Dans un communiqué daté du 12 novembre, le laboratoire Inovie BioPôle menace de cesser toute intervention à l’hôpital de Bruyn. L’établissement ne règle plus ses factures depuis six mois, ce qui représente des arriérés d’environ 80.000 euros.
«A compter du 22 novembre 2023, le laboratoire BPA Inovie de La Pointe à Gustavia cesse d’intervenir à l’hôpital de Bruyn. » Telle est l’introduction, des plus explicites, du communiqué de presse du 12 novembre rédigé et signé par le docteur Henri Duvert. Un courrier qui ne fait office ni de menace, ni d’ultimatum, mais qui retranscrit une lassitude, voire une exaspération, face à un établissement public qui néglige depuis de long mois le règlement de ses dettes. Ainsi, tout au long du communiqué, le docteur Duvert, médecin biologiste au sein du laboratoire de La Pointe, explique dans le détail les raisons de cette décision.
Dette de 80.000 euros
Tout d’abord, le praticien souligne le fait que « l’activité hospitalière » du laboratoire «est largement déficitaire depuis plusieurs années ». Il ajoute : « Cependant le laboratoire a continué consciencieusement de poursuivre à fonds perdus son activité à la satisfaction de tous. Malgré de nombreuses promesses sollicitées mais jamais tenues, un contrat extrêmement avantageux au seul profit de l’hôpital cette dernière année, plus aucun règlement n’est intervenu de la part de l’hôpital depuis plus de six mois, creusant une dette d’environ 80.000 euros, hors intérêts moratoires. »
Régularisation dans la semaine ?
Contactée par le JSB, la direction des établissements de santé des Iles du Nord a répondu par la « voix » de sa directrice par intérim, Anne Calais. Dans un courriel reçu hier, mercredi 15 novembre, la dirigeante indique : « La situation décrite dans le communiqué résulte de difficultés administratives qui, depuis quelques mois, ont généré des procédures de rejet des mandats de paiement émis en faveur de ce laboratoire. Avec l'aide du trésorier de Saint-Barthélemy, une solution a pu être trouvée. De ce fait, la situation de l'encours dû au laboratoire Inovie BioPôle est en cours de régularisation. En fin de semaine, la totalité des sommes dues sera totalement payée. » Une annonce qui n’a toutefois pas convaincu le docteur Henri Duvert qui n’évoque qu’une « esquisse de solution ». Aussi, la date butoir du 22 novembre pour cesser toute collaboration entre le laboratoire et l’hôpital de Bruyn reste effective et le praticien renvoie à son communiqué du 12 novembre.
Un service minimum
Dans le document, le médecin biologiste incite « très fortement » les patients de Saint-Barthélemy à « se tourner en priorité vers leur médecin généraliste qui a toute compétence pour gérer les premières urgences et éventuellement prescrire des examens complémentaires qui seront pris en charge par le laboratoire ». De fait, il rappelle qu’en cette période marquée par une épidémie de dengue, « seulement sept hospitalisations au cours des deux derniers mois » ont été enregistrées, pour une quarantaine de cas positifs recensés chaque semaine. « Soit un ratio de 2% », constate le praticien.
Néanmoins, « par éthique et conscience professionnelle » et pour « ne pas pénaliser les urgences vitales ou les « evasans », le laboratoire assurera un service minimum sur des paramètres qui seront communiqués aux médecins urgentistes jusqu’à la fin de cette année civile », écrit le docteur Duvert. « Tous les habitants de l’île comprendront que le coût astronomique des dépenses au quotidien de chacun ne nous permet pas de supporter plus longtemps une telle dette abyssale », conclut le praticien.
Pour l’heure, même si la totalité des dettes est épongée avant la fin de la semaine, comme le déclare la directrice par intérim des établissements de santé des Iles du Nord, le laboratoire n’entend plus travailler à perte. D’évidence, les « difficultés administratives » évoquées afin de justifier les six mois sans le moindre paiement ne seront plus accueillies comme une justification recevable par la direction du laboratoire de La Pointe.