Lors d’une réunion du Comité régional des investissements en santé, le 26 janvier dernier, seize opérations immobilières ont été programmées en Guadeloupe et dans les Iles du Nord, dans le cadre du Plan Ségur. Parmi celles-ci, le réaménagement et l’extension de l’hôpital De Bruyn.
Plus de quatre ans après le passage destructeur de l’ouragan Irma, la perspective d’une reconstruction des bâtiments dévastés de l’hôpital De Bruyn semble enfin se profiler. Le sujet a été au centre d’échanges houleux et répétés entre l’ancienne directrice générale de l’Agence régionale de santé, Valérie Denux, et le président de la Collectivité territoriale de Saint-Barthélemy, Bruno Magras. Mais c’est par le biais du Ségur de la santé (lire encadré) qu’une avancée est finalement apparue. Ainsi, lors de la deuxième réunion du Conseil régional des investissements en santé, le 26 février dernier, seize opérations immobilières ont été programmées en Guadeloupe et dans les Îles du Nord. Pour les mettre à exécution, un peu plus de 83 millions d’euros vont être débloqués.
Un budget conséquent mais dont la grande majorité devrait échoir à la Guadeloupe où six projets d’importance ont été retenus par le Comité. Ils concernent les centres hospitaliers de Basse-Terre, de Marie-Galante, de Capesterre Belle Eau et de Bouillante (Maurice Selbonne), le centre hospitalier universitaire de Guadeloupe et l’Etablissement public de santé mentale. Confortement cyclonique, maintenance « lourde », travaux « lourds », construction d’un hôpital de jour pour enfants obèses (Bouillante), la liste des aménagements à venir laisse entrevoir d’importants investissements.
La Santé, le nerf de la guerre
Pour les Iles du Nord, le programme se révèle plus réduit. A Saint-Martin, les besoins du centre hospitalier Louis Constant Flemming consistent en une restructuration du service des urgences et des soins critiques, l’internalisation d’un laboratoire et d’un service d’imagerie ainsi que la construction d’un bâtiment d’accueil et de consultations. A Saint-Barthélemy, une ligne : le réaménagement et l’extension de l’hôpital De Bruyn. Pour quel montant ? Pour l’heure, aucune précision n’est apportée par l’ARS sur ce point.
La remise en état de la partie endommagée de l’hôpital De Bruyn a régulièrement été évoquée par le président de la Collectivité depuis plus de quatre ans. Un sujet qui l’a fréquemment conduit, comme la plupart des sujets de santé, à entretenir des échanges tendus avec l’ancienne directrice de l’ARS. Pour exemple, en novembre 2019 (JSB 1348), Bruno Magras déclarait le plus simplement du monde, en évoquant l’ARS : « Maintenant, c’est la guerre entre eux et moi. » Position radicale qui illustre les tensions qui se sont installées depuis de nombreuses années entre la Collectivité et les instances étatiques de santé.
En cette fin d’année 2019, Bruno Magras a pris la décision de se montrer plus insistant auprès de l’ARS. Il remarque notamment que la Collectivité comble chaque année les déficits de l’Ehpad et qu’une partie de l’hôpital, endommagée par Irma, n’a toujours pas été remise en état. Pour le président de la Collectivité, il s’agit bien évidemment de s’appuyer sur les déficiences de l’Agence régionale de santé pour réclamer une mainmise sur la compétence santé, toujours détenue par l’Etat. De la même manière, les bâtiments de l’hôpital De Bruyn restent la propriété du département de la Guadeloupe. Une aberration pour Bruno Magras qui ne se satisfait pas des propositions formulées par Valérie Denux. « Je veux pousser le ministère de la Santé à faire évoluer les textes », affirme-t-il alors.
Quelques mois plus tard, en mai 2020, est organisé le Ségur de la santé à Paris. De ce « sommet » vont découler des projets prioritaires à financer, évoqués plus avant. « D’autres projets très importants sont encore à l’étude et devraient faire aussi l’objet d’un accompagnement sur cette période, notamment pour des cliniques privées pour lesquelles des dossiers ont été précisés récemment, précise l’ARS. Ils seront priorisés au vu de l’analyse du rapport d’audit de vulnérabilité sismique et cyclonique des établissements de santé, dont la réception est prévue à la fin du mois de février 2022. Il est à rappeler que l’augmentation de la résilience sismique et cyclonique du parc immobilier de santé constitue l’un des enjeux prioritaires de notre stratégie régionale de santé. » Reste désormais à connaître le calendrier des travaux ainsi que la répartition des 83,264 millions d’euros entre les différents projets.
Pourquoi le « Ségur » ?
Le Ségur de la santé est une consultation des acteurs du système de soin français qui s’est déroulé du 25 mai 2020 au 10 juillet 2020. L'origine du nom est l'adresse du ministère de la Santé, avenue de Ségur à Paris, par analogie avec le Grenelle du ministère du Travail de mai 68.
Depuis la mise en place des mesures Ségur, l’ARS organise la concertation autour de l’enveloppe de 98 millions qui lui a été allouée pour le financement de projets d’investissements en santé sur les 10 prochaines années (hors projets numériques et équipements du quotidien).