La santé est sans doute l’un des thèmes qui préoccupent le plus la population de Saint-Barthélemy. Ou, plus précisément, l’accès aux soins. Particulièrement en ce qui concerne les consultations de spécialistes ou le suivi médical. Malgré ses innombrables atouts, Saint-Barth souffre de son insularité. Et de ses rapports parfois conflictuels avec les autorités sanitaires de l’État. Mardi prochain, le 5 novembre, une réunion publique organisée par la Collectivité a pour objectif d’aborder l’ensemble des questions structurelles liées à la santé. Elle se tiendra dans la grande salle de la capitainerie du port de Gustavia, à partir de 18 heures.
Rénover l’ancien ou bâtir du neuf ?
Pour aborder les nombreux sujets qui concernent la santé, la première vice-présidente du conseil territorial, Marie-Hélène Bernier, sera accompagnée du directeur de l’hôpital Irénée de Bruyn, Eric Djamakorzian. Ensemble, ils évoqueront notamment le projet de rénovation de l’hôpital actuel. Mais aussi celui, initié par Marie-Hélène Bernier, de la construction d’un nouvel établissement de santé à Saint-Jean.
Pour s’assurer de l’intérêt d’un tel projet, l’élue a commandé une étude de faisabilité par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Deux spécialistes sont venus à Saint-Barthélemy à plusieurs reprises pour établir leur rapport. Un document qui a été rédigé et remis à la Collectivité. Il évalue les avantages et les inconvénients de la rénovation de la structure actuelle, sur les hauteurs de Gustavia, ainsi que l’implantation d’un nouvel établissement à Saint-Jean. Une dernière possibilité qui se justifie notamment par la difficulté d’accès à l’hôpital de Gustavia mais aussi par la vétusté des locaux. Pour aborder tous ces points, des architectes et des ingénieurs sont également conviés à la réunion. Mais il ne s’agit pas du seul enjeu de santé sur l’île.
Une maison de santé en urgence
Depuis un an, quasiment jour pour jour, la Collectivité a procédé à l’inauguration d’une Maison de la santé à Saint-Jean. Une structure pour laquelle Marie-Hélène Bernier a bataillé et dont l’objectif était de répondre à une urgence en termes d’accès en soins. En l’occurrence, la possibilité pour de nombreuses personnes de parvenir à consulter des spécialistes sans avoir à se déplacer à Saint-Martin ou plus loin encore.
La Maison de la santé a, depuis un an, plus que rempli son office puisqu’elle a reçu plusieurs milliers de patients et se révèle attractive pour de nombreux spécialistes des Antilles ou de l’Hexagone. De plus, elle a bénéficié de près de 100.000 euros de dons en matériel de la part du Femur (Fondation pour l'équipement médical d'urgence de Saint-Barthélemy). Dans le même temps, ou presque, l’hôpital de Saint-Barthélemy a enfin enregistré la nomination de son propre directeur. Non sans difficulté.
En effet, si Éric Djamakorzian a pu prendre ses fonctions en mai dernier, ce n’est qu’après une succession de démarches entreprises par le comité de surveillance de l’établissement de santé. La décision de se retirer de la direction commune, qui réunissait les établissements de santé de Saint-Martin et ceux de Saint-Barth, a permis de forcer l’Agence régionale de santé à nommer un directeur. Mais les réjouissances n’ont que peu duré.
Le silence de l’ARS
En effet, début septembre, en raison du départ précipité de la directrice (par intérim) de Saint-Martin, Anne Calais (pour des motifs restés inexpliqués), l’ARS a confié la direction par intérim à Éric Djamakorzian. S’il ne s’agit pas à proprement parler d’une difficulté structurelle mais plutôt d’ordre conjoncturel, cette situation n’est pas sans poser des problèmes. Pour la bonne et simple raison qu’elle replace l’hôpital de Saint-Barth dans une situation quasiment similaire à celle qui était la sienne avant l’arrivée de son directeur. Interrogé à plusieurs reprises sur les solutions qui pourraient être apportées à courts termes afin de nommer un nouveau directeur à Saint-Martin, la direction de l’ARS a répondu au JSB « ne pas souhaiter répondre pour le moment sur le sujet ». Un refus d’apporter des explications que l’ARS a également exprimé au sujet des 4,7 millions d’euros alloués à Saint-Barthélemy dans le cadre du Ségur de la santé. Une enveloppe qui doit être utilisée pour rénover l’hôpital mais qui n’a toujours pas été débloquée.
L’Agence régionale de santé s’est montrée tout aussi réticente à aborder la question du foncier de l’hôpital. En effet, le foncier de l’établissement appartient au conseil général de la Guadeloupe. Son président, Guy Losbar, a déclaré à deux reprises qu’il entendait effectuer toutes les démarches nécessaires à la rétrocession du foncier à la Collectivité de Saint-Barthélemy. Pourtant, depuis plus de deux ans, rien n’a bougé. Malgré une procédure engagée par l’ancienne directrice par intérim, Anne Calais.
Par ailleurs, un autre sujet occupe la direction de l’hôpital Irénée de Bruyn et la Collectivité. Celle de l’absence d’un service ambulancier. Depuis le départ d’Erick Ambulances de l’île, c’est le Service territorial d’incendie et de secours (Stis) qui est la plupart du temps sollicité pour le transport des patients.
Ce mardi, les sujets de réflexion et de discussion ne manqueront pas. Pour peu que la population réponde à l’invitation de la Collectivité afin de prendre part au débat.