Les questions de santé publique sont plus que jamais au cœur des débats à Saint-Barthélemy. Dès son élection à la tête de la Collectivité, la nouvelle équipe de la majorité territoriale a créé une commission ah’hoc destinée à effectuer un diagnostic de l’offre de soins sur l’île. Avec pour résultat un document de 65 pages sur lequel les élus vont pouvoir s’appuyer pour formuler leurs demandes et monter leurs travaux futurs. Sur ce dernier point, l’obtention d’une somme de 4,7 millions d’euros dans le cadre du Ségur de la santé va permettre de procéder à des aménagements au sein de l’hôpital De Bruyn. Ces derniers ont d’ores et déjà commencé avec une première phase qui constitue en la démolition des trois bâtiments partiellement détruits lors du passage de l’ouragan Irma en septembre 2017 et qui sont, depuis, à l’abandon.
« Adapter l’hôpital au projet médical »
La directrice des établissements hospitaliers de Iles du Nord, Marie-Antoinette Lampis, évoque les projets qui découlent de l’encaissement des 4,7 millions d’euros issus du Ségur de la santé. « Nous terminons l’étape de concertation avec les personnels qui précède les travaux, explique la directrice. Notre objectif est d’adapter l’hôpital au projet médical du territoire qui a été validé par l’Agence régionale de santé. »
Parmi ces projets, l’agrandissement des urgences est l’une des priorités. « Nous passerons d’un seul box à trois, dont un dédié à la pédiatrie, explique Marie-Antoinette Lampis. Nous allons également revoir l’accueil de l’hôpital, qui n’est pas adapté. Au lieu de deux bureaux de consultations pour les spécialistes qui se déplacent à Saint-Barth, nous en aurons quatre. De manière à pouvoir attirer davantage de spécialistes de Saint-Martin et de Guadeloupe. »
Le personnel : une question centrale
Parallèlement, la direction de l’hôpital entend procéder à une restructuration des lits du service de médecine. Actuellement, l’établissement dispose de dix lits auxquels s’ajoutent sept lits pour le suivi médical. « Ils ne sont pas utilisés de manière efficiente, affirme la directrice. Donc nous allons les transformer. Il y aura un lit pour les soins continus, quatre pour l’unité d’hospitalisation de courte durée qui seront sous la responsabilité des urgentistes, sept pour la médecine polyvalente, deux pour les soins palliatifs et trois pour l’hospitalisation de jour. Tout cela s’inscrit dans le projet médical du territoire. » Des changements qui s’accompagnent d’une réflexion sur leur mise en œuvre pendant la durée des travaux. « C’est le travail du programmateur de prévoir les déplacements des services dans le temps et l’espace », insiste Marie-Antoinette Lampis qui « espère » un lancement rapide des travaux.
La question des personnels est centrale dans le fonctionnement de l’hôpital De Bruyn qui est soumis, comme les autres établissements publics de Saint-Barth, à des tarifs locatifs inaccessibles pour des salaires de la fonction publique. « C’est notre problème numéro un, confirme la directrice. Nous devons parvenir à fiabiliser le personnel. Ce qui est compliqué en raison du coût des logements. Il y a donc beaucoup de mouvements et cette rotation n’est pas souhaitable. Nous trouvons des solutions temporaires et l’hôpital accompagne financièrement ses personnels entre six mois et un an pour qu’ils puissent se loger en investissant en moyenne 25.000 euros par mois. Il y a encore un gros travail de concertation à faire avec la collectivité territoriale pour améliorer l’accueil. »
Malgré cette difficulté, la directrice indique que l’hôpital a pu accueillir un médecin supplémentaire depuis le mois de mai. L’établissement dispose donc de deux urgentistes et d’un généraliste à temps plein. « En fonction de la restructuration, nous adapterons le dispositif », précise Marie-Antoinette Lampis.
Sur le sujet de l’assise foncière sur laquelle sont construits l’hôpital et l’Ehpad, qui est encore la propriété du Département de la Guadeloupe, la directrice assure qu’elle n’y décèle « aucune difficulté ».
Une carence en spécialistes |
Marie-Hélène Bernier en Guadeloupe pour participer à la commission santé
Aujourd’hui, jeudi 8 septembre, la première vice-présidente de la Collectivité territoriale, Marie-Hélène Bernier, est en déplacement en Guadeloupe afin de participer à la commission de prévention santé qui relève de l’Agence régionale de santé. Accompagnée de son collaborateur de cabinet, Benjamin Vigneron, l’élue entend évoquer les sujets de préoccupation de Saint-Barth en terme de politique de santé publique. « Nous y allons pour nous présenter et pour demander que des actions de prévention spécifiques soient menées à Saint-Barth », explique Benjamin Vigneron. Une rencontre avec le directeur de l’ARS, Laurent Legendart. L’occasion pour Marie-Hélène Bernier et son collaborateur d’évoquer la longue lettre adressée par la Collectivité à l’ARS il y a plusieurs mois, sous la précédente mandature. Celle-ci réclamait notamment des réponses concrètes sur le recrutement du personnel de l’hôpital De Bruyn ou le partage des données épidémiologiques.
En août, un « gros cluster » Covid à l’Ehpad |