Il est rare qu’un membre du gouvernement se déplace sur un territoire d’Outre-mer lorsque la situation y est paisible. Dans la plupart des cas, un problème quelconque nécessite sa présence, son intervention, parfois son arbitrage. Rien de tout cela dans le cadre de la première visite officielle dans les Iles du Nord de Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer auprès du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. De fait, c’est principalement pour prendre part à la 17e conférence de coopération régionale des Antilles-Guyane, qui s’est tenue à Saint-Martin du mardi 23 au jeudi 25 avril, que la ministre déléguée s’est déplacée. Mais aussi, et surtout, pour signer un contrat de convergence et de transformation pour la période 2024-2027 avec le président de la Collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington. Un contrat qui bénéficie d’un financement de 115 millions d’euros partagés entre l’Etat (43,5 millions) et la Collectivité (71,4 millions). Néanmoins, Marie Guévenoux ne pouvait décemment pas consacrer sa première visite officielle uniquement à Saint-Martin. Par conséquent, elle a pris le temps de voguer jusqu’à Saint-Barthélemy, dès le mercredi 24 avril, à bord du patrouilleur des douanes.
Dans un contexte politique local chaotique, la ministre déléguée a commencé sa visite par un pot d’accueil en l’hôtel de la Collectivité. Une cérémonie officiellement détendue qui avait pour objectif de rencontrer les élus. Sans doute entretenue par son cabinet de l’ambiance et des conflits qui agitent la Collectivité, Marie Guévenoux n’a donc certainement pas été surprise de n’être présentée qu’à une petite partie des conseillers territoriaux. Parmi les quelques présents : le président Xavier Lédée, la sénatrice Micheline Jacques, la première et la deuxième vice-présidente Marie-Hélène Bernier et Bettina Cointre, Caroline Maurel, Romaric Magras et Alexandra Questel. L’ancien président Bruno Magras était aussi de la « partie ».
Le lendemain matin, Marie Guévenoux s’est rendue à Saline afin d’inaugurer l’abattoir à cabris financé par la Collectivité et monté par l’association Island Nature Experience (INE, lire JSB 1564). La ministre déléguée a ensuite enchainé par une rencontre avec l’équipe éducative du Centre de formation des apprentis, au collège Mireille Choisy. Ce, en présence de la rectrice et du vice-recteur. Une belle occasion pour l’équipe du CFA de présenter dans le détail le fonctionnement d’un établissement unique en son genre. Après quelques échanges avec des apprentis, Marie Guévenoux a procédé à une revue des troupes à la brigade de la gendarmerie. Elle s’y est longuement entretenue avec le colonel Wintzer, commandant des forces de gendarmerie dans les Iles du Nord.
« Saint-Barthélemy est une île très différente des autres, remarque la ministre déléguée. Elle a une situation exceptionnelle. Un pari risqué a été porté par le président Magras pour en faire un PTOM (Pays et territoire d’Outre-mer). Une vision extrêmement responsable. » Sur le commandement de gendarmerie, Marie Guévenoux a souligné la volonté de l’Etat de « s’engager fortement » contre le trafic d’armes et de stupéfiants dans la Caraïbe. Elle a également souligné l’intérêt environnemental du projet d’abattoir. « Une réponse de bon sens contre la divagation des animaux en grand nombre », a-t-elle assuré. Enfin, elle a loué le travail réalisé au sein du CFA. « Il y a un enjeu à relever au niveau de la formation des jeunes, a-t-elle insisté. Le CFA propose une réponse sur-mesure. Je ne connais pas de CFA en France qui a cette multiplicité de formations et cet accompagnement. Grâce notamment au lien que la directrice d’établissement et son équipe ont su tisser avec les entreprises locales. »
Enfin, sur la création d’une préfecture de plein exercice pour les Iles du Nord, la ministre a déclaré : « Le dossier avance très bien. Une réunion interministérielle aura lieu début mai. » Une annonce du ministre de l’Intérieur devrait intervenir dans les prochaines semaines.