Depuis onze ans, aucune collecte de sang n’avait été organisée à Saint-Barthélemy. Pour des raisons diverses et variées, le plus souvent d’ordre matériel ou conjoncturel. Une longue attente qui s’est traduite, vendredi 6 et samedi 7 décembre, par une forte affluence dans la grande salle de la capitainerie, à Gustavia. En ce lieu, l’espace d’un après-midi et d’une matinée, l’Etablissement français du sang (EFS) et le Lions Club de Saint-Barthélemy étaient enfin parvenus à mobiliser toutes les énergies pour mettre en place une opération de don du sang.
Sans grande surprise, de nombreuses personnes se sont présentées à la capitainerie pour faire don d’une partie de leur globules rouges, de leurs plaquettes et de leur plasma. Mais les organisateurs ne s’attendaient pas à voir autant de monde franchir les portes de la salle de réunion transformée en point de collecte. « Ça n’a pas arrêté tout au long de la journée de vendredi », s’est ainsi étonné Christian Hardelay du Lions Club. De fait, entre les deux jours de collecte, pas moins de 215 poches de sang ont pu être validées avant d’être expédiées en Guadeloupe sur un vol d’Air Antilles. Une récolte qui ne comptabilise pas les poches non recevables ainsi que les donneurs qui, à leur grande déception, n’ont pu participer après leur entretien avec l’un des deux médecins présents de l’EFS. « Je me suis fait faire un tatouage il y a moins d’un mois, donc je ne peux pas donner mon sang », sourit avec dépit Mathilde, 28 ans, pourtant motivée à son arrivée. « Je pense que c’est important que l’on participe car ça peut sauver des vies, disait-elle alors. Dans les îles, il y a peu de matériel et peu de ressources, donc si on peut aider, il faut le faire. » Assise un peu plus loin dans la file d’attente, Brigitte fait le même constat : « C’est important de le faire pour les autres. J’ai toujours donné mon sang quand j’ai pu. » Sa voisine, Viviane, rebondit : « Moi pareil. Car demain, on ne le sait pas mais on peut en avoir besoin. » Mais pour faire montre d’altruisme, il fallait dans un premier temps faire preuve de patience.
La patience des convaincus
En effet, pour certains, il a fallu attendre plus de deux heures avant même de pouvoir prendre place sur l’un des huit fauteuils installés dans la salle pour la collecte. Compte tenu de l’affluence, les deux médecins et les neuf personnels impliqués dans l’opération ne pouvaient aller plus vite que ne l’impose la prise de sang. « On peut attendre un peu, ça fait onze ans qu’on n’a pas eu de collecte, commente Olivier avec philosophie. Je suis content que ça reprenne et que la population se mobilise. » Rony acquiesce : « C’est quelque chose dont les hôpitaux ont besoin et on aimerait avoir la possibilité de donner plus fréquemment. »
Pour réaliser cette collecte de sang, l’EFS et le Lions Club ont acheminé 800 kilos de matériel jusqu’à Saint-Barthélemy. Tout a été remballé et réexpédié le dimanche soir. Avec la satisfaction du devoir accompli et, déjà, la volonté d’organiser une autre opération du même genre, qui n’aurait pas pu exister sans le concours de nombreux partenaires, des entreprises à la Collectivité.