Inquiétude dans l’île depuis l’annonce, le 20 août dernier, de la détection de bromates dans l’eau de ville. Les raisons de cette contamination sont à ce jour inconnues. Des investigations sont en cours.
Depuis quelques jours, toute l’île a appris l’existence de cette molécule : le bromate est présent dans l’eau de ville depuis la mi-juillet, dans des taux variant, selon ces premiers relevés, entre 15 et 312 microgrammes par litre. Le seuil maximal autorisé est de 10 microgrammes par litre.
Comment cette substance est-elle apparue dans l’eau de ville ? C’est tout l’objet de l’enquête menée actuellement par l’ARS, la Sidem, la Saur et la Collectivité.
A Saint-Barthélemy, le processus de fabrication de l’eau présente plusieurs facteurs favorisant la création de bromates : l’eau pompée en mer contient naturellement des bromures, elle est traitée au chlore, et avec le climat local, sa température oscille entre 27 et 30 degrés, au-delà des 25 degrés maximums recommandés.
Pourquoi maintenant ?
« Ce que l’on cherche à comprendre, c’est pourquoi cela arrive maintenant, alors que les produits n’ont pas changé, ni le procédé », s’interroge Sophie Durand-Olivaud, directrice des services techniques à la Collectivité. « Pourquoi il n’y avait rien il y a un an, six mois, deux mois –on en est certains au vu des analyses ? Nous cherchons, mais nous n’avons pas la réponse », admet-elle.
Toutes les pistes envisagées
Toutes les pistes sont envisagées. « Nous effectuons des investigations, tous ensemble, à tous les niveaux de la chaîne », explique Sophie Rousselet, responsable de la cellule eau potable à l’ARS.
Les eaux de l’entrée de la rade de Gustavia, qui sont pompées par la Sidem pour fabriquer l’eau potable, ont été analysées. « Il semblerait que le problème ne vienne pas de la ressource », indique prudemment l’ingénieure. « Je me pose la question du temps de séjour de l’eau associé à des températures très élevées. Cela pourrait expliquer le fait que les taux sont plus faibles en début de réseau qu’en fin de réseau. »
Une enquête a également été lancée sur les produits utilisés à l’usine de production d’eau, même s’ils sont les mêmes que d’habitude : il peut s’agir d’un seul lot défectueux, par exemple.
Enquête en cours
Les 18 et 19 août, les réservoirs de Public et Colombier ont été vidangés. « La Sidem a ensuite diminué son taux de chlore, ce qui a permis de faire baisser les bromates. Mais cela nécessite une surveillance accrue car si on le diminue trop, on a un risque de prolifération de la bactérie legionella, qui est autrement dangereuse », explique Sophie Durand-Olivaud.
De nouvelles analyses sont en cours, et les résultats laissent présager une nette amélioration à l’étape de la production. Les réservoirs seront de nouveau nettoyés.
« Il faudra suivre l’évolution des choses dans le temps, pour s’assurer de l’origine de la contamination », souligne Sophie Rousselet de l’ARS. Outre cette dernière, l’Anses et Santé Publique France travaillent aussi sur le sujet, en lien avec la Sidem, la Saur et la Collectivité.
JSB 1292