Saint-Barth -

Lou Rio, la compétition comme moteur

Dans le RER B, Lou ne voit pas les paysages défiler. Depuis Massy-Palaiseau, dans le département de l’Essonne, jusqu’à la station Luxembourg au centre de Paris, la jeune fille a les yeux rivés sur son téléphone. L’objet de toute son attention : la rediffusion des épreuves de qualifications de Formule 1 à Las Vegas. Mais le trajet est trop court. « Je n’ai pas eu le temps de voir les résultats », précise la jeune fille âgée de 23 ans, en dégustant à la cuillère la chantilly qui surplombe sa boisson chaude.
Cette passion pour le sport automobile ne date pas de son enfance. À Saint-Barth, les parents de Lou n’avaient pas l’habitude de faire la sieste devant la Formule 1 le dimanche après-midi. C’est à l’aube de ses 21 ans, alors qu’elle est installée à Toulouse pour ses études, que deux de ses amis lui font découvrir cet univers. Lou est immédiatement conquise. Très vite, l’étudiante s’intéresse aux coulisses de la Formule 1. Quels réglages sont ajustés entre les premiers essais et le Grand prix ? Quels sont tous ces métiers, invisibles à la télévision, qui permettent à des prototypes de rouler à plus de 300 km/h ?

De l’espace au goudron
L’engouement est tel que Lou ne peut pas se contenter de reléguer cette passion à un simple hobby. Elle veut être plongée tous les jours dans le domaine du sport automobile, en somme, en faire son métier. « Comme dit ma mère, on passe trop de temps au travail pour faire quelque chose qu’on n’aime pas », résume-t-elle de son sourire communicatif. Mais à cette époque, Lou a plutôt la tête dans l’espace. Après son lycée dans le Gers, elle a intégré l’IPSA à Toulouse, une école d’ingénieurs aéronautique et spatiale. L’étudiante ne se décourage pas pour autant, elle profite de l’opportunité de son stage de fin d’études pour postuler dans le secteur automobile.
Après plusieurs refus, peu surprenant dans ce secteur niche, Lou finit par être acceptée pour un stage de six mois dans l’équipe de Formule E du constructeur automobile Nissan. L’entreprise japonaise est l’une des 11 équipes qui s’affrontent dans un championnat du monde où roulent des voitures de course électriques. D’un naturel social et joyeux, Lou s’intègre vite à l’équipe. « Elle aime beaucoup partager tous les évènements auxquels elle participe, confirme Dorian Fitton, l’un de ses collègues. Lou est vraiment passionnée par le sport automobile, plus que bon nombre d’entre nous dans l’entreprise. »

Coder et débugger
L’essai est transformé. Lou prolonge son expérience chez Nissan par un CDD de quatre mois qui court jusqu’en décembre 2024. Sur le site de Viry-Châtillon, dans le département de l’Essonne, l’ingénieure répond au poste de Full-Stack Developper. Un métier qu’elle décrit à renfort de mots anglais comme back end, front end ou reporting, ce qui n’aide pas forcément. « Ça consiste à faire du développement d’applications en interne pour automatiser des tâches », précise Lou, comme par exemple faciliter l’analyse de ce qui se déroule sur la piste. Plus concrètement, l’ingénieure passe beaucoup de son temps à créer des lignes de code sur son ordinateur, ou à faire débugger les applications, ajoute-t-elle en riant.
« Lou a une réelle capacité d’adaptation, souligne Dorian Fitton. Son poste à Nissan ne correspond forcément à ce qu’elle a appris avant, mais elle n’hésite pas à aller discuter avec les ingénieurs pour connaitre leurs besoins. » Cette résilience va rapidement être mise à rude épreuve. Lou vient d’apprendre que son CCD ne sera pas renouvelé. Mais il en faut plus pour la départir de son grand sourire. En attendant de trouver un nouvel contrat, la jeune fille s’autorise à rêver grand : elle s’imagine ingénieure performance, système ou encore pneu. Dans tous les cas, le métier de ses rêves lui permettra d’aller en piste, au plus près des voitures.

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Une adepte de la force athlétique
Deux à trois fois par semaine, Lou se rend à la salle de sport pour une séance « rapide » d’une durée de 2h30, ou une session classique de 3h30. Son sport ? La force athlétique. Il s’agit de soulever des poids sur trois mouvements différents. Celle que son coach surnomme “le tracteur” peut porter jusqu'à 140 kilos en squat, 160 kilos en soulevé de terre et 70 kilos en développé couché. Lou a déjà participé à deux compétitions durant lesquelles elle est arrivée à la première place de sa catégorie (elle était la seule compétitrice).

Journal de Saint-Barth N°1594 du 05/12/2024

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