Saint-Barth - manuel valls ministre outremer

Une visite au pas de charge pour Manuel Valls

Depuis mars 2022 et l’accession au pouvoir de la nouvelle gouvernance de Saint-Barthélemy, Manuel Valls est le quatrième ministre des Outre-mer à poser les pieds sur l’île. La liste des locataires de la rue Oudinot (à Paris, où se situe le ministère des Outre-mer) est toutefois plus longue puisqu’en trois ans, pas moins de cinq ministres s’y sont succédé. Jean-François Carenco, Philippe Vigier et Marie Guevenoux ont eu le temps de venir jusqu’à Saint-Barthélemy, tandis que Yaël Braun-Pivet et François-Noël Buffet ont à peine eu le temps d’admirer les dorures de l’hôtel de Montmorin. Quoi qu’il en soit, le samedi 15 mars, Manuel Valls a bien atterri à Saint-Barth après un passage à Saint-Martin et avant de s’envoler pour la Guadeloupe et la Martinique.
La visite de l’ancien premier ministre (2014 à 2016, gouvernement de Jean-Marc Ayrault) s’est déroulée au pas de charge. Une arrivée peu après 9 heures et un départ peu avant 13 heures, avec un programme ponctué de “séquences” courtes. La plus longue a sans doute été la première, en l’hôtel de la Collectivité.

Sécurité, logement, énergie
Peu après 9h30, le ministre pénètre dans le bureau du président Xavier Lédée en compagnie du préfet Cyrille Le Vely. L’entretien va durer près de trente minutes. Au sortir de cet échange, sur la terrasse de l’hôtel de la Collectivité où sont rassemblés les élus et des représentants de la société civile, Manuel Valls résume la teneur de la discussion. Les questions de sécurité et de vie chère sont mentionnées, tout comme les risques causés par le narco trafic, « qui s’infiltre partout avec des sommes d’argent massives et représente un danger », a insisté le ministre. Manuel Valls évoque également la problématique du logement. Un dossier qui n’a guère évolué depuis trois ans, ni du côté de l’État ni au sein de la Collectivité, puisque les difficultés liées à l’hébergement restent inchangées pour les personnels de l’éducation nationale ou les soignants, ainsi que pour ceux du Stis (Service territorial d’incendie et de secours) et de la police territoriale.
Le ministre des Outre-mer souligne la présence de l’État avec un préfet de plein exercice, la nécessité de renforcer l’action judiciaire, mais aussi d’accompagner la Collectivité sur les dossiers d’importance qui la concerne directement. « Le logement, l’hôpital et la santé, les déchets, l’eau et l’électricité», énumère Manuel Valls qui ne comprend pas la raison pour laquelle le dossier de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) est à l’arrêt depuis des mois. « C’est un mystère pour moi et on va essayer d’avancer, déclare-t-il. La CRE (Commission de régulation de l’énergie) est prête et il faut avancer pour que vous ayez des réponses à vos questions. »
« Vous n’êtes pas isolés
du monde »
Pour sa première visite officielle à Saint-Barthélemy, Manuel Valls s’est voulu rassurant sur un point qui soulève régulièrement des inquiétudes depuis quelques mois. «Vous avez des ressources importantes, l’État ne va pas vous les prendre, assure le ministre. Même si la situation financière de l’État fait que, dès qu’il y a de l’argent en plus quelque part, le ministre regarde ça de près. Non, je plaisante bien sûr. Vous avez un modèle qu’il faut préserver en termes d’équilibre de ­l’environnement, de santé, de logement, de comportement. Vous n’êtes pas isolés du monde, dans un espace qui bouge énormément ces derniers temps avec la nouvelle administration Trump. Cela peut avoir des conséquences économiques et commerciales. Il peut y avoir une guerre commerciale avec tout ce qu’il se passe dans la zone. » Un regard sur l’évolution géopolitique qui est suivi par une réflexion adressée directement aux élus de la Collectivité.


« Un conseil de stabilité »
Deux jours avant un conseil territorial historique consacré au vote d’une motion de défiance (lire page 2), le ministre des Outre-mer prononce ces quelques mots : «Je n’ose donner un conseil de stabilité. Je ne veux pas me mêler de sujets qui sont les vôtres. Mais cette stabilité, elle est importante pour moi, comme ministre. » Un appel à la raison que le ministre a renouvelé quelques minutes plus tard lors d’un échange avec la presse. « Je suis très respectueux de l’autonomie et de l’indépendance des élus, a-t-il affirmé. Le seul conseil que je puisse donner est que les élus en responsabilité, face à des citoyens qui sont toujours défiants par rapport aux responsables politiques, aient conscience qu’il faut préserver l’intérêt général. C’est à eux de décider. Il reste encore deux ans avant le prochain renouvellement. Mais ils feront comme ils l’entendent, c’est de leur responsabilité. » Dans la foulée, toujours sur la terrasse de la Collectivité, le ministre s’est entretenu en aparté avec la sénatrice Micheline Jacques (du groupe Saint-Barth d’Abord) puis avec la première vice-présidente, Marie-Hélène Bernier (du groupe Action-Équilibre qui était le dépositaire de la motion de défiance). Manuel Valls aura sans doute été rassuré d’apprendre que la motion de défiance a été rejetée.
La visite ministérielle s'est poursuivie par un passage à la brigade de la gendarmerie à Gustavia, un rapide coup d'œil à l'intérieur du site de propreté de Paprec à Public et, pour finir, une découverte de la nouvelle caserne du Service territorial d'incendie et de secours, à Saint-Jean. Manuel Valls s'est ensuite envolé pour la Guadeloupe, où il est resté deux jours avant d'effectuer une visite, également de deux jours, à la Martinique.

 

Journal de Saint-Barth N°1608 du 20/03/2025

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