Lors de sa visite officielle à Saint-Barthélemy, les 8 et 9 avril, Charlotte Parmentier-Lecocq est allée à la rencontre de tous les acteurs de la santé en rapport avec sa mission : ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap (JSB1611). La représentante du gouvernement s’est notamment entretenue avec les familles des enfants accueillis au sein de l’Institut médico-éducatif d’Anse des Cayes. Puis, après une visite de la Direction territoriale de la cohésion sociale, la ministre s’est assise dans la maison suédoise érigée sous le phare de Gustavia. L’occasion de rencontrer tous les acteurs des organismes et autres associations qui accompagnent les personnes atteintes d’un handicap sur l’île. A commencer par Handi-Relais, par l’intermédiaire de sa présidente Manuella Lédée. Celle-ci a exposé de manière exhaustive l’ensemble des problématiques existantes à Saint-Barth au cours d’une longue intervention.
Une appellation pénalisante
Manuelle Lédée a bien évidemment rappelé les nombreuses actions menées tout au long de l’année par Handi-Relais, qui ne se limitent pas à la manifestation Handi-Color. Dans une approche contextuelle, la présidente a regretté le fait que « l’utilisation, encore aujourd’hui, du terme « Iles du Nord » dans certains documents officiels de l’Agence régionale de santé pénalise régulièrement l’île de Saint-Barthélemy car lorsqu’un appel à projet prévoit, par exemple, la création d’un service ou d’une structure sur le territoire des Iles du Nord, les services sont pensés et créés, en priorité, pour l’île de Saint-Martin ». Même si Manuella Lédée remarque « une évolution positive ». Elle se dit toutefois inquiète, notamment en vue de la répartition des places lors de la création d’une Maison d’accueil spécialisée. «Nous souhaiterions avoir la garantie que le porteur de projet ne puisse en aucun cas envisager de les déplacer vers l’île voisine s’il juge que la mise en place, localement, représente des contraintes qu’il n’avait pas prévues », glisse-t-elle à la ministre.
« Dès le diagnostic, tout se complique »
Manuella Lédée souligne l’engagement financier de la Collectivité depuis de nombreuses années auprès de certaines structures mais aussi des familles. Ces dernières ont également toujours pu, rappelle la présidente de Handi-Relais, « compter sur le soutien de l’équipe du service de la cohésion sociale qui gérait la Maison départementale des personnes handicapées ». Mais elle insiste aussi sur le fait que, à Saint-Barth, « le handicap reste un parcours semé d’embuches » car, « dès la phase de diagnostic, tout se complique ». Voyages en Guadeloupe ou dans l’Hexagone pour consulter des spécialistes, problèmes liés à la scolarisation adaptée, etc.
Elle souligne le manque ou l’absence d’accompagnant des élèves en situation de handicap (AESH), sans lequel « la scolarisation de l’enfant est souvent vouée à l’échec ». Et Manuella Lédée de rappeler à la ministre : « Chaque enfant en situation de handicap dont la scolarisation en milieu ordinaire est une réussite est un enfant de moins pris en charge dans une structure spécialisée. »
La présidente de Handi-Relais revient également sur les retards constatés dans la mise en place des structures annoncées depuis 2022 : l’IME (même s’il a ouvert fin 2023 mais dans des locaux provisoires), la MAS et le Pôle Handicap à Saint-Jean. Elle insiste aussi sur les difficultés qui découlent du «turn over » des personnels. « Il est impératif de repenser certaines variables afin d’attirer et fidéliser les professionnels sur notre île », déclare-t-elle, évoquant la «revalorisation des salaires » comme une solution à explorer.