Au 1er janvier 2018, onze vaccins deviennent obligatoires pour les enfants, au lieu des trois prescrits jusqu’ici.
Depuis le premier jour de 2018, la France devient le pays européen recordman des vaccins obligatoires. Le gouvernement français impose désormais, pour tous les nourrissons qui naîtront à compter de 2018 (la loi n’est pas rétroactive), onze vaccins au lieu des trois prescrits avant cette date.
«Les vaccinations suivantes sont obligatoires, sauf contre-indication médicale reconnue: 1) antidiphtérique ; 2) antitétanique ; 3) antipoliomyélitique ; 4) contre la coqueluche ; 5) contre les infections invasives à haemophilus influenzae de type B ; 6) contre le virus de l’hépatite B ; 7) contre les infections invasives à pneumocoque ; 8) contre le méningocoque de sérogroupe C ; 9) contre la rougeole ; 10) contre les oreillons ; 11) contre la rubéole », indique désormais la loi. A noter que dans la grande majorité des cas, les bébés se faisaient d’ores et déjà prescrire les huit vaccins ajoutés à la liste, qui étaient fortement recommandés par les autorités sanitaires. Avant lundi, seules les protections contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite étaient obligatoires.
Sans vaccination, pas d’école
Les parents devront pouvoir fournir la preuve de ces vaccinations dans toute garderie, école ou centre de loisirs par exemple. S’ils refusent de soumettre leurs enfants aux piqures, ils encourent selon la loi de protection infantile jusqu’à 30.000 euros d’amende et deux ans d’emprisonnement. Mais le gouvernement a promis qu’il n’escomptait pas user de la répression, et n’utiliserait donc pas le levier judiciaire.
Les médecins qui fourniraient aux parents réfractaires de faux certificats pourront être poursuivis pour « faux et usage de faux ». Ainsi le 22 décembre, un généraliste a été radié de la profession pour avoir inscrit sur un carnet de santé qu’il avait vacciné un enfant, sans l’avoir fait.
Cette mesure phare de la ministre de la Santé Agnès Buzyn a donné lieu a de vives polémiques, entraînant une vague forte de contestation menée par de véhéments « anti-vaccins ». La ministre, elle, veut jutement par cette obligation redonner du poids au discours scientifique. «Au-delà du vaccin, c’est l’illustration d’un enjeu essentiel : redonner du crédit à la parole rationnelle, que le discours scientifique reprenne sa place dans la société. Lutter contre une forme d’obscurantisme. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai accepté ce poste », expliquait-elle à Libération il y a quelques semaines.
En effet, après plusieurs campagnes géantes de vaccination ratées (l’hépatite B en 1994 et la grippe H1N1 en 2009 notamment), un climat de méfiance est né au sein de la population, et a entraîné une chute du nombre de vaccinés. Ce phénomène a favorisé plusieurs épidémies ponctuelles, notamment la rougeole.
En plus d’augmenter le nombre de vaccins obligatoires, la loi prévoit aussi d’uniformiser les remboursements. Ainsi, ces nouvelles prescriptions seront remboursées à 100 % : 65% à la charge de la sécurité sociale, 35% de la mutuelle. Pour ceux qui sont dépourvus de complémentaire santé, les centres de PMI pourront administrer gratuitement les vaccins.
JSB 1260