Six cas en France, aucun dans les Caraïbes ni en Amérique du Sud, à ce jour. Un paquebot a été dérouté du côté de la Martinique, mais c’était une fausse alerte. La peur du virus semble aussi virulente que le virus lui-même.
C’est un lieu confiné favorable à la propagation de virus. L’an dernier, une épidémie de gastroentérite s’était déclenchée à bord du navire Oasis of the Seas, qui transportait 6.000 personnes dans les Caraïbes. 500 croisiéristes avaient été touchés, la quarantaine déclarée et le voyage annulé.
Alors forcément, avec la peur qui règne autour du coronavirus chinois, les paquebots, ces incubateurs, sont particulièrement sensibles et surveillés. Toutes les précautions sont prises et plusieurs navires de croisière sont restés à l’arrêt dans des ports, au Japon, en Nouvelle-Calédonie ou en Italie, notamment, en raison de passagers fiévreux. Ce week-end, un paquebot de 4.000 passagers a été dérouté de Sainte-Lucie vers la Martinique, par crainte de la présence du coronavirus à bord. L’ARS de Martinique a effectué tous les contrôles sanitaires de rigueur avant d’autoriser le bateau à repartir. A bord, quatre personnes effectivement malades ; deux de la gastroentérite, et deux autres fièvreuses, sans qu’il ne s’agisse du fameux virus 2019-nCov. Le paquebot fait maintenant escale à Philipsburg, sur l’île voisine, et la croisière a pu reprendre normalement.
Épidémie de racisme
L’aéroport Princess Juliana a tenu plusieurs réunions autour du coronavirus et du protocole de précaution en place : rappel des règles d’hygiène, multiplication des postes de gel hydroalcoolique en libre service, sensibilisation des voyageurs. « Nous prenons toutes les mesures de précaution nécessaires et avons établi un plan d’action dans le cas où un cas se présenterait à l'aéroport SXM », rassure le chef d’exploitation de l’aéroport, Michel Hyman, dans un communiqué. A Saint-Barthélemy, un affichage spécifique a été mis en place dans le hall d’arrivée.
Hier, une vidéo de passagers asiatiques, dont deux portant des masques chirurgicaux sur le visage, débarquant à l’aéroport Sint-Maarten Juliana a été publiée sur les réseaux sociaux de Saint-Barth, avec la mention “welcome coronavirus in sxm”. Attention aux raccourcis racistes : ce n’est évidemment pas parce qu’on est asiatique ou qu’on porte un masque que l’on est porteur du virus ! En effet, l’épidémie de xénophobie qui touche la France semble faire autant de tort que le virus lui-même. Elle s’est répandue à d’autres pays occidentaux : les nombreux témoignages d’asiatiques victimes d’actes racistes en France ont trouvé des échos en Australie, en Italie, au Canada…
Plus de 20.000 personnes dans le monde ont été contaminées par ce virus qui provoque une forme de pneumonie, dont six personnes en France métropolitaine. La majorité des malades se trouvent en Chine, et une vingtaine de pays sont touchés au total. Les symptômes provoqués par le virus semblent s’estomper tout seul chez les personnes atteintes, sauf celles déjà fragiles (personnes âgées ou à problèmes respiratoires, notamment). Le coronavirus a pour le moment tué plus de 425 personnes, dont deux hors de Chine.
La France n’a pas instauré de contrôles de température dans les aéroports, considérant, selon la ministre de la Santé, que ce n’était pas un indicateur fiable pour détecter une personne contaminée. Toutefois un cabinet médical a été mis en place à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle à Paris, et chaque passager en provenance de Chine, épicentre du virus, reçoit des consignes et est suivi. Les Français de Wuhan ont été rapatriés, examinés et sont en quarantaine. L’OMS parle d’une épidémie à multiples foyers, mais pas encore de pandémie.
JSB 1361