Les Saint-Barth sont plus qu’ailleurs touchés par les maladies cardiovasculaires. Le dépistage, que l’on peut effectuer à l’hôpital De Bruyn, permet d’éviter le pire. En 2018, trente habitants ont évité l’infarctus grâce à cette consultation.
En 2018, une trentaine de patients ont évité l’infarctus du myocarde, grâce au dépistage mis en place depuis quatre ans à l’hôpital De Bruyn. Les maladies du cœur sont très répandues à Saint-Barth, davantage qu’en Guadeloupe. Les admissions pour une affection de longue durée sont à 29% causées par des maladies cardiovasculaires, contre 20% en Guadeloupe, et on leur impute 27,4% des décès. Ce qui en fait la deuxième cause de mortalité sur l’île, derrière le cancer (29%)*.
Hérédité, facteur n°1
A l’hôpital De Bruyn, le cardiologue Yves Journo vient de Saint-Martin une fois par semaine pour des consultations. Selon lui, la fragilité particulière du cœur des Saint-Barth vient de leurs origines ancestrales, principalement de l’ouest de la France. « Là-bas, il y a une forte incidence des maladies coronariennes, qu’ils ont amenée ici. » Et comme l’hérédité est le facteur de risque numéro 1, cette faiblesse s’est transmise de génération en génération. D’où l’insistance du Dr Journo sur l’importance du dépistage cardiaque, que l’on peut réaliser ici en pratiquant notamment des échographies d’effort. En collaboration avec le cabinet de radiologie, et le CHU de Guadeloupe. Si le cardiologue détecte quelque chose, il vous envoie passer un scanner, qui est ensuite transmis à un spécialiste de Pointe-à-Pitre. Là, selon le diagnostic, c’est le départ vers la salle d’opération pour se faire poser un stent, qui garantit la protection contre les infarctus. « On arrive à dépister une trentaine de personnes chaque année, qui grâce à ça ne feront pas d’infarctus. » Causé par un caillot qui bouche une artère du cœur, l’infarctus est déjà dangereux en métropole. Mais ici, ses conséquences sont encore plus dommageables. « Pour déboucher un infarctus, vous avez six heures maximum », rappelle le cardiologue. Or, entre le transport, l’évacuation sanitaire, et jusqu’à l’arrivée au bloc en Guadeloupe, le délai est souvent dépassé.
D’où ce message à marteler : il faut se faire dépister. Mais il faut aussi en parler, et inciter la population à adopter les bons comportements pour prévenir la maladie.
La prévention a fait ses preuves
« La prévention a largement fait la démonstration de son efficacité dans les pays européens. Par exemple en Finlande, une baisse de la mortalité coronaire de l’ordre de 50% a été constatée, et l’incidence de l’infarctus du myocarde a diminué de 55% chez les hommes et 62% chez les femmes. Ces résultats ont été le fruit d’une campagne de prévention vis-à-vis des comportements alimentaires et du tabagisme, fortement soutenue politiquement. » Car si l’hérédité est le principal facteur de risque, il en existe d’autres, sur lesquels chacun peut agir pour sa propre santé : le tabac, le cholestérol, l’hypertension artérielle, diabète, obésité, et les facteurs psychosociaux.
Le dépistage est intégralement remboursé par la sécurité sociale. « Cela s’adresse aux personnes qui ont une maladie cardiaque dans leur famille, aux patients porteurs de cholestérol, d’hypertension artérielle ou de diabète, et enfin à ceux qui fument ou ont fumé. » N’hésitez pas à prendre rendez-vous auprès de l’hôpital De Bruyn.
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A partir de janvier dans le JSB
Le Journal de Saint-Barth partage la volonté du service cardiologie de l’hôpital De Bruyn de prévenir les risques de maladies cardiovasculaires, fléau à Saint-Barthélemy. Un partenariat se traduira par une série de six articles, qui détailleront les gestes indispensables pour se prémunir contre les maux du cœur. A lire à compter de notre édition du 10 janvier 2019.
(*) Chiffres 2017 issus de l’étude Referis pour le CESCE « Quelle prise en charge médicale à l’horizon 2020 ? »