Saint-Barth - Piste aéroport de nuit

©Photo d'archives

Les aéroports des îles du Nord prêts pour les évacuations sanitaires de nuit

La préfecture des Iles du Nord a indiqué mardi dernier dans un communiqué que les évacuations sanitaires de nuit entre les aéroports Rémy-de-Haenen et Grand Case sont désormais possibles. Reste toutefois à la direction de l’hôpital à établir une convention officielle avec une compagnie aérienne.

Il s’agissait de l’une des principales missions confiées par le ministre délégué aux outre-mer, Jean-François Carenco, au préfet des Iles du Nord, Vincent Berton. En l’occurrence, la mise en place d’évacuations sanitaires de nuit entre les aéroports de Saint-Martin (Grand Case) et de Saint-Barthélemy (Rémy-de-Haenen). Lors de la présentation du rapport spécial de l’activité des services de l’État aux élus de la Collectivité de Saint-Barth, le 7 avril dernier, le préfet avait indiqué l’imminence de cette mesure. Celle-ci a finalement été officialisée mardi 2 mai par le biais d’un communiqué de la préfecture.
« Jusqu’ici, les évasans de nuit entre les aéroports de Saint-Barthélemy et de Grand Case étaient impossibles, les atterrissages de nuit à Grand Case étant interdits pour des raisons de sécurité, est-il précisé dans le communiqué. Pour les mêmes raisons, les équipes médicales envoyées en mission depuis Saint-Martin ne pouvaient rentrer avant le lendemain matin, rendant impossible une seconde évacuation. Cette situation pénalisait les résidents des deux îles en matière de prise en charge sanitaire. » Aussi, depuis quelques mois, des travaux de mise en sécurité ont été effectués à l’aéroport de Grand Case afin de permettre à des avions de décoller et d’atterrir de nuit.

« Œuvrer pour améliorer l’offre de soins »
Pour Marie-Hélène Bernier, première vice-présidente de la Collectivité chargée des questions de santé, l’annonce de la possibilité de procéder à des évacuations sanitaires de nuit est une satisfaction. Elle explique : « Depuis le début de la mandature, je n'ai eu de cesse avec tous les élus de la majorité territoriale d'alerter les autorités (Préfecture, Agence régionale de santé, hôpital) sur les carences de notre offre de soins. Nous avons déjà fait du chemin en un an : après l'ouverture prochaine d'une maison de la santé pour permettre aux Saint Barths de consulter des spécialistes et la nomination prochaine d'une équipe de direction autonome pour notre Hôpital, basée et dédiée à Saint-Barth, je suis fière que notre intransigeance en matière sanitaire ait encore porté ses fruits. » L’élue rappelle que le ministre Jean-François Carenco « avait clairement acté la nécessité de remédier prioritairement à la situation des Evasans ». Et d’insister : « Avec l'ensemble des élus, je continuerai avec détermination à œuvrer pour améliorer notre offre de soins, en coopération étroite avec l'ensemble de nos partenaires institutionnels au premier rang desquels se trouve Monsieur le Préfet délégué Vincent Berton que je sais très investi sur le sujet de la santé. » La nouvelle possibilité de procéder à des évacuations sanitaires de nuit fait naître, par ailleurs, quelque perplexité. Notamment chez Bertrand Magras, dirigeant de la compagnie aérienne Saint-Barth Commuter.

Scepticisme sur le bénéfice pour Saint-Barth
De fait, si Bertrand Magras estime que l’annonce de la préfecture « est une excellente nouvelle pour les habitants de Saint-Martin car les médecins pourront rentrer de nuit à Saint-Martin à la suite d'une évacuation sanitaire », il se dit « sceptique sur le réel bénéfice pour Saint-Barthélemy car les Evasans de nuit vers Saint-Martin sont très exceptionnelles ». Le dirigeant s’explique en évoquant « une raison très simple » : « Le médecin ne pouvant pas rentrer à Saint-Barth, cela désorganise l’hôpital. Donc ils préfèrent attendre jusqu’au lendemain si ce n’est pas trop grave ou partir directement vers la Guadeloupe ou la Martinique si c’est une urgence vitale. Depuis 27 ans que nous en faisons, nous avons dû en effectuer moins de cinq à destination de Sint Maarten Juliana (jamais à destination de Grand Case) qui avant fermait à 22 heures le soir contre 19H30 maintenant. » Pour Bertrand Magras, il s’agit donc de savoir raison garder et de ne pas s’enthousiasmer outre-mesure pour un dispositif qui, assure-t-il, n’apportera que peu de changement dans le traitement des patients à Saint-Barth. Aussi, il précise : « Je veux une nouvelle fois mettre en garde contre l’idée d’un service mutualisé aux deux îles avec un avion qui pourrait se positionner de Saint-Barth vers Saint-Martin de nuit juste pour faire une evasan au départ de Saint-Martin, ce qui priverait les habitants de Saint-Barthélemy d’un vecteur evasan pour le reste de la nuit… Or le cas se présentera souvent car le nombre annuel d’evasans au départ de Grand Case est d’environ 300 (Source : EDEIS - Gestionnaire de l’aéroport de Grand Case). Il y aura donc une réelle avancée sur la prise en charge des patients de Saint-Barth lorsqu’il y aura un avion dédié à Saint Barthélemy. »
De plus, il reste à la direction des hôpitaux des îles du Nord à lancer une procédure légale afin d’attribuer le marché des évacuations sanitaires à une compagnie aérienne. Ne serait-ce que pour clarifier une situation contractuelle un peu floue. En effet, pour l’heure, l’hôpital fait appel à deux opérateurs aériens locaux (et une entreprise de tourisme maritime) lorsqu’il est nécessaire de procéder à un transfert de patient vers Saint-Martin ou la Guadeloupe. Au coup par coup. Sur cette question, aucune échéance calendaire n’a été communiquée par la direction des hôpitaux des Iles du Nord. A tout le moins jusqu’à présent.
 

 

Journal de Saint-Barth N°1518 du 04/05/2023

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