Sans pour autant être parfaitement inattendue, l’annonce faite par le préfet Serge Gouteyron le lundi 30 août n’a pas manqué de surprendre. Quelques jours après l’officialisation du report de la rentrée scolaire, l’imminence de l’instauration du « passe sanitaire » à Saint-Barthélemy est venue s’ajouter à des mesures décriées par une grande partie de la population. Comme pour mieux souffler le chaud et le froid dans une même expiration, le préfet a également entériné la levée du couvre-feu sur l’île (lire ci-dessous).
Une application spécifique
Pour l’heure, la préfecture n’a pas officiellement dévoilé les détails de la mise en application de la mesure. Néanmoins, selon nos informations, le « passe sanitaire » à Saint-Barth devrait être imposé de manière très spécifique. En l’occurrence, seuls les restaurants, les bars, les hôtels et les lieux de loisirs fermés (dojo, salle de sport) devraient être dans l’obligation de faire usage du « passe ».
La clientèle comme les employés devront présenter le document qui justifie d’une vaccination contre le Covid. Comme dans l’Hexagone, ce sont les dirigeants des entreprises et des sites concernés qui seront les garants du respect des règles en vigueur. En cas de contrôle par la gendarmerie, ce sont les propriétaires qui devront répondre de la mauvaise application du « passe sanitaire ».
Les commerces, les bâtiments publics et l’ensemble des sites de plein air ne devraient pas être soumis à cette mesure. Une réunion doit se tenir ce jeudi 2 septembre entre les services de la préfecture et les professionnels des secteurs concernés. Elle doit permettre d’établir les modalités d’application du « passe sanitaire » à Saint-Barth.
Un « passe » controversé
Il va sans dire que l’annonce préfectorale de l’instauration du « passe sanitaire » à Saint-Barth a déclenché une vague de réactions allant de la protestation à l’incompréhension. « Si c’est comme en métropole, les commerces ayant le passe vont subir une énorme baisse des chiffres d’affaires », commente une femme sur un réseau social. Une allégation qui reste toutefois à prouver. « Enlever le couvre-feu pour le peu d’établissements qui restent ouvert, c’est bien, ironise un homme. Le passe sanitaire est ingérable ici, ça ne va pas tenir sur l’île. » Un autre entend se plonger dans une sorte de « résistance » à la mesure, et lance : « Hors de question! Il faut nous organiser très rapidement. » Une femme s’insurge vertement : « Comme d’habitude c’est du n’importe quoi! On nous prend pour des lapins de six semaines! » Une internaute assure : « No way, ils me perdront comme cliente partout. Vive le sport en plein air! » Certains s’imaginent ne plus pouvoir acheter de quoi se nourrir. « Donc, si on n’est pas vacciné, on ne peut pas rentrer dans un commerce pour s’alimenter? On crève de faim dans la rue, c’est ça? » Fort heureusement, l’accès aux commerces d’alimentation n’est pas soumis à la présentation du « passe sanitaire ». « Pour l’instant, affirme une femme. Peu à peu le cercle se ferme! Résister, boycotter! Ils vont utiliser les grandes mesures pour arriver à leur objectif! » Un objectif qui, dans l’esprit de cette internaute, paraît on ne peut plus maléfique. Moins imaginatifs mais plus pragmatique, une femme clame avec conviction : « Non au passe sanitaire! Non à l’obligation vaccinale! » Nul doute que le 13 septembre, la mise en application de la mesure préfectorale risque de se heurter à de très fortes réticences.