Saint-Barth - 1475-Ministre OM abolition Gwada ©Conseil ge?ne?ral de la Guadeloupe

Pour son premier déplacement officiel, la ministre des outre-mer, Yaël Braun-Pivet, s’est rendue en Guadeloupe et a participé le 27 mais à une cérémonie de commémoration de l’abolition de l’esclavage. ©Conseil Général de la Guadeloupe

Yaël Braun-Pivet « regarde l’Histoire en face » en Guadeloupe

Pour son premier déplacement en qualité de ministre des Outre-mer, Yaël Braun-Pivet s’est rendue en Guadeloupe en fin de semaine dernière
à l’occasion de la commémoration de l’abolition de l’esclavage.

 

La première sortie de la nouvelle ministre des Outre-mer était particulièrement attendue. Notamment en ce mois de mai, marqué par la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Saint-Barthélemy fait exception puisque la date choisie a été le 9 octobre, lorsqu’en 1847 le Royaume de Suède a rendu leur liberté aux esclaves déportés sur l’île. Soit un an avant la deuxième abolition de l’esclavage par la France, en 1848. La première, décrétée en 1794, avait été révoquée par Napoléon Bonaparte en mai 1802. Quoi qu’il en soit, le 27 mai dernier, Yaël Braun-Pivet effectuait sa première sortie officielle dans les Antilles. En Guadeloupe, précisément, où elle a participé à la cérémonie de commémoration de l’abolition qui s’est tenue au fort Delgrès, à Basse-Terre.

« Une exigence de vérité »
Accompagnée des présidents du conseil régional et départemental, mais aussi du maire de Basse-Terre et de nombreuses personnalités de l’île, la ministre des Outre-mer a prononcé quelques mots à l’issue de la cérémonie officielle. « Il faut, je crois, répondre à une exigence de vérité, de clarté et voir également avec les associations, avec la population, comment elles souhaitent que l'on avance pour justement cette histoire, a-t-elle ainsi déclaré. Moi, je crois qu'il faut faire face à son histoire. Elle a du bon et du mauvais. Mais c'est en ne se voilant pas la face qu'on arrive à avancer, qu'on arrive à avancer tous ensemble. » La ministre a également évoqué « les blessures » endurées par les Africains déportés dans des bateaux négriers, avant d’insister sur le fait qu’une « mémoire partagée » est « un remède » contre les discriminations et le racisme. « Un remède qui porte un nom, a-t-elle lancé, la réconciliation. » Et d’ajouter : «Notre République doit être le fer de lance de la lutte contre les trafics d’êtres humains, contre l’esclavage et le travail forcé. Les journées nationales de commémoration des 10 et 23 mai, celles propres à chaque territoire ultramarin, nous invitent à faire vivre une mémoire trop longtemps oubliée. Elles nous invitent à une indispensable communion républicaine. Comme l’a dit le président de la République, le 10 mai dernier, nous devons faire de notre histoire commune non pas un frein mais “un élan”. Notre mémoire commune nous impose de mener ces combats qui nous définissent en tant que Nation. Nous nous inclinons aujourd’hui dans le deuil et le tremblement devant ces lieux de mémoire, ces dates, ces combats. Ils nous appartiennent. Ils sont notre héritage. Il nous revient d’en tirer les leçons et de ne jamais oublier. »

« Un crime contre  l’humanité »
Le site choisi pour la cérémonie s’avère des plus symboliques puisqu’il a été érigé en lieu de mémoire de la révolution de Guadeloupe de 1802. Il porte le nom de Louis Delgrès, officier antillais de l'armée française qui s'était rebellé avec des centaines d'hommes contre le rétablissement de l'esclavage dans les colonies, souhaité par le premier consul Napoléon Bonaparte. Le 28 mai 1802, ils avaient choisi le suicide plutôt que la reddition et un retour aux fers. « L’esclavage est un crime contre l’humanité perpétré pendant des siècles », a rappelé Yaël Braun-Pivet.
La venue de la ministre des outre-mer a été accueillie froidement par le LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon, « Collectif contre l'exploitation outrancière ») qui, comme le rapporte l’Agence France Presse, a « fustigé » le choix de ce lieu pour ce qu'il a appelé une « commémoration coloniale » tenue « sous la haute autorité d'un esclavagiste », le fort abritant la tombe du général Richepanse, venu rétablir l'esclavage en Guadeloupe. Parallèlement, l’AFP indique que le parti socialiste guadeloupéen a souligné que cette visite intervenait « en pleine période de réserve imposée aux ministres » pour cause de campagne des législatives et n'était possible « qu'en lien avec ce temps mémoriel ». Cela ne saurait « faire oublier que la ministre vient également en appui aux candidats de la majorité présidentielle », a-t-il relevé.
Yaël Braun-Pivet a profité de son premier déplacement officiel pour s’engager à faire aboutir le projet de mémorial pour les victimes de l’esclavage, à Saint-Denis, dans le Nord de Paris. Le monument recensera les noms des victimes connues de la traite réunis « grâce au travail extraordinaire mené par les associations depuis 20 ans et coordonné par le professeur Frédéric Régent », a précisé la ministre.

Journal de Saint-Barth N°1475 du 02/06/2022

Deux représentantes de St Barth aux championnats du monde junior
Conseil territorial