Saint-Barth -

Dépistage du VIH, tout reste à faire

Les épidémies d’infection sexuellement transmissibles, VIH inclus, sont bien plus virulentes aux Antilles qu’en métropole. Pourtant à Saint-Barth très peu d’actions sont menées, en terme de dépistage comme de sensibilisation.

Le week-end dernier, le Sidaction a permis de lever 4,4 millions d’euros de fonds en soutien à la recherche et aux soins apportés aux malades. Le numéro qui permet de faire des promesses de dons, le 110, est ouvert jusqu’au 14 avril. Quelques jours plus tôt, le CNS (conseil national du sida et des hépatites virales) publiait un rapport sur la situation des Antilles et la Guyane face aux infections sexuellement transmissibles.

C’est là que le bât blesse pour Saint-Barthélemy. Aucune donnée n’est disponible pour ce qui concerne notre île. « Certaines des données que l’on évoque incluent Saint-Barth, car parfois elles sont agrégées avec celle de la Guadeloupe », admet Michel Celse, le rapporteur du CNS. « Bien évidemment, Saint-Barth par sa position représente un enjeu majeur sur la question du VIH. » Car si les chiffres propres à notre île sont inconnus, ceux concernant Saint-Martin et la Guadeloupe sont inquiétants. Ainsi, en 2013 (année de recueil des données), les nouvelles infections concernent 7 personnes sur 10.000 dans les deux îles voisines. Le nombre de personnes séropositives sans le savoir (épidémie cachée) est le plus élevé de France en Guyane et en Guadeloupe/ Saint-Martin, avec respectivement 74 et 26 personnes concernées pour 10.000 habitants, contre 6 de moyenne nationale.

Ces chiffres élevés doivent, vu la proximité des îles et les mouvements de population, forcément influer sur ceux de Saint-Barthélemy. Mais les problématiques ne sont pas les mêmes, il est donc difficile de comparer ces diagnostics. « En ce qui concerne les addictions, il y a sans doute à Saint-Barth un mode de consommation différent, plus international », estime Michel Celse. « De même, il n’y a pas que des riches à Saint-Barth, mais moins de population précaire qu’en Guyane, par exemple. »

L’ARS Guadeloupe-îles du Nord (Agence régionale de santé) ne possède pas non plus de données différenciées pour notre île, et renvoie vers la Corevih 971 (Coordination régionale de lutte contre le VIH). « Nous avons très peu de contacts avec Saint-Barthélemy, étant donné qu’il n’y a pas de service spécifique concernant le VIH », indique la coordinatrice administrative Vanessa Tressières. « Deux infirmières de l’hôpital De Bruyn viennent de rejoindre la Corevih. C’est quelque chose que l’on voudrait développer. Cela fait partie de nos objectifs pour cette année 2018 ». La Corevih 971 espère pouvoir rencontrer les professionnels de santé de Saint-Barth pour convenir d’un meilleur dispositif, notamment en matière de dépistage.

Liaisons dangereuses

L’interlocuteur le plus au fait de la problématique du VIH à Saint-Barthélemy est l’association Les Liaisons dangereuses, basée à Saint-Martin. La structure vient de temps en temps proposer des dépistages sur notre île, par le biais de la Croix-Rouge. « On espère faire le déplacement trois ou quatre fois par an », indique Nathalie Clément, directrice de l’association. « C’est un test à résultat rapide : on pique le bout du doigt, et le résultat positif ou négatif est donné en une minute. Pour dissiper la crainte du qu’en dira-t-on, on propose en même temps que le VIH des tests pour le diabète et la tension, qui fonctionnent de la même manière. Toutefois, les personnes qui ont pris des risques et s’inquiètent réellement, on les retrouve à Saint-Martin. Elles font le déplacement. »

Les Liaisons dangereuses interviennent également une fois par an auprès des élèves du collège Mireille-Choisy pour les sensibiliser aux infections sexuellement transmissibles.

Pour se faire dépister ici, donc, deux solutions restent : le laboratoire d’analyse, avec une ordonnance du médecin pour être remboursé, ou alors en payant de sa poche, sans ordonnance (environ 25 euros). Il existe aussi l’auto-test que l’on peut acheter en pharmacie, pour quelques dizaines d’euros. Des solutions, certes, mais qui restent éloignées du dépistage anonyme et gratuit auquel les Français ont tous accès.

JSB 1272

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