Aucune étude n’indique quels sont les risques exacts pour la santé dans notre cas précis : une éventuelle ingestion de taux entre une dizaine et quelques centaines de microgrammes, sur une durée limitée.
Quels sont les effets réels des bromates, dans les taux qui nous concernent, sur la santé ? Impossible de le savoir précisément.
Deux
précédents servent de base : une étude sur des personnes ayant ingéré
cette substance dans des taux faibles, mais tout au long de leur vie. Une autre
sur une l’ingestion de plusieurs grammes d’un seul coup.
Effets aigus improbables
« Le taux est mille fois inférieur ici », rassure Sophie Rousselet, ingénieure et responsable de la cellule eau potable à l’ARS.
Dans les cas précités, les premiers symptômes ont été des diarrhées, vomissements et douleurs abdominales. A haute dose, les bromates peuvent provoquer des effets plus graves, incluant l’hypotension, la défaillance rénale, l’anurie, la surdité… « Mais nous n’avons pas de données sur une exposition ponctuelle comme à Saint-Barthélemy », et à des taux de dizaines ou centaines de microgrammes.
« Compte tenu des concentrations relevées sur l’île, le risque de survenue d’effets aigus comme les vomissements et les diarrhées est improbable », assure l’ARS dans un nouveau communiqué publié mardi. Et quasi inexistant pour ce qui est des effets plus graves.
A ce jour, à Saint-Barthélemy, ni les médecins généralistes ni l’hôpital n’ont reçu de patient dont l’état pouvait laisser soupçonner un empoisonnement aux bromates.
Cancérogène chez le rat
Aucune étude n’a été menée sur la santé humaine, mais des rats de laboratoire ont été soumis à des tests toxicologiques. Ces derniers montrent la formation de tumeurs sur les reins, la thyroïde et les testicules des rongeurs. C’est sur la base de ce résultat que les bromates ont été classés cancérogène probable chez l’homme par l’Organisation mondiale de la Santé et l’Union européenne.
« Le risque de développer un cancer chez l’homme est estimé après une consommation d’eau contaminée en bromates durant la vie entière », poursuit l’ARS. « Aucune analyse de ce type de risque n’est disponible en France ou ailleurs pour des expositions de courtes durées à des doses » telles qu’à Saint-Barthélemy.
Sans certitudes, des précautions
En l’absence de données, c’est le principe de précaution qui s’applique : toute ingestion de l’eau est interdite. D’où les consignes strictes qui ont circulé pendant le mois d’août, recommandant également d’éviter de se laver les dents ou de faire cuire des aliments avec l’eau de ville.
Mais alors, peut-on prendre des douches sans risque, notamment les enfants ou personnes fragiles ? Peut-on remplir sa citerne ou sa piscine d’eau de ville ?
« Les bromates sont dangereux uniquement en cas d’ingestion, il n’y a pas de pénétration par la peau. Nous préconisons d’être vigilant lors du bain des petits pour éviter qu’ils ne boivent l’eau », répond Sophie Rousselet. « Il faut savoir que les bromates sont présents dans des produits qui servent à l’entretien des piscines… »
Pour ceux qui fonctionnent sur citerne, il est de toute façon recommandé de ne pas boire l’eau stockée, qu’elle provienne des pluies uniquement ou d’eau de ville.
N’essayez pas de faire bouillir l’eau pour la consommer ensuite : les bromates ne sont pas une bactérie qui peut être tuée de la sorte, mais bien une substance chimique.
Même chose avec le chlore, qui pourrait bien empirer les choses plutôt que les améliorer, puisqu’il un facteur favorable à l’apparition des bromates.
Les personnes les plus à risque, qui doivent être particulièrement vigilantes, sont celles qui souffrent de maladies rénales, les nourrissons, femmes enceintes et personnes âgées.
Rien d’autre à faire : il faut attendre et éviter formellement d’absorber l’eau.
JSB 1292