L’élu d’opposition lance une association pour travailler sur des projets et idées à soumettre à l’actuelle voire aux futures majorités. S’il se défend de lancer une pré-campagne pour 2022, Xavier Lédée assume le mélange des genres.
Le conseiller territorial Unis pour Saint-Barthélemy, avec le noyau dur de ses colistiers de 2017, plus quelques autres personnes, lance une association dont le but est de recueillir des idées et travailler avec tous ceux qui souhaitent s’investir pour l’avenir de l’île. « Un incubateur d’idées, au delà du côté purement politique », décrit Xavier Lédée. « Par exemple, je discutais il y a deux jours avec un médecin installé sur l’île de longue date, qui avait des suggestions pour améliorer certaines choses dans le domaine de la santé. Beaucoup d’habitants donnent leur avis, leurs idées, sur les réseaux sociaux mais pas seulement. Lors de la campagne en 2017, beaucoup de gens ont travaillé. Et d’autres personnes prennent le train en marche et souhaitent aussi contribuer. Il ne s’agit pas de dire “on est élu ou pas élu, tout s’arrête”. »
« Trois ans, c’est court et c’est long à la fois »Cela ressemble fort à un premier pas vers la constitution d’une liste et d’un programme pour les futures élections territoriales, en 2022. Xavier Lédée s’en défend : ce ne sera pas un parti politique mais une association, ouverte à tous. « 2022, c’est loin pour dire que c’est une préparation aux prochaines élections. Si on me demandait aujourd’hui si je souhaite diriger une liste comme en 2017, je dirais oui. Mais trois ans, c’est court et c’est long à la fois. L’idée est plutôt d’échanger et de pouvoir faire des propositions, à la majorité actuelle et aux futures, qui soient abouties. C’est évident qu’avec la campagne qui date d’il y a deux ans, cela peut être perçu comme une visée électorale... » D’autant plus qu’a priori, l’association (qui doit être constituée à la fin du mois de mars) s’appellera… “Unis pour Saint-Barthélemy”, comme la liste qui avait recueilli 20,56% des voix en 2017. « Nous hésitons encore sur le nom, mais cela éviterait les confusions. Après, adhérer à l’association ne voudra pas dire adhérer à un programme politique ou se positionner pour un candidat », assure Xavier Lédée. Conscient que quoi qu’il en dise, certains ne le verront pas de cet œil. « Des personnes sont déjà venues me voir pour me dire qu’elles étaient intéressées, mais ne voulaient pas que leur nom apparaisse, ce que je peux comprendre. » Une adresse mail sera ouverte pour ces derniers.
« Ouvrir le plus de chantiers possible »Les adhérents de l’association, eux, constitueront des groupes de travail sur différents sujets qui une fois dégrossis pourront être exposés et débattus lors de réunions publiques. « Nous pourrons potentiellement travailler avec d’autres associations, comme celle des habitants de Public, pour imaginer le futur du quartier, par exemple. L’idée est d’ouvrir le plus de chantiers possible. Evidemment, il y aura des thèmes incontournables comme la santé, l’urbanisme, l’environnement. On est toute une série à vouloir continuer le travail de 2017, d’autres veulent prendre le train en marche, sans se soucier de pour qui ils vont voter où s’ils veulent prendre part à la vie politique. Le but n’est pas de concevoir un programme électoral », répète Xavier Lédée. Malgré toute la bonne foi possible, il aura bien du mal à convaincre. Car si nous ne sommes pas encore à mi-mandat, l’échéance de 2022 pointe déjà dans toutes les têtes. Bruno Magras s’arrêtera-t-il vraiment, après près de trente ans à la tête de Saint-Barthélemy ? Si oui, qui pour lui succéder dans la majorité actuelle ? Désignera-t-il un dauphin, ou son équipe devra-t-elle se débrouiller pour identifier et se rallier derrière un autre leader ? Les bruits de couloirs vont déjà bon train sur les ambitions des uns et des autres. Sans compter les nouvelles têtes qui pourraient apparaître dans le paysage politique local.
Xavier Lédée, lui, compte bien continuer sur sa lancée de 2017, où il avait piqué près de 750 voix à l’actuel Président, après deux mois de campagne électorale. Opposant, mais pas contre l’équipe de Bruno Magras (ni des autres listes), son objectif est surtout de rassembler des forces vives prêtes à s’investir pour l’île, afin de définir et ciseler des projets. « Finalement, tout le monde souhaite à peu près la même chose pour notre île. Je suis convaincu qu’il nous reste une fenêtre de tir pour y parvenir. Ce n’est pas dans dix ou quinze ans qu’il faudra se demander ce qu’on veut pour l’avenir de Saint-Barth. »
JSB 1319