Les Saint-Barth sont particulièrement sujets aux maladies cardio-vasculaires, qui causent 27,4% des décès sur l’île (JSB 1308). Si l’hérédité est le premier facteur de risque, il est possible de se prémunir contre l’infarctus en agissant sur six vecteurs aggravants. Le Journal de Saint-Barth et le cardiologue Yves Journo s’associent pour publier une série d’articles sur chacun de ces comportements évitables. Premier volet, le tabac.
On associe souvent la cigarette au cancer, mais ce n’est pas le seul dégât qu’elle provoque. Un non fumeur a 50% de chance en plus de ne pas être touché par une maladie cardiovasculaire. En France, 30% des adultes et 50% des jeunes de 18 à 24 ans fument régulièrement. 25% des femmes enceintes continuent de fumer pendant leur grossesse. Les campagnes de prévention n’ont pas eu d’impact massif sur le nombre de fumeurs, mais les hausses de prix du tabac, elles, sont un levier dont l’efficacité est prouvée. Or, ici, ce frein n’existe pas puisque le paquet de cigarettes est affiché autour de 3 euros, contre 10 en métropole…
Île de fumeurs
Comparé à cette dernière, « il semblerait que l’on fume beaucoup plus à Saint-Barthélemy », confirme le Dr Journo. Question de prix, mais aussi « parce qu’il y a une importante population défavorisée, je pense notamment à la communauté portugaise. Et surtout une importante population jeune, qui fume énormément, et pas que du tabac… Les raisons qu’ils avancent, c’est qu’il n’y a rien à faire. »
Parmi les questions souvent posées par les patients qui consultent le Dr Journo : Et si je ne fume que quelques cigarettes par jour ? Et si je n’avale pas la fumée ? Et si je ne fume que cigares ou cigarillos, de temps en temps ?
« Une à cinq cigarettes par jour augmentent le risque de 40% », répond le cardiologue. « La relation entre le nombre de cigarettes et le risque d’infarctus est linéaire. C'est-à-dire que plus vous allez fumer un nombre important de cigarettes et plus le risque de développer une maladie cardio-vasculaire augmente. » Fumée avalée ou non, le constat est le même. Le tabagisme passif augmente déjà le risque de 20%. Enfin, les cigares et cigarillos sont tout aussi néfastes que la “blonde”.
Certains patients pensent également que la cigarette leur épargne d’autres problèmes : « Depuis, Irma, j’ai trop de stress et fumer m’aide », « Je suis de plus en plus déprimé en ce moment », « J’ai peur de grossir »… « C'est une idée reçue de croire que le tabac réduit le stress. Bien au contraire les études ont montré que l’arrêt du tabac entraîne une réduction de la dépression (25 %), de l'anxiété (37 %), et améliore l'humeur ainsi que la qualité de vie de manière équivalente à l'effet thérapeutique des antidépresseurs (32 %) », assure Yves Journo. Concernant la prise en poids, les craintes sont fondées. « C’est vrai, le sevrage tabagique entraîne une prise de poids en moyenne de 4,5 kg après 12 mois d’abstinence. La majorité de la prise de poids survient dans les trois premiers mois. » Pour éviter cela, pas de secret : il faut manger sainement et faire du sport régulièrement.
« Le tabac est responsable de la moitié des maladies cardiovasculaires. En cessant de fumer, vous réduisez de 50% les risques de maladies cardiaques, en une année. » Sans parler des cancers liés au tabac, de l’esthétique de la peau, du porte-monnaie. Début janvier, c’est le temps des bonnes résolutions, n’est-ce pas ?
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Vapoter, oui, mais juste le temps d’arrêter
Utiliser la cigarette électronique est recommandé uniquement si c’est une façon d’arrêter de fumer. « Il n’y a aucun danger à utiliser la cigarette électronique à court terme », assure le Dr Yves Journo. « En revanche, il ne faut pas utiliser la cigarette électronique et en même temps fumer, même si c’est en quantité moindre. » La vapoteuse doit rester un simple moyen de compenser la cigarette pendant les premiers temps du sevrage. « Pour le sevrage tabagique, il n’y a pas que la cigarette électronique. Le médecin peut prescrire des timbres de substitution nicotinique ou bien certains médicaments qui peuvent aider. Patchs, pastilles, inhaleurs… Ces traitements sont désormais remboursables à 65 % par l’assurance maladie. » Substitution ou non, votre médecin saura vous conseiller et vous accompagner dans l’arrêt du tabac.
JSB 1310