La dengue prend ses aises à Saint-Barth

La dengue sévit sur la quasi-totalité de l’espace caribéen. En Guadeloupe et en Martinique, l’épidémie est déclarée. Pour l’heure, la situation n’est pas aussi alarmante dans les Iles du Nord. Toutefois, « elle se dégrade », souligne directeur territorial de l’Agence régionale de santé, Paul Guibert. Notamment à Saint-Barthélemy, où le nombre de cas évocateurs ou confirmés est en constante augmentation depuis quelques semaines. De 31 cas en semaine 42, Saint-Barth est passée à 55 en semaine 43 et 70 en semaine 44. « C’est une évolution que l’on voit à l’œuvre depuis environ un mois », précise Paul Guibert.

Mardi, le préfet des Iles du Nord, Vincent Berton, et le directeur territorial de l’Agence régionale de santé, Paul Guibert, ont invité la population à se protéger afin d’éviter que le virus de la dengue ne se propage à Saint-Martin comme à Saint-Barthélemy.

Lors d’une conférence de presse organisée mardi matin au sein de la délégation de la préfecture à Saint-Barthélemy, le directeur territorial de l’ARS a insisté sur le fait que tous les cas recensés ne découlent pas nécessairement d’un passage aux urgences de l’hôpital de Bruyn de Gustavia. « Pour l’instant, les deux hôpitaux (de Saint-Martin et de Saint-Barth, ndlr) restent peu « impactés » avec une dizaine de passages par semaine pour chacun, mais on reste très vigilants et on se prépare, au cas où nous passerions au niveau 3 de l’épidémie. » Un passage en stade 3 qui est intervenu hier, jeudi, dans la soirée. A Saint-Barth, deux personnes ont été hospitalisées la semaine dernière, pour 21 passages aux urgences de l'hôpital. Une information selon laquelle deux personnes atteintes par une dengue hémorragique auraient été transférées hier (jeudi 9 novembre) vers Saint-Martin circule depuis ce matin. Une information démentie par l'Agence régionale de santé. La préfecture confirme toutefois qu'une évacuation sanitaire a bien été organisée "par précaution et anticipation" pour un patient dont les symptômes laissaient potentiellement entrevoir une forme hémorragique du virus. « La dengue est une maladie importante qui peut avoir des effets forts, notamment sur les personnes fragiles, âgées, aux nouveau-nés, etc. Ce public doit être particulièrement surveillé. »

Adopter les bons gestes
L’ARS comme la préfecture se veulent rassurantes. « On peut agir face à cette épidémie qui nous arrive, rappelle Paul Guibert. L’essentiel est de faire les bons gestes pour se protéger. Le premier est tout simplement d’éviter de se faire piquer ! Le soir au crépuscule ou le matin, il faut veiller à porter des vêtements longs et amples. Il est préférable de dormir sous moustiquaire, d’utiliser la climatisation au maximum, d’utiliser des répulsifs, etc. Il faut aussi éviter au maximum d’avoir de l’eau stagnante chez soi. Tout ce qui est poubelle, citerne d’eau, gouttières, ce sont des gîtes potentiels. Pour rappel, un verre d’eau peut contenir environ une centaine de larves possibles. Donc la moindre eau qui stagne, c’est un potentiel gîte à moustiques dans l’environnement immédiat. » Le directeur territorial invite également les habitants à signaler les secteurs dans lesquels une prolifération de moustiques a été détectée.
A Saint-Martin comme à Saint-Barthélemy, l’Agence régionale de santé assure que ses agents, épaulés par ceux de la Collectivité, sillonnent les quartiers pour identifier les moustiques présents mais également pour inspecter et traiter les zones à risque. Principalement en procédant à l’implantation de poissons «golomines », qui sont des prédateurs de larves de moustiques. Des poissons que la population peut se procurer auprès de l’ARS, dont les locaux se trouvent à Saint-Jean.

Un « combat collectif »
En ce qui concerne les éventuelles interventions au moyen de produits chimiques, Paul Guibert assure qu’elles sont « très limitées » et ne se font qu’après validation d’un cas particulier. Suit alors une intervention à domicile pour un traitement de la maison et des environs immédiats. «Mais une fois encore, si tout le monde ne se mobilise pas et ne fait pas attention à son domicile, le combat contre les moustiques et la dengue sera inégal », martèle le directeur territorial.
Si le préfet Vincent Berton souligne le fait qu’il n’est pas nécessaire de verser dans « l’alarmisme », il insiste toutefois sur l’importance pour chaque citoyen d’aborder la situation de manière responsable. De la même manière, Paul Guibert évoque à nouveau un « combat collectif » et les saisonniers comme les touristes doivent faire montre de vigilance. Pour ce faire, un dispositif de communication auprès des hôteliers doit être mis en place avec le concours de la Chambre économique multiprofessionnelle (Cem).
Pour l’heure, comme en Guadeloupe et en Martinique, c’est le sérotype 2 de la dengue qui a été essentiellement détecté dans les Iles du Nord. La dengue compte quatre sérotypes différents. L’infection par un sérotype induit une immunité contre ce sérotype mais pas contre les autres. Ainsi, il est possible d’être infecté plusieurs fois par des sérotypes différents de la dengue. Si la maladie est, dans la majorité des cas, asymptomatique, la forme habituelle se manifeste par une fièvre brutale associée à des douleurs et une éruption cutanée. Plus rarement, des complications graves et parfois mortelles peuvent survenir.