sont accueillis chaque jour cinq à sept enfants par les équipes d’OVE Caraïbes, la ministre s’est assise autour d’une table avec les parents des enfants suivi au sein de l’IME. Des échanges qui ont été bien plus longs que prévus.
Si l’ouverture de la structure temporaire de l’IME est appréciée, une maman remarque : « Il y a une prise en charge quotidienne et les enfants sont contents de venir mais les activités ne sont pas celles d’un IME. Dès qu’un personnel est absent, tout devient compliqué et le problème du logement n’explique pas tout. Les conditions de travail peuvent être améliorées. Pour cela, nous attendons la construction du Pôle autonomie et handicap qui sera plus adapté et sera plus attractif. » Une structure qui aurait dû être livrée fin 2024 mais dont le dossier est encore à l’état de projet. Le concours d’architecte devrait toutefois être lancé dans le courant de l’été prochain. La fin de la construction du bâtiment, censé être érigé sur le site de l’actuelle fourrière à Saint-Jean (celle-ci devant être déplacée à Saline), ne serait prévue que pour 2029 ou 2030.
L’insoluble problématique du logement
Les familles mentionnent une autre structure qui se fait attendre « depuis longtemps », la Maison d’accueil spécialisée. Sans oublier la nomination d’un enseignant spécialisé. « Cela nous a été promis l’année dernière », glisse une maman. « Nous avons créé un poste pour la rentrée 2025 et nous avons trois candidats, assure le vice-recteur, Harry Christophe. Le problème reste le même : le logement. » Le président de la Collectivité, Xavier Lédée, intervient pour affirmer : «Nous allons regarder les possibilités. » Pour la Maison d’accueil spécialisée, le directeur territorial de l’ARS, Paul Guibert, explique : «Nous sommes toujours en réflexion pour savoir comment la mettre en place. Peut-être en ayant une M.A.S. hors-les-murs, ce qui n'est pas parfait mais la question d’un bâtiment adapté se pose à Saint-Barthélemy. » Une proposition à laquelle une maman réplique en rappelant qu’une M.A.S. doit permettre d’accueillir les patients et ainsi apporter un peu de répit aux familles.
Carl Paolin, le directeur général d’OVE Caraïbes, apporte quelques précisions quant au fonctionnement de l’IME lors d’une rencontre organisée à la maison suédoise, au Fort Gustaf lll. « On se bat pour conserver les douze places, assure-t-il. Pour le moment, nous pouvons accueillir sept enfants mais on espère avoir l’espace nécessaire à la rentrée 2025 (grâce à l’installation de nouveaux préfabriqués par la Collectivité à Anse des Cayes). Il existe un gros besoin à Saint-Barth. » Mais pour OVE Caraïbes comme pour n’importe quel autre organisme, la question du logement des personnels est cruciale. « Pôle handicap ou pas, il n'y aura pas de M.A.S. sans logement », précise le directeur général.
Scolarisation, insertion dans le monde professionnel, formation, chaque thématique est abordée. Pour Charlotte Parmentier-Lecocq, face à tant « d’énergie et de bonne volonté », il est nécessaire de parvenir à « lever les freins ». Elle déclare : « Chacun détient une part de la réponse. L’État propose à la Collectivité de se réunir pour établir une feuille de route et ainsi signifier son engagement. Je salue le travail des professionnels et sachez que l’État est à vos côtés pour soutenir vos innovations et lever les barrières. » Qui sont encore nombreuses sur le chemin de la quiétude en matière d’accompagnement des personnes handicapées, malgré les évidentes avancées enregistrées ces dernières années.
• Un projet d’amélioration des soins à domicile
Afin de répondre favorablement au souhait de maintien à domicile des personnes âgées, un SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile) d’une capacité de vingt places a été autorisé par l’Agence régionale de santé. Un travail de contractualisation est en cours avec le service d’aide à domicile et l’EHPAD Louis Vialenc. « Un travail sur des solutions de répit (plateforme de répit, accueil de jour) est à mener en 2025 pour soulager les aidants familiaux, souligne Amandine Di Natale, directrice de la DTCS. En effet, nous constatons que 51% des aidants sont des aidants familiaux et dans 70% des cas, ce sont les enfants qui assurent l’aide au quotidien. Entre 5 et 10 personnes pourraient être concernées par des besoins en accueil de jour. »
• Ehpad Louis Vialenc : la problématique de l’attente
La ministre déléguée est allée à la rencontre des résidents de l’Ehpad Louis Vialenc, à Gustavia.
Dès son arrivée à Saint-Barthélemy, le mardi 8 avril, la ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap s’est rendue à l’Ehpad (Établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes) Louis Vialenc de Gustavia. Accueillie par le directeur de l’hôpital, Eric Djamakorzian, Charlotte Parmentier-Lecocq s’est ensuite laissé guider dans les couloirs de l’établissement par Marie Allard. Elle a ainsi pu mesurer l’ampleur de la tâche des personnels ainsi que leur dévouement. L’Ehpad abrite trente lits et des résidents dont l’état de santé nécessite parfois des soins et un suivi spécifique. Comme les personnes qui sont atteintes de démence déambulatoire ou de la maladie d’Alzheimer. « Les équipes sont parfois démunies et nous avons de réels besoins pour ces profils de résidents », souligne le directeur qui précise que l’Ehpad évolue au gré des pathologies de ses résidents. Problème de logement pour les personnels, une structure au sein de laquelle il devient nécessaire de « pousser les murs », la question de l’attente pour les familles qui ont fait une demande de chambre pour un parent, les besoins financiers pour faire « tourner » l’établissement, aucun sujet n’est écarté. Mais l’accent est également mis sur les nombreuses réussites et satisfactions. Comme les activités quotidiennes et les rendez-vous ponctuels proposés aux résidents et à leur famille par les personnels. Comme les sorties à la plage, par exemple. Mais aussi les solutions trouvées, parfois réjouissantes. Comme l’entrée récente d’un homme atteint de démence déambulatoire que son épouse, qui n’est autre que son « aidante » à domicile depuis des années, a choisi d’accompagner. Des chambres mitoyennes leur ont été aménagées et les deux époux ne se quittent pas.
• Hausse constante des sollicitations auprès de la MTPH
En 2023, la Maison territoriale des personnes handicapées a enregistré 123 demandes de suivi et a traité 63 dossiers. En 2024, 153 demandes ont été comptabilisées pour 71 traitements de dossiers. Des chiffres en hausse constante depuis l’arrêté du 19 janvier 2024 pour la création d’un guichet unique d’accès aux droits et prestations pour les personnes handicapées, qu’elles soient enfants ou adultes. Parmi les 71 dossiers traités par la MTPH en 2024, 31 concernent des enfants et 40 des adultes, soit 43 et 56%.
Comme le précise la nouvelle directrice de la Direction territoriale de la cohésion sociale, Amandine Di Natale, le budget « autonomie » reste le plus important de la structure puisqu’il représente 50% des dossiers suivis, qui se répartissent de la manière suivante : 32% sont des personnes âgées et 18% des personnes handicapées.
Pour mémoire, la Direction territoriale de la cohésion sociale est organisée en deux services. Celui des actions sociales qui regroupe la MTPH, la protection de l’enfance, l’insertion, l’autonomie des personnes, la polyvalence de secteur et l’adoption. Autre service, la PMI (Protection maternelle et infantile) qui assure des consultations et des actions médico-sociales de prévention ainsi que de suivi à l’attention des parents et des futurs parents.
Coordonnées : 0590294969, sas@comstbarth.fr (Actions sociales) et pmi@comstbarth.fr (Protection maternelle et infantile).