Après 4 heures d’atermoiement, la préfecture et l’Académie de Guadeloupe ont confirmé que la décision de fermer les établissements scolaires et les crèches annoncée par Emmanuel Macron serait également appliquée dans nos îles, hier soir. Avant de changer d’avis ce matin, pour les Îles du Nord.
Tous les enfants à la maison dès lundi et jusqu’à nouvel ordre. C’est la principale mesure annoncée jeudi par le Président Macron. Immédiatement, l’outre-mer s’est questionnée : pas cités par le chef de l’Etat, ces territoires sont-ils concernés ? S’en est suivi un épais brouillard au sein des administrations. Le ministère des Outre-Mer a d’abord indiqué qu’ils seraient concernés au même titre que la métropole ; localement, des chefs d’établissements ont expliqué le contraire aux parents qui appelaient, inquiets ; la préfecture était suspendue aux consignes de Paris, et la Collectivité, qui n’a pas la compétence scolaire, attendait de savoir à quelle sauce elle allait être mangée.
L’allocution présidentielle s’est terminée à 15h30 locales, et c’est à 19 heures que le couperet est finalement tombé, via un communiqué de l’Académie et de la préfecture de Guadeloupe : l’archipel et les Îles du Nord sont bien inclus dans ces mesures de restrictions nationales, qui visent à endiguer la propagation du coronavirus Covid-19. Le lendemain matin, vendredi 13 mars, changement radical de cap : la préfecture de Saint-Martin et Saint-Barthélemy annonce au cours d’une conférence de presse organisée in extremis que les établissements scolaires et les crèches des deux îles resteront ouverts. Décision prise en lien avec le ministère des Outre-Mer et l’Académie de Guadeloupe.
Dans la foulée de la première annonce, des associations locales ont annoncé l’annulation d’événements (théâtre, tennis…), avant elles aussi de changer d’avis et de maintenir, soumises aux décisions de la préfecture.
Un flou qui tranche avec la plus récente communication des autorités, la semaine dernière. La directrice de l’ARS Guadeloupe Valérie Denux était venue à Saint-Barth pour expliquer que le virus n’était pas, à sa connaissance, en circulation dans les îles du Nord, qu’il fallait se protéger mais pas s’inquiéter outre mesure (JSB 1366). En effet, aucun cas avéré depuis les trois premiers, le 28 février. Elle avait également indiqué que si le pays passait au stade 3 de l’épidémie, il n’en serait pas forcément de même pour les Antilles. La Collectivité avait refoulé un paquebot par précaution, et reçu des masques de protection et du matériel ; les écoles appliquaient des gestes barrières de façon répétée ; la gestion de cette crise sur l’île, mise en œuvre par la préfecture, l’ARS et la Com, avait rassuré les habitants, soulagés de constater que le Covid-19 ne s’était pas répandu sur l’île. Le maintien des écoles ouvertes, contrairement à la métropole, en contente certains, tandis que d’autres s’inquiètent de cette différence de traitement.
Saint-Barthélemy est elle aussi prise dans le mouvement mondial de lutte contre le coronavirus, qualifié pour la première fois de pandémie par l’OMS mercredi. Jeudi, c’est l’annonce de Donald Trump de fermer les frontières américaines à tous les étrangers venant des 26 pays européens de l’espace Schengen qui avait fait naître des craintes sur l’île. Même si la Collectivité a immédiatement rappelé que Saint-Barthélemy n’est pas dans l’espace Schengen, mais difficile d’affirmer qu’à l’arrivée devant l’immigration américaine, celle-ci aura intégré cette particularité Saint-Barth. Et puis, un Français peut très bien avoir passé 10 jours dans une zone à risque comme la Haute-Savoie, avant d’être entré à Saint-Barthélemy. Aux Etats-Unis, les citoyens américains qui ont fréquenté une zone à risque (toute l’Europe, donc, pour l’administration Trump) doivent, s’ils veulent rentrer chez eux, fournir un certificat médical.
Dans les aéroports du monde entier, les restrictions se multiplient, de l’interdiction totale à l’obligation de se confiner 14 jours. Les annulations de rassemblements se multiplient, et le Premier ministre français vient d’interdire tout regroupement de plus de 100 personnes, coup dur pour les théâtres, cinéma, etc. Même pour quelqu’un de bien portant, qui n’a pas été en potentiel contact avec le virus, cette atmosphère n’encourage pas à voyager, et l’économie accuse le coup et angoisse pour les mois qui viennent, en particulier dans les régions qui vivent du tourisme.