Saint-Barth -

La population entre relativisme et appréhension

Après l’annonce faite dimanche de plusieurs cas avérés à Saint-Barthélemy, lundi, le coronavirus occupait toutes les discussions. Chacun essayant de suivre au mieux les consignes et de relativiser. L’anxiété est néanmoins bien présente sur l’île.

 

Le coronavirus est le sujet de discussion numéro 1 sur l’île depuis quelques jours, et encore davantage avec la confirmation dimanche de plusieurs cas avérés à Saint-Barthélemy. « Je me questionne mais je ne me sens pas paniquée face à cette grippe», assure Victoria, sage-femme et maman d’un garçon de 2 ans gardé par une assistante maternelle. « Nous appliquons les règles hygiéniques. Après, je ne comprends pas qu’on nous dise que le virus ne touche pas les enfants, alors que deux enfants sont hospitalisés en ce moment même avec leur mère en métropole en raison du coronavirus. »

Effectivement, si les enfants peuvent être touchés au même titre que les adultes, les statistiques de ces premiers mois de circulation du Covid-19 montrent que les symptômes sont bien plus légers chez eux, et la mortalité nulle, à ce jour, chez les enfants de moins de 10 ans. Cependant, mieux vaut être prudent. Sans tomber dans une angoisse irrationnelle, comme s’y refuse Romain, qui « reste persuadé que ce n’est qu’une grippe. Je ne suis pas dans la psychose, je ne regarde pas les informations. Mais comme pour toute épidémie de grippe, j’évite le contact avec les gens et je me lave les mains régulièrement.» Mère de deux enfants scolarisés à Gustavia, Angela se rassure aussi : « Nous avons eu une forte grippe, mes enfants et moi, fin janvier, qui nous a énormément affaiblis. Au moindre symptôme, je me soignerai de la même manière, à l’aide d’huiles essentielles. Du coup, je ne me sens pas en insécurité ni inquiète outre mesure face à ce nouveau virus. »

Les habitants veulent garder la tête froide. Néanmoins, les pharmacies et boutiques d’articles de santé sont à cours de masques et de gel hydroalcoolique depuis la semaine dernière. Ils attendent d’être réapprovisionnés mais les grossistes eux-mêmes sont en situation de pénurie, en ce qui concerne les masques. Les clubs de judo et de jujitsu ont suspendu leurs entraînements.

 

« La psychose est partout »

Autre signe de l’inquiétude ambiante, plusieurs familles ont préféré déscolariser leurs enfants, le temps que la situation s’éclaircisse. « Je suis très inquiète et angoissée concernant ce nouveau virus», avoue Marion, commerçante et mère de deux enfants. « Au début, j’ai entendu que les enfants n’étaient pas touchés, et à la nouvelle de petits contaminés en France, je me sens vulnérable par rapport à mes enfants. Je ne sais plus sur quel pied danser face au flot continuel d’informations. »

Outre la question de la santé, celle des conséquences de cette épidémie mondiale sur l’économie de notre île est déjà présente dans les esprits. Ainsi Rodolphe MacKeene, gérant d’une boutique à Gustavia, a cessé de serrer la main et faire la bise à ses connaissances, et appréhende « les retombées économiques face à la propagation de ce virus. Cependant je pense qu’il ne devrait pas y avoir de demi-mesure. Soit une mesure de confinement et fermeture des établissements, pour enrayer le coronavirus, soit il n’y a aucune psychose et nullement besoin de mesures dans ce cas-là. » Responsable d’un restaurant de Gustavia, Jérémie ressent «déjà une perte de fréquentation » qu’il attribue au coronavirus. « La psychose est partout. Nous demandons à nos employés de se laver les mains le plus fréquemment possible, et nous restons vigilants, à l’écoute des mesures de précaution. »




Journal de Saint-Barth N°1365 du 05/03/2020

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