Saint-Barth - Modjo

L’incompréhension après la fermeture des discothèques

Un couvre-feu de minuit à 5 heures (désormais de 23 heures à 5 heures) accompagné d’une interdiction de danser. Inutile de préciser que les deux discothèques de Saint-Barth, la Casa et le Modjo, avaient peu de chance d’échapper à une fermeture temporaire. Cette décision préfectorale, destinée à « freiner » la progression du nombre de Covid-19 mais aussi et surtout pour « éviter une perturbation économique profonde », dixit le préfet Serge Gouteyron, n’est évidemment guère appréciée par les établissements visés.

Impossible de lutter contre les soirées privées
Propriétaire du Modjo, Franck Philips ne cache pas son incompréhension vis-à-vis du nouvel arrêté préfectoral. Il s’interroge : « Est-ce que ça va vraiment être efficace de ne fermer que les clubs ? La clientèle de la nuit, c’est 500 personnes à tout casser et quasiment que des jeunes de l’île. Et la plupart ont déjà eu le Covid ! » Par ailleurs, cette fermeture intervient au plus mauvais moment pour son établissement qui, l’assure-t-il, a traversé la Festive l’âme en peine. « Du 20 au 29 décembre nous sommes complètement passés à côté de la Festive avec des chiffres dont j’ai honte de parler, lance Franck Philips. Il n’y avait que des soirées privées, événements en tout genre comme la soirée de l’Unicef ou sur les plages avec autorisation d’ouverture la nuit jusqu’à pas d’heure, tout ça avec des gros DJ à plus de 400 kE la soirée, les yachts mis à disposition pour des soirées privées... Bref, impossible de rivaliser avec les Abramovich et Elon Musk, le marché de Noël et les soirées gratuites sur les quais ou dans les villas ! Nous avons commencé à travailler les 31 car nous étions les seuls à pouvoir ouvrir jusqu’à 5 heures. Avec des conditions drastiques. »
La fermeture des discothèques, Franck Philips la vit comme une injustice. « Nous nous voyons fermés une nouvelle fois pour des raisons qui me semblent incohérentes avec le fait que nous n’avons aucun cas à l’hôpital ni d’évacuation sanitaire depuis plus de 3 mois, commente-t-il. Les premiers sur lesquels on tape ce sont les clubs ! Au meilleur moment pour nous de réussir à commencer à faire du chiffre. » Pour le patron, des alternatives à une fermeture existent dans le contexte actuel. « Il eut été plus judicieux de laisser faire les professionnels de la nuit en remettant les tests à l’entrée, comme pour les avions, suggère-t-il. Mais non, on choisit la solution de facilité pour prouver aux autorités de métropole que le travail a été fait. Sans vraiment connaître la situation sur le terrain. Comme d’habitude, nous payons le prix fort. »

« Le préfet doit revoir sa copie »
Pour Franck Philips, il est indispensable que le préfet «revoie sa copie » et permette la réouverture des établissements de nuit « avec toutes les précautions et protocoles en vigueur ». Il affirme : « Les clubs ne sont pas responsables des débordements de cette fin d’année, bien au contraire. » Par ailleurs, il rappelle que pour une durée de quinze jours, la mise en place du chômage partiel est quasiment inapplicable. «Du coup je vais payer mes employés pour pouvoir les garder, déclare-t-il. Sans parler des logements que l’on doit continuer à payer, même si on est fermé. »
Pour l’heure, le décret préfectoral qui instaure le couvre-feu et les autres mesures de restriction doit prendre fin le 24 janvier. Mais rien n’indique qu’une prolongation ne sera pas décidée par le préfet.

 

Les établissements de « mi-nuit » également touchés
L’arrêté préfectoral concerne également tous les établissements de Saint-Barth dont la fermeture est habituellement fixée à deux heures du matin. Néanmoins, l’accueil de la clientèle se faisant nettement plus tôt, en tout début de soirée voire en fin d’après-midi, les conséquences de l’entrée en vigueur du couvre-feu ne sont pas les mêmes que pour les discothèques. Toutefois, l’interdiction de danser se révèle être un inconvénient majeur. Particulièrement pour des lieux précisément réputés pour leur ambiance festive d’après dîner (Le Bagatelle et la Petite Plage, par exemple). Le Ti St Barth poursuit aussi sa saison, en maintenant l’activité de restauration et son spectacle. En revanche, là encore, l’absence de piste de danse constitue une véritable perte d’attractivité. Néanmoins, avec le passage du couvre-feu à 23 heures depuis hier soir (mercredi 12 janvier), la situation évolue encore et les restaurateurs comme les autres établissements vont subir un nouveau coup d’arrêt.

 

Journal de Saint-Barth N°1455 du 13/01/2022

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