La section locale de l’UTS UGTG, représentant les salariés de l’hôpital De Bruyn et de l’Ehpad, souhaite alerter la population de l’île en rendant publique une lettre adressée à la présidente de l’ARS, lue lors du dernier conseil de surveillance de l’hôpital. Le syndicat dénonce des conditions de travail difficiles pour les employés et une prise en charge des patients dégradée à Saint-Barthélemy.
La lettre de la section syndicale UTS UGTG, adressée à Mme Valérie Denux, directrice générale de l’Agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe Saint-Martin Saint-Barthélemy :
La section syndicale UTS-UGTG s'insurge contre la dégradation de la situation des établissements de santé publics de Saint -Barthélémy.
Aujourd'hui, plus de six mois après la mise sous administration provisoire des établissements des Îles du Nord auxquels nous sommes rattachés, les objectifs de clarification, d'assainissement, de réorganisation d'amélioration de résorption des difficultés sont bien loin d’être atteints.
Dans l’article du Journal de Saint-Barth du 3 octobre 2019, vous avez annoncé reconduire cette même administration jusqu’à la fin d’année, sans toutefois préciser qu’elle n’est reconduite qu’à mi-temps, soit une présence des administrateurs deux jours par mois sur Saint-Barthélemy…
Cette administration annoncée comme des sauveurs en avril dernier est, au contraire, une administration distante, dépassée, qui n'a fait qu'amplifier tous les déficits de nos établissements. Le déficit annoncé au cours de cette entrevue à hauteur de 600.000€ mais qui est bien loin de la réalité ! Nous sommes, aujourd’hui, à plus d’un million d’euros.
A ce jour, le personnel, qui navigue seul dans ce bateau endommagé et sans capitaine, est au bout du rouleau, épuisé, sans repère, sans logement, avec un sentiment d’abandon encore plus grand, de dégoût et une lassitude qui entraîne des départs multiples (personnes originaires de l’île et extérieures) et des arrêts répétés.
La population, les malades, les résidents sont dans une situation de précarité sanitaire grandissante avec la liquidation du système de santé sur notre île ; cette population qui depuis plus d’un mois, ne peut plus être évacuée à partir de 16h30 en urgence vers les autres établissements de santé de l’espace caribéen afin de garantir la continuité des soins.
Ainsi, l’administration provisoire avisée par la compagnie aérienne de cette problématique majeure, a laissé sans réponse nos médecins urgentistes et notre personnel soignant, et aucune solution de secours n’a abouti à ce jour ; sachant, d’autant plus, que nous sommes les derniers sur la liste des populations à secourir par l’hélicoptère médicalisé du SAMU de la Guadeloupe.
Outre cette problématique plaçant la population en position d’otage, se posent également les difficultés rencontrées pour le recrutement de médecins remplaçants contractuels, qui pallient au manque d’effectifs de base de nos médecins titulaires avec lesquels vous êtes en conflit permanent.
Ces recrutements engendrent un coût exorbitant pour l’établissement et le passage en grand nombre de remplaçants.
Où en est le projet médical partagé qui, soit disant, devait améliorer les recrutements du personnel médical et créer une équipe médicale des Îles du Nord soudée ?
Vous inquiétez-vous de savoir si nous avons des médecins pour couvrir les urgences et la médecine dans les prochains jours ? Peut-être envisagez-vous juste, de nouveau, de fermer nos lits de médecine et d’évacuer nos patients vers Saint-Martin ou la Guadeloupe, comme cela s’est produit en juin dernier. Solution simpliste, mais encore une fois au détriment de la population.
De plus, le conflit entre vous et le Président de la Collectivité de Saint-Barthélemy, qui nous affiche une fois de plus dans les journaux, ne fait qu’empirer la situation financière de nos établissements. Ce dernier nous a toujours fait confiance et soutenus financièrement jusque-là, mais sans réel interlocuteur face à lui, comment maintenir cette confiance…
Mesdames, Messieurs, nous, représentants UTS-UGTG du personnel des établissements de santé de Saint-Barthélémy, vous demandons de tout mettre en œuvre pour doter nos établissements de tous les moyens humains, financiers, matériels, organisationnels, sociaux... nécessaires pour la permanence, la continuité des soins.
De rétablir la confiance et le dialogue avec les entreprises locales et extérieures qui aujourd’hui nous refusent toute intervention pour défauts de paiements.
Exigeons le respect des instances, des représentants du personnel, du personnel et des usagers tous victimes de décisions unilatérales.
Exigeons la clarification sur le fonctionnement et l'administration de l'établissement, sur toutes les coopérations, sur l'organisation du travail, sur les effectifs, sur les travaux, sur la dotation en logements pour le personnel en grande souffrance et difficultés, sur le projet médical et le projet social.