Oui, messieurs, contrairement aux idées reçues, votre corps est également pourvu d’un périnée. Cette partie de l’anatomie n’est la plupart du temps mentionnée que pour évoquer la rééducation à laquelle les femmes doivent se plier après un accouchement. Or, comme ne cesse de le répéter la kinésithérapeute Véronique Blanchard, « tout le monde a un périnée ». C’est la raison pour laquelle la praticienne, spécialisée dans l’éducation et la rééducation du périnée va donner une conférence ce jeudi soir à 18 heures à la capitainerie de Gustavia. Depuis deux ans, Véronique Blanchard et le docteur Anne-Cécile Pizzoferrato (gynécologue au CHU de Caen) donnent des conférences sur le sujet à travers la France. De passage à Saint-Barthélemy, la kinésithérapeute va donc dispenser informations et conseils à la population de l’île. Les deux professionnelles de santé ont déjà publié quatre articles dans des revues médicales sur le sujet. « Nous mettons l’accent sur l’éducation périnéale, explique Véronique Blanchard. Nous sommes persuadés que grâce à une prévention efficace, il est possible d’éviter les problèmes qui surviennent plus tard. » Tout d’abord, qu’est-ce que le périnée ? C'est une sorte de «hamac » qui s'étend du pubis jusqu'au coccyx et soutient toute la zone du petit bassin, donc des organes génitaux et de l'anus. Entretenir la tonicité et la fermeté du plancher pelvien permet de prévenir des problèmes d’incontinence (troubles urinaires ou fécales), de descente d’organe, douleurs, perte de sensations lors des rapports sexuels chez les femmes et de trouble de l’érection chez les hommes, etc. « Une prise en charge de prévention et d’information sur les troubles pelvi-périnéaux en France pourrait permettre de diminuer la prévalence de ces troubles et améliorer la demande de soin », assurent Véronique Blanchard et ses confrères dans un article publié dans la revue Elsevier. Ils y relatent l’étude qui a été menée au sein du service de gynécologie du CHU de Caen entre les mois d’octobre 2020 et février 2021. Lors de ces sessions d’information, les praticiens consacraient une partie à l’anatomie et la physiologie périnéales, une autre à la physiologie urinaire et digestive (adaptation des apports hydriques, techniques défécatoires) et une dernière aux facteurs de risques et aux mesures préventives. Cent soixante-trois femmes qui travaillant à l’hôpital ont participé aux sessions qui leur ont permis d’élever leur niveau de connaissance sur le fonctionnement du périnée et les méthodes qui permettent de l’entretenir. Comme le confirme la conclusion de l’étude publiée : « L’éducation en santé périnéale permet d’augmenter le niveau de connaissance des femmes et de limiter ainsi les comportements à risque pour la sphère périnéale. » Ce soir, Véronique Blanchard va donc s’appuyer sur les conclusions de ces études pour distiller ses conseils lors de la conférence. « Il est préférable de ne pas parler de rééducation mais davantage d’éducation, notamment sur les filières urinaires et digestives, explique la spécialiste. Pour les femmes comme pour les hommes car un tiers de mes patients sont des hommes. » Elle insiste sur le fait qu’à l’heure actuelle, aucun dispositif de prévention n’existe à l’échelon national. Le travail qu’elle effectue de concert avec le docteur Anne-Cécile Pizzoferrato s’avère donc aussi nécessaire qu’éclairant. Quant aux sessions de sensibilisation que les deux spécialistes multiplient, elles revêtent un caractère novateur. Ces séances d’information, Véronique Blanchard souhaiterait les voir s’étendre au collège et au lycée, à l’instar des cours d’éducation sexuelle. Et de marteler qu’en apprendre davantage sur le périnée et la manière de le muscler et l’entretenir ne pourra être que bénéfique à l’ensemble de la population.
« Femmes et hommes, tout le monde a un périnée »
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