Six mois après la mise sous administration provisoire des hôpitaux de Saint-Martin et Saint-Barth, un rapport a été remis à Valérie Denux, directrice de l’ARS Guadeloupe et Îles du Nord. La labellisation de l’hôpital De Bruyn comme “hôpital de proximité”, dans le cadre de la nouvelle loi Ma Santé 2022, doit l’aider à redresser la barre.
Depuis le 8 avril, des professionnels extérieurs aux Îles du Nord ont pris la main sur la gestion des hôpitaux des deux îles, missionnés par l’Agence régionale de Santé. Sa directrice générale Valérie Denux vient de recevoir leur rapport, rédigé au terme d’une mission de six mois.
L’objectif de cette mise sous tutelle, que l’ARS préfère appeler placement sous administration provisoire, était d’analyser les dysfonctionnements du groupement hospitalier et de comprendre l’origine de son déficit, de l’ordre de six millions d’euros. Dont 600.000 euros pour l’établissement de Saint-Barth.
L’équilibre financier dans trois ans
Les deux administrateurs, Pascal Rio, directeur d’établissements hospitaliers du Sud de la France, et Juliette Napol, directrice du centre hospitalier Maurice-Despinoy en Martinique, ont dégagé trois axes de progression. « Il y a un bloc organisationnel, avec tout un travail à faire pour optimiser la prise en charge des patients, sur le fonctionnement du bloc opératoire à Saint-Martin ainsi que la gestion des urgences et des Evasan depuis Saint-Barthélemy », commence Valérie Denux. « Le deuxième bloc est managérial ; il faut une amélioration globale du management, avec un aspect plus participatif. Le troisième bloc, bien sûr, est financier. Les comptes du groupement hospitalier doivent revenir à l’équilibre. » Les administrateurs ont listé des propositions qui selon eux, pourraient permettre d’atteindre cet objectif dans trois ans. « Cela concerne Saint-Martin mais aussi Saint-Barthélemy, même si le déficit y est moins important. L’avantage, c’est que ce sont de petits établissements, les solutions seront donc plus simples à mettre en œuvre. »
Un label “hôpital de proximité”
Concernant plus précisément l’hôpital De Bruyn, Valérie Denux regrette « un taux d’activité insuffisant, alors que la demande est là. » Et révèle son intention de demander le classement de l’établissement de Gustavia comme hôpital de proximité, dans le cadre de la nouvelle loi Ma Santé 2022. « Cela veut dire offrir davantage de consultations, d’accès à la médecine spécialisée –les libéraux pourront être mis à contribution-, et développer l’hospitalisation de jour », résume Valérie Denux. Ce label existe déjà, et l’hôpital De Bruyn a été classé hôpital de proximité par un arrêté datant du 18 avril 2018 annexé au Code de santé publique.
Mais la ministre de la Santé Agnès Buzyn communique beaucoup à ce sujet, un des points forts de sa loi Ma Santé 2022 adoptée en juillet. Les hôpitaux de proximité seront dépourvus de plateau technique, ce qui signifie qu’aucune intervention chirurgicale ne pourra y être donnée (sauf dérogation). C’est déjà le cas à Saint-Barth. Leur activité sera recentrée sur la médecine générale, en lien avec les praticiens libéraux, et le premier recours, les patients étant ensuite orientés vers les parcours de soins adaptés prédéfinis. L’accent sera aussi mis sur la gériatrie voire le palliatif, l’offre de consultations spécialisées et les soins de suite et de réadaptation, tout en garantissant l’accès à l’imagerie et aux analyses médicales. « Non seulement cela représente une meilleure adaptation aux besoins de Saint-Barthélemy, mais avec ce label, l’hôpital pourra bénéficier de soutiens supplémentaires », notamment financiers, précise Valérie Denux.
A sa demande, Pascal Rio et Juliette Napol vont poursuivre leur mission dans nos îles jusqu’à la fin de l’année. Le recrutement d’un directeur du groupement hospitalier est bien avancé, et celui d’un adjoint doit aussi aboutir. L’ARS souhaite une gouvernance renforcée à Saint-Barthélemy, « dont je n’ai pas encore défini les contours », indique sa directrice. Ces deux dirigeants seront chargés d’appliquer une feuille de route établie par les administrateurs et l’ARS. Ils doivent prendre leurs fonctions au début de l’année 2020.
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