Hôpital, spécialistes, évacuations sanitaires, bromates… La directrice générale de l’Agence régionale de santé Valérie Denux est venue à Saint-Barthélemy jeudi dernier pour aborder les diverses problématiques sur l’île.
La directrice générale de l’ARS Guadeloupe, Valérie Denux, se rend une fois par mois à Saint-Martin, et tous les deux mois à Saint-Barthélemy. Sa dernière visite, jeudi dernier, est l’occasion de faire un point sur l’actualité santé et sur ses objectifs, moins d’un an après sa prise de fonctions.
Le point bromates
Obligatoire après six mois de restriction de consommation de l’eau de ville, toujours en cours. « Je suis ce sujet avec grande attention, c’est moi qui ait signé la restriction de consommation au mois d’août », assure-t-elle. « Le problème, c’est qu’à Saint-Barthélemy, producteur et distributeur sont obligés de procéder à une surchloration de l’eau, à cause de la température élevée et de la longueur du réseau. La Saur procède à un auto-contrôle qu’elle nous transmet, mais au mois d’août, comme il y avait eu une période de travaux, l’ARS a effectué elle-même des prélèvements. On a découvert un taux de chlore très élevé, et l’institut Pasteur a détecté la présence de bromate. Mes ingénieurs sont venus, la situation ne s’est pas améliorée jusqu’en novembre. »
En novembre, la Saur a mis en place sa nouvelle machine achetée spécialement pour régler le problème, en sortie du réservoir de Colombier. Efficace, sauf qu’elle est tombée en panne. « Le temps qu’ils reçoivent les pièces et la remettent en fonctionnement, nous avons effectué de nouveaux prélèvements, fin décembre. Mais les bromates étaient toujours là. Nous avons donc prévu de refaire des analyses début février. » Sur le silence quasi constant de l’ARS au sujet des bromates, Valérie Denux tient à rassurer : « Il ne se passe pas rien, nous sommes très attentifs au problème, et la Saur est une entreprise sérieuse. Et je crois que les Saint-Barth ont l’habitude de ne pas trop consommer l’eau de ville… »
Pour conclure, la restriction d’ingestion de l’eau demeure en vigueur. Pour une éventuelle levée fin février.
Plus de polyvalence à l’hôpital
Après étude des besoins réels de la population, Valérie Denux a souhaité mettre à plat l’organisation du GHT Saint-Martin Saint-Barthélemy (Groupement hospitalier de territoire), mis en place en 2016. Il s’agit de voir ce qui fonctionne, ou pas, pour effectuer les premiers ajustements.
« Pour Saint-Barthélemy, je crois que les gens ont besoin de plus de polyvalence, pour faciliter l’accès au diagnostic comme au suivi. » Cela se traduit par la venue régulière de spécialistes basés à Saint-Martin voire en Guadeloupe, comme le cardiologue présent chaque semaine, ou l’oncologue qui consulte au moins une fois par mois à l’hôpital De Bruyn. « Saint-Barthélemy comprend un dispositif SSR (Soins de suite et de réadaptation) qui est très peu utilisé. Il s’avère que la population a davantage besoin de médecine générale », poursuit la directrice générale de l’ARS.
Par ailleurs, les malades du cancer pourront bientôt suivre leurs traitements, notamment la chimiothérapie, à Saint-Martin plutôt qu’en Guadeloupe. Les travaux à l’hôpital vont débuter, pour une ouverture fin 2019.
Sur ces sujets comme sur celui des évacuations sanitaires, elle compte renforcer le lien entre les établissements de Saint-Martin et Saint-Barthélemy (qui fonctionnent déjà avec un directeur commun). « On ne fait pas ça pour faire des économies, mais parce que la santé ne peut se penser qu’en réseau. Le but est d’offrir une bonne prise en charge aux patients, qu’ils soient sûrs de pouvoir accéder à des spécialités et des plateaux techniques variés. »
Sur les Evasans, « la triple insularité de Saint-Barthélemy impose des temps de parcours. Il faut être réaliste sur le fait que les conditions de transport sont dépendantes des aléas climatiques. On met l’accent sur le « damage control », c’est à dire le fait de stabiliser le patient le mieux et le plus longtemps possible. »
Un IME pour accueillir les handicapés
Le handicap, quel qu’il soit, « n’est pas bien couvert dans les îles du Nord, il faut le dire », note Valérie Denux. La création d’un pôle médico-social à Saint-Martin est à l’étude, « et le projet comporte une antenne à Saint-Barthélemy, avec notamment un IME (Institut médico-éducatif) sur l’île ».
Reste à définir « la typologie des handicaps à Saint-Barth », et donc le type d’accueil nécessaire. L’association Saint-Barth Handicap estime qu’une trentaine d’enfants et jeunes adultes sont atteints d’un handicap sur l’île.
Une réflexion sur les personnes âgées dépendantes est aussi en cours, la capacité de l’Ehpad n’étant pas illimitée.
Mais qui dit projets de santé dit personnel formé, et pour l’accueillir, des logements. Les soignants de l’hôpital et de l’Ehpad ont déjà du mal à s’installer, entre la rareté et le prix des hébergements à Saint-Barthélemy. « Dans une communauté, on a besoin d’avoir des services. La Collectivité peut vraiment nous aider là dessus. » Lors du dernier conseil territorial, Bruno Magras avait évoqué un projet de logements près de l’hôpital, qui seraient dédiés au personnel médical. « La santé est l’affaire de tous », rappelle Valérie Denux. « La Collectivité est très impliquée, à nous deux, on devrait y arriver ! »
Photo > Valérie Denux et Pascal Godefroy, de l’ARS Guadeloupe, sont venus visiter l’équipe locale, dirigée par Harry Toutoute-Fauconnier.
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