Trois autres personnes ont été dépistées positives au coronavirus Covid-19 à Saint-Barth, cette semaine, portant le nombre total de contaminations avérées sur l’île à six depuis le 28 février. Plus que jamais, Valérie Denux, directrice générale de l’ARS, recommande à chacun de respecter scrupuleusement les gestes barrière et le confinement.
« Le virus, probablement, circule sur l’île », admet Valérie Denux, directrice générale de l’ARS Guadeloupe Saint-Martin Saint-Barthélemy. Si elle se refuse à donner le moindre détail sur les personnes contaminées, respectant ainsi le secret médical et l’intimité des patients, le Dr Tiberghien a coupé l’herbe sous le pied des autorités en annonçant lui-même sa contamination sur les réseaux sociaux, jeudi 26 mars. Il affirme que c’est l’un de ses patients qui lui a transmis le virus. Son message a fait le tour de l’île avant d’être supprimé.
En-dehors du docteur, deux nouveaux cas avérés ont été annoncés jeudi par l’ARS et la préfecture de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Cela porte le nombre de cas avérés à six sur le territoire, en comptant le premier, détecté le 28 février, qui depuis a guéri. Les cinq autres sont confinés chez eux.
Ces nouveaux cas sont les premières contaminations locales à Saint-Barthélemy. « Il faut maintenant que tous les habitants se considèrent comme potentiellement porteurs du coronavirus », explique Valérie Denux, qui appelle chacun à respecter les règles du confinement, qui vient d’être prolongé jusqu’au 15 avril par Edouard Philippe. « On se focalise vraiment sur les gens symptomatiques et à risque », poursuit-elle, avant de revenir sur la quantité de tests effectuée, jugée insuffisante par beaucoup. « Ce qui est très difficile avec cette crise, c’est que cela porte sur une maladie, dont en plus on n’a pas une parfaite connaissance. Les gens se disent : « si je suis testé, je serai rassuré. » Sauf qu’il y a des prélèvements qui peuvent être négatifs alors que le patient est porteur, par exemple si le prélèvement est mal fait ou que la charge virale est encore faible. » On l'a vu avec la jeune fille de 16 ans décédée du coronavirus à Paris, jeudi : deux des trois tests effectués la désignaient comme négative au Covid-19.
Le risque d’un dépistage à grande échelle, à l’heure qu’il est, est finalement la démobilisation générale. Si on me dit que je suis négatif, je vais prendre moins de précautions en faisant mes courses, en embrassant mes proches ; or je peux très bien contracter le virus deux jours plus tard, ou encore avoir été mal dépisté. « Le dépistage de masse, ça rassure faussement. Il faut qu’on se considère tous comme contaminés par le Covid-19 », insiste Valérie Denux. « Le test de l'ensemble de la population sera utile lorsque l’on mettra en place une stratégie de sortie de confinement. » Il peut aussi être utile au tout début de la circulation du virus, avant qu’un territoire en arrive au stade épidémique. C’est le choix fait par la Corée du Sud ou l’Allemagne, par exemple. Mais en France et dans les Antilles, le seuil épidémique est franchi depuis une semaine au moins, et le nombre de cas grandit chaque jour. « Tant que nous sommes en pente ascendante, faire des tests de masse ne servira à rien. » Actuellement, l’Institut Pasteur de la Guadeloupe réalise 70 à 100 tests par jour. « Ce qui veut dire que beaucoup sont négatifs », souligne Valérie Denux.
Mais alors, comment avoir une idée plus précise de la pénétration du virus au sein de la population ? Comment savoir si à Saint-Barth, les porteurs du Covid-19 sont dix, cinquante ou cent ? « Nous avons lancé la semaine dernière avec Santé Publique France un travail épidémiologique, via les médecins sentinelles », c’est à dire les libéraux. C’est un peu le même principe que pour la dengue : si un patient se rend chez son médecin traitant, que ce dernier soupçonne fortement un cas de Covid-19, il fait remonter l’information à Santé Publique France. Ainsi, outre les cas vérifiés en laboratoire, nous pourrons avoir une vision plus précise du nombre de cas évocateurs sur l’île.
JSB 1369