La préfète des Îles du Nord a consacré son allocution à la crise sanitaire, bien sûr, après avoir rappelé son attachement à Saint-Barthélemy et sa traditionnelle fête patronale.
Cible de critiques pour certaines décisions prises dans la lutte contre la propagation du coronavirus, la préfète de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Sylvie Feucher, a remis les points sur les “i” dans son allocution prononcée à l’occasion de la fête patronale. « Ce virus peut avoir de redoutables conséquences pour certains d’entre nous, que ce soit à court, moyen ou long terme. Alors il nous revient de nous protéger, et de protéger les autres, en mettant en œuvre les mesures préconisées par les scientifiques. Nous n’avons pas d’autre choix », a-t-elle constaté. « Le rôle de l’Etat est le même qu’hier : prendre toutes les décisions pour protéger les citoyens, et les assumer, quel que soit le prix à payer. Nous le savons tous, sans capitaine de navire dans la tempête, pas de cap, et autant de projets que de matelots. Là dessus vous serez d’accord avec moi Monsieur le Président », sourit-elle en se tournant vers Bruno Magras, qu’elle remercie au passage pour l’apport financier et logistique apporté par la Collectivité depuis le début de cette crise. « La Collectivité a tout de suite pris les bonnes mesures, mobilisé les bons acteurs. »
Elle cite ensuite un rapport rédigé par la délégation sénatoriale aux outre-mer, présidée par Michel Magras, qui chiffre la baisse d’activité à 30% dans les territoires ultramarins à l’issue du confinement : « C’est moins le cas à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, notamment parce que le BTP a pu continuer de travailler durant le confinement. Cette décision a été critiquée, je ne la regrette pas. »
Elle insiste sur le rôle crucial qu’a joué l’Etat français au niveau économique, à Saint-Barthélemy. Le dispositif d’activité partielle a été accordé à 746 établissements de notre île, pour un total de 5.279 salariés, dont la moitié travaillent dans le secteur du tourisme, pour près de 3 millions d’heures de travail payées par l’Etat. 88% de ces demandes émanaient des très petites entreprises. Le Fonds de solidarité de 1.500 euros mensuels minimum a été versé à plus de 1.200 entreprises de notre île, pour 1,8 millions d’euros en tout. Quant au prêt garanti par l’Etat (PGE), il a fait l’objet d’environ 3.000 demandes émanant des Îles du Nord, pour un montant de 537 millions d’euros. « Peu de pays ont mis autant de moyens pour préserver l’économie, il faut le dire », souligne Sylvie Feucher. « Le pacte social a résisté, et nous pouvons présenter fièrement notre bilan sanitaire. Mais nous voyons bien que cet équilibre est fragile. L’insouciance de certains peut coûter cher à la communauté. Je ne veux pas d’une reprise des cas à Saint-Barthélemy », déclare la préfète. « Depuis le début de cette crise mon souci majeur est de concilier la protection de la population, et la nécessité de maintenir une activité économique. Je continue avec la même philosophie, en durcissant les mesures dès que nécessaire, même temporairement. Sans discipline collective, je serai contrainte d’aller plus loin. Je n’ai qu’un baromètre, le nombre de cas. Il nous faut apprendre à vivre avec la menace du virus. Si tout est fait dans les règles, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. »