Cheffe du service de procréation médicalement assistée à la maternité parisienne des Bluets, le Dr Nathalie Lédée met en place un système de consultations à distance pour les habitants de Saint-Barthélemy et des Antilles.
Un couple sur sept est infertile. Une situation difficile à vivre, encore plus lorsque l’on est éloigné de toute prise en charge. Originaire de l’île, Nathalie Lédée dirige le service PMA (procréation médicalement assistée) de la maternité parisienne des Bluets, spécialisée dans la reproduction. « Nous réalisons une Fiv (Fécondation in vitro, ndlr) sur cinq à Paris, et 1.200 ponctions d’ovocytes par an », résume la médecin. A compter du 20 avril, les patients de Saint-Barth et des Antilles pourront prendre rendez-vous en ligne, pour bénéficier d’une consultation à distance, par webcam, les jeudis matin.
Discrimination« A Saint-Barthélemy, le seul circuit actuel pour accéder à la PMA, via l’hôpital américain, fonctionne bien mais est réservé aux gens fortunés. Il y a une vraie discrimination entre ceux qui peuvent et ceux qui ne peuvent pas », regrette le Dr Nathalie Lédée. En France, la sécurité sociale prend en charge 100 % du recours à la PMA jusqu’à 43 ans pour les femmes hétérosexuelles («dans la limite de quatre ponctions par grossesse »). C’est d’ailleurs tout l’objet du débat politique qui se joue actuellement : donner la possibilité aux femmes homosexuelles ou célibataires de procréer grâce à la Fiv, une mesure qui figure au programme d’Emmanuel Macron. Actuellement, elles partent dans des cliniques étrangères, notamment en Espagne.
La proportion de couples qui ne parviennent pas à avoir d’enfant naturellement ne fait qu’augmenter. « On fait des enfants plus tard, or le facteur dominant est l’âge de la femme. La fertilité féminine décline doucement de 35 à 38 ans, fortement à partir de 39 ans, et à partir de 41 ans on est mal », résume la médecin-chercheuse. L’infertilité des couples est dans un cas sur deux d’origine masculine. On constate une dégradation globale de la qualité et quantité de spermatozoïdes chez les hommes, probablement due aux perturbateurs endocriniens. « Les études ont montré une perte beaucoup plus prononcée dans les secteurs où il y a des vignes, d’où cette hypothèse. »
« Le but de ces consultations est de sortir les gens du no man’s land dans lequel ils sont. D’autant plus que perdre du temps, dans ce domaine, est vraiment dommageable. » Il est recommandé à un couple qui essaierait d’avoir un enfant de consulter après une année sans résultat. Plus vite, bien sûr, en cas d’anomalie ou d’antécédents à ce niveau.
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Comment ça marche ?
Dès le 20 avril, rendez-vous sur
www.doctolib.fr et recherchez Nathalie Lédée. Réservez votre consultation pour un jeudi après-midi (heure de Paris). Une fois confirmé, vous recevrez un mail de Doctinet vous invitant à patienter dans une salle d’attente virtuelle. « Un écran noir, en fait », précise la Dr Nathalie Lédée. Elle se connectera ensuite pour lancer la première consultation, qui doit se faire en couple de préférence. La télémédecine est une pratique très encadrée, au titre de la confidentialité et la sécurité sur internet. C’est pourquoi les ordonnances seront à télécharger immédiatement, car elles sont détruites dans la foulée pour éviter tout risque de copies.
JSB 1324