Vingt nouveaux cas la semaine dernière, alors que la moyenne hebdomadaire de six ou sept se maintenait depuis septembre, et des centaines de touristes qui arrivent tous les jours à l’aéroport. Saint-Barthélemy doit réussir un pari délicat : préserver la santé de la population, tout en maintenant l’activité économique.
Les chiffres de la semaine du 9 au 14 novembre n’ont pas encore été publiés, mais selon nos informations, 20 personnes ont été dépistées positives au Covid-19 au laboratoire Bio Pôle.
Le nombre de tests a aussi un peu augmenté, près de 500 prélèvements ont été réalisés sur six jours. Depuis peu le laboratoire a dû ajouter une plage horaire dédiée aux tests PCR le samedi matin, pour faire face à la demande.
Sur ces 20 nouveaux cas il pourrait y avoir ce qu’on appelle des “faux positifs” (JSB 1397), qui sortiraient des statistiques, mais cela n’a pas été confirmé. La semaine précédente (du 2 au 7 novembre), l’île comptait 26 cas actifs. S’il s’avérait qu’aucun ou peu de ces patients n’était déclaré officiellement « guéri », le prochain bulletin sanitaire, à paraître aujourd’hui ou demain, mentionnerait une quarantaine de porteurs actifs à Saint-Barthélemy. Du jamais vu.
L’école, entre autres
Parmi les personnes atteintes par le Covid, deux enseignantes de l’école primaire de Gustavia. La première aurait contracté le virus au cours d’un voyage. Symptomatique quelques jours après son retour, elle s’est fait dépister au laboratoire mardi 10 novembre, et son test était positif. Dans la foulée seize personnels de l’école ont également subi un test Covid, et une autre enseignante s’est révélée être également positive.
Vu les contraintes sanitaires en place à l’école, le vice-recteur, en concertation avec la Collectivité, la préfecture et l’ARS, a décidé de ne pas fermer l’établissement. « Six de ces cas contacts, bien que négatifs au Covid, ont été isolés à leur domicile par précaution », précise le vice-recteur Michel Sanz. Quatre classes n’ont pu être assurées, et les personnes concernées effectueront un second test ces jours-ci pour plus de sûreté. Aucun enfant n’a été identifié comme cas contact. « Avec tout le protocole en place, on considère qu’ils ne sont pas à risque. » La direction de l’établissement tient les parents informés de la situation.
Le même principe a été appliqué au sein de l’entreprise EDF, où un employé avait attrapé le coronavirus. L’ensemble de l’équipe a été dépisté illico, tous négatifs. Enfin, un autre résident de l’île, un homme porteur d’autres pathologies qui représentent un risque, a été évacué la semaine dernière, dans un état de santé préoccupant.
Les tests à J+7,
c’est terminé ou presque
Par ailleurs, les autorités ont mis le holà aux tests systématiques à J+7 (qui d’ailleurs n’avaient jamais été obligatoires, tout comme la septaine). Pour une raison simple : il y a trop de monde sur l’île par rapport aux capacités de dépistage locales. Le laboratoire est submergé, avec pas loin de 500 tests par semaine. Entre les locaux qui voyagent, les cas contacts et les visiteurs…
A l’aéroport, on accueille en ce moment 250 à 300 Américains en villégiature, tous les jours. Ils arrivent tous avec un test PCR ou antigénique réalisé à J-3 avant leur départ. Certains ont besoin de se faire dépister sur l’île, soit en raison de symptômes, soit pour pouvoir repartir selon leur lieu de résidence. New York, par exemple, impose à ses résidents en voyage un test négatif pour pouvoir revenir.
200 euros le prélèvement Covid : gare aux abus !
Aujourd’hui, les tests antigéniques sont validés et disponibles en pharmacie. Le prélèvement se fait toujours par voie nasale, mais l’analyse est plus simple et plus rapide qu’en PCR, bien qu’un peu moins fiable. Pour les tests antigéniques, le prélèvement peut être effectué par les infirmiers ou les médecins, au lieu d’être réservé au seul laboratoire, ce qui facilite les choses. Les professionnels du tourisme peuvent ainsi proposer à leur clientèle qui souhaite se faire dépister de réaliser le prélèvement directement à l’hôtel ou dans la villa, en faisant venir un professionnel de santé. Néanmoins des abus ont été constatés, notamment un prélèvement nasopharyngé facturé à 200 euros par tête aux touristes…
Les visiteurs détectés positifs sont censés s’isoler durant sept jours sur leur lieu de vacances. Possible en cas de long séjour, mais certains préfèrent une autre option : réserver un vol charter pour retourner se soigner à domicile.
Enfin, les tests salivaires à l’aéroport sont imminents. Moins fiables que le nasopharyngé, ils seront réalisés à l’arrivée des voyageurs. Ceux-ci doivent déjà être munis d’un test négatif à J-3 pour entrer à Saint-Barth. Le protocole exact reste encore à définir. Les tests salivaires n’ont pas obtenu la validation de la Haute Autorité de Santé. Saint-Barthélemy sera un lieu d’expérimentation de ce procédé.
En tout cas, déjà que les recoupages des chiffres entre laboratoire et Collectivité, ARS et préfecture ne sont pas évidents (JSB 1397), cette multiplication des systèmes de dépistage rendra plus ardu encore le comptage des cas, et donc le suivi de l’évolution de l’épidémie.
C’est quand
le confinement ?
Outre une certaine appréhension au sein de la population qui voit l’île s’emplir de visiteurs, l’autre crainte qui est sur toutes les lèvres, c’est d’arriver à un confinement similaire à celui appliqué en métropole. La même question s’entend partout : « A partir de combien de cas la préfecture va-t-elle reconfiner Saint-Martin et Saint-Barth?» Tout ce qu’on peut dire, c’est que ce n’est pas à l’ordre du jour pour l’instant. Mais dans le doute, mieux vaut s’astreindre à (vraiment) respecter les gestes barrière.