Le Président de la Collectivité plaide pour un déconfinement total dès le 11 mai, sur l’île. Retour de tous les enfants à l’école, réouverture des commerces, incluant l’hôtellerie restauration. La vie pourrait reprendre plus rapidement à Saint-Barthélemy que dans le reste de la France : l’Etat est favorable à des adaptations locales du plan national, particulièrement dans des territoires insulaires comme le nôtre.
Notre île devrait, à l’instar d’autres territoires ultramarins, bénéficier d’un déconfinement anticipé par rapport aux consignes nationales. Bruno Magras plaide activement pour une reprise au plus tôt de l’activité sur l’île, arguant la non-circulation du virus et la mise en place imminente d’une campagne de dépistage généralisé.
Il a exposé ses arguments à Annick Girardin, ministre des Outre-Mer, vendredi dernier ; elle s’est dite favorable à une adaptation du déconfinement selon les particularités locales. La préfète de Saint-Martin et Saint-Barthélemy Sylvie Feucher est aussi de cet avis. Dans son discours à l’Assemblée nationale, hier, le Premier ministre Edouard Philippe a également défendu des ajustements territoriaux : « Cette circulation hétérogène du virus crée, de fait, des différences entre les territoires. Pour tous ceux qui, comme moi, croient au bon sens, il n’est pas inutile, et même très nécessaire, de prendre en compte ces différences dans la façon dont le déconfinement doit être organisé. A la fois pour ne pas appliquer le même schéma dans des endroits où la situation n’est objectivement pas la même, mais aussi pour laisser aux autorités locales, notamment aux maires et aux préfets, la possibilité d’adapter la stratégie nationale en fonction des circonstances. »
« Voilà pratiquement un mois que nous n’avons plus de cas Covid-19 sur le territoire », rappelle Bruno Magras. « Or toutes les sommités de la médecine française nous ont expliqué que la durée de vie du virus est limitée dans le temps, au point que la période de confinement lors d'une arrivée de l'extérieur est limitée à 14 jours. Par conséquent j’en déduis qu’après un mois, le virus n’existe plus sur notre territoire. Certes, il peut être réimporté, mais on ne m'a pas encore communiqué la date de son retour... » La voilà, la clé de voûte du déconfinement : la réouverture des frontières. Le processus n’est pas encore à l’ordre du jour, bien que tout le monde y pense, Bruno Magras le premier : « Je souhaite d’ores et déjà une levée totale, à l'exception de l’ouverture des frontières, qui doit être organisée avec la mise en place d'un système de tests température et PCR pour les gens arrivant de l'extérieur, pourquoi pas ? »
Avant cela, le Président de la Collectivité souhaite que, au plus tard le 11 mai, l’ensemble des commerces puissent reprendre leur activité, et les 1.258 élèves de l’île retourner à l’école (lire par ailleurs). Une réouverture qui inclurait les bars et restaurants, malgré leur maintien en confinement, au niveau national, au-delà du 11 mai. L’autre grande question est celle des mesures sanitaires. Coiffure, esthétique, commerces, restaurants... Chaque profession travaille au niveau national à l’établissement de règles, en lien avec le gouvernement.
Pour les restaurants et bars, par exemple, un guide de bonnes pratiques sera fourni à chaque établissement, dont la mouture a déjà été réalisée par les professionnels du secteurs : tables espacées d’un mètre minimum, réservations limitées à huit personnes, obligation pour le personnel de se laver les mains toutes les trente minutes… « Nous allons étudier ce guide avec Muriel Pénicaud (ministre du Travail, ndlr), il faudra ensuite lui donner une forme juridique », a expliqué vendredi matin Bruno Le Maire, ministre de l’Economie.
Certains établissements devraient s’en sortir avec ces mesures mais pour d’autres, ce sera plus compliqué : comment espacer les tables d’un mètre dans des établissements comme La Cantina, à Gustavia ? Comment imaginer une soirée festive au Sélect sans contacts rapprochés ? Plus largement, comment respecter la distanciation sociale dans une discothèque, ou au théâtre, par exemple ? En outre, ces mesures impliquent des investissements et/ou une activité ralentie. Une nouvelle charge pour des entreprises dont nombreuses sont laissées exsangues par la crise sanitaire. Saint-Barth devrait retrouver une vie plus normale dès le 11 mai. Mais elle ne sera pas pour autant la même qu’avant le Covid-19.