Philippe Vigier, ministre délégué chargé des Outre-mer, a effectué sa première visite officielle à Saint-Barthélemy jeudi 26 et vendredi 27 octobre. Inauguration de la Maison de la santé, échanges avec les élus, rencontres diverses, le ministre s’est montré à l’écoute pour ses premiers pas sur l’île. Il a également pris des engagements, principalement sur le dossier santé.
Pour aborder les questions de santé qui taraudent les élus de la Collectivité depuis de longs mois, il n’y avait sans doute pas meilleur interlocuteur que le ministre délégué chargé des Outre-mer. En raison de sa fonction, bien entendu, mais aussi et surtout parce que Philippe Vigier est biologiste, docteur en pharmacie et ancien directeur de laboratoires d’analyses médicales. Un spécialiste, en somme. Aussi, pour sa première visite officielle à Saint-Barthélemy, les 26 et 27 octobre, le représentant du gouvernement ne pouvait être plus à l’aise qu’à l’heure d’inaugurer la Maison de la santé implantée au Centre Elvina, à Saint-Jean.
« L’accès aux soins est un problème que l’on rencontre partout, a commencé par déclarer le ministre. Même si le nombre de médecins et des professionnels formés a augmenté, il y existe des difficultés en termes d’attractivité des carrières. Quand dix sont formés, un seul s’installe. En 2023, il y a moins de médecins qu’il y a trente ans. Mais les pouvoirs publics ne sont pas restés les bras ballants. Le numerus clausus a été ouvert (instauré en 1971 afin de limiter le nombre d’admissions dans les études de santé, il a été supprimé en 2020, ndlr) et des Maisons de santé ont été construites un peu partout. » Principalement avec des aides de l’État. Philippe Vigier n’a donc pas eu de mots assez forts pour féliciter la Collectivité pour son initiative. « Ce que vous faites est un exemple, bravo, a lancé le ministre. Il faut de la complémentarité entre le public et le privé, décloisonner. Et la mise en place de la télémédecine est une très bonne chose. » Difficile d’imaginer déclaration plus satisfaisante pour Marie-Hélène Bernier, première vice-présidente de la Collectivité et grande instigatrice du projet de Maison de la santé.
Si elle a eu la légitime mission de prononcer le discours d’inauguration, l’élue n’a toutefois pas tiré la couverture à elle. « Depuis 19 mois, la majorité montre sa détermination pour faire évoluer l'offre de soins à Saint-Barthélemy », a-t-elle déclaré. Elle mentionne « plusieurs projets en cours » et prend soin d’évoquer le diagnostic territorial de santé, « qui a mis en lumière les forces et faiblesses de notre système de santé ainsi que les axes prioritaires de travail pour faire évoluer cette fameuse offre de soins ». Marie-Hélène Bernier a ainsi rappelé le manque de spécialistes et ses « impacts directs sur la santé et l’espérance de vie des habitants et des visiteurs » de Saint-Barthélemy, les voyages à Saint-Martin, en Guadeloupe et parfois dans l’Hexagone auxquels sont contraints des patients, etc. Mais elle a surtout insisté sur les travaux entrepris pour conférer une attractivité à la nouvelle Maison de la santé.
« Des partenariats sont en cours avec l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris, ndlr) qui regroupe 38 hôpitaux et l’hôpital Foch pour la venue de spécialistes mais aussi pour les consultations de télé médecine », a-t-elle précisé, non sans remercier « les membres et généreux donateurs » du Femur (Fondation pour l'équipement médical d'urgence) qui s’est fendu d’une donation de 100.000 euros pour l’achat de matériel. Il va sans dire qu’elle n’a pas omis de remercier le préfet des Iles du Nord, Vincent Berton, « pour son soutien », ainsi que le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), Laurent Legendart, mais également son collaborateur au sein du cabinet de la Collectivité, Benjamin Vigneron. Mais l’élue s’est également tournée vers l’avenir.
Marie-Hélène Bernier a ainsi évoqué le projet de Pôle santé à Saint-Jean, « véritable Hub médical », l’amélioration du dispositif d’évacuation sanitaire (un avis de marché pour la prestation de transport aérien a été lancé par la direction de l’hôpital Fleming le 25 septembre dernier, JSB 1535) ou encore la régularisation du foncier de l’hôpital Irénée de Bruyn « en faveur de Saint-Barthélemy ». Un dernier dossier sur lequel Philippe Vigier entend bien se pencher dès son retour à Paris. « Je ne comprends pas que l’on n’ait pas réglé ça depuis quinze ans », a-t-il lancé lors de l’inauguration.
Enfin, le ministre s’est également engagé à suivre de près l’utilisation des 4,7 millions d’euros attribués lors du Ségur de la santé et destinés à la rénovation du centre hospitalier de Saint-Barthélemy. Et de réaffirmer, avant de couper le ruban tricolore : « La Santé, c’est l’État. »
Philippe Vigier estime « normal » que le foncier de l’hôpital revienne à Saint-Barth Interrogé sur la question du foncier de l’hôpital de Bruyn, le ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, a déclaré : «J’ai été saisi par les élus de la Collectivité, les parlementaires. C’est une difficulté récurrente depuis 2007, qui n’a jamais été tranchée. Avec les préfets, le département de la Guadeloupe, nous allons essayer de trouver une solution ensemble. Ce serait normal que le foncier n’appartienne plus à la Guadeloupe mais à Saint-Barthélemy. » |
A la rencontre des associations Pour clore sa première visite à Saint-Barthélemy, le ministre délégué chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, est allé à la rencontre des présidents et représentants des associations de l’île. Des échanges qui se sont tenus autour d’un petit déjeuner dans un restaurant de Gustavia. Le ministre a ainsi pu prendre connaissance de diverses doléances. Au-delà des difficultés structurelles, ce sont les problèmes liés au financement des déplacements qui ont émergés lors des interventions des uns et des autres. Principalement en raison des tarifs exorbitants des billets d’avion. Qu’elles soient sportives ou culturelles, les associations ont insisté sur « les coûts très importants » qu’elles doivent endosser lorsqu’il faut envoyer des jeunes à l’extérieur de l’île, ou quand elles souhaitent financer des venues. L’association Handi-relai a insisté sur le fait qu’à Saint-Barth, « on ne peut pas se déplacer dans les villages d’à côté pour avoir accès à des services ». Et la sénatrice Micheline Jacques de regretter la suppression de la réserve parlementaire, que son prédécesseur Michel Magras n’hésitait pas à utiliser pour soutenir financièrement les projets des associations locales. Magali Maxor, pour la Collectivité, a par ailleurs souligné que le fonds d’échange à but éducatif, culturel et sportif (Febecs) a été réduit à 90.000 euros pour les Iles du Nord. Très insuffisant, par conséquent, pour financer les déplacements. Une visite de « curiosité » à la Sidem Si le programme de la visite ministérielle était réglé comme du papier à musique, Philippe Vigier s’est accordé quelques temps longs imprévus mais aussi une « inspection » de curiosité. Celle-ci a eu lieu à la Sidem, à Public. Le ministre a souhaité connaître le fonctionnement de l’usine de dessalement et de production d’eau potable de l’île. Notamment en prévision d’un voyage officiel prochain à Mayotte (finalement repoussé en raison du passage annoncé de la tempête Ciaran), un territoire qui souffre de ses infrastructures vétustes et inadaptées en termes d’alimentation en eau potable. Philippe Vigier a donc plongé au cœur de l’usine en compagnie de sa délégation, tout en bombardant de questions le directeur de la Sidem, Laurent Berry, et la directrice des services techniques de la Collectivité, Sophie Durand-Olivaud. Xavier Lédée : « La situation doit se débloquer » |