Saint-Barth -

Un débat d’orientation budgétaire qui tourne (presque) au vinaigre

La séance a été longue et, de l’avis de plusieurs observateurs, parfois fastidieuse. Tel est le lot traditionnel du débat d’orientation budgétaire (DOB), à défaut d’être celui d’un conseil territorial. Toutefois, lundi 6 mars, la réunion des élus en l’hôtel de la Collectivité a bien failli tourner au vinaigre en fin de séance lorsque le ton est sérieusement monté entre le président, Xavier Lédée, et son principal opposant, Romaric Magras. Une « prise de bec » qui s’est néanmoins soldée sans que des noms d’oiseaux soient échangés.
L’affaire avait pourtant bien commencé. Pour détailler le DOB, Xavier Lédée et son équipe avait pris la décision de confier à chaque conseiller de la majorité la charge d’intervenir sur les dossiers dont il s’occupe. A Marie-Hélène Bernier la santé et la sécurité, à Maxime Desouches l’énergie, à Dimitri Lédée les transports, etc. Une formule inédite qui a eu le mérite de conférer une relative incarnation aux nouveaux élus majoritaires. Une petite incompréhension de départ va toutefois mettre le feu aux poudres.

Le président s’agace
En effet, lorsque Romaric Magras souhaite intervenir après la présentation de Marie-Hélène Bernier pour évoquer l’abandon du projet de transfert des écoles de Gustavia à Saint-Jean, Xavier Lédée l’interrompt en précisant que les questions pourront être posées à la fin des interventions. Le président songe alors à des commentaires après chaque thème abordé. L’opposition a compris qu’elle ne pouvait intervenir qu’à la toute fin des exposés. Alors, quand Romaric Magras prend la parole pour donner lecture de son texte, suivi par Micheline Jacques puis Francius Matignon, effectivement le président s’agace.
Xavier Lédée remarque que les interventions auraient pu se faire au fur et à mesure de la présentation, avant de tancer l’opposition pour son incapacité à s’adapter aux réponses déjà apportées précédemment. De cette incompréhension nait un soupçon de chaos verbal.
Fort heureusement, Marie-Hélène Bernier dans un premier temps puis Maxime Desouches dans un second, apaisent les esprits. Et quand Alexandra Questel, élue d’opposition pour Saint-Barth d’Abord, exprime sa désolation face à « l’abandon de la délocalisation des écoles », un projet qui, selon elle, « est une priorité et devrait être inscrit au budget », Maxime Desouches reprend la parole. En sa qualité d’ancien au sein du conseil territorial, il rappelle, péremptoire : « Le projet de délocalisation était au programme en 2007. Rien n'a été fait en quinze ans. On ne pourra pas aller moins vite. » Et d’ajouter, doigt levé et s’adressant aux membres de l’opposition : « Attention, si vous êtes méchants, je peux parler de l’aménagement du territoire depuis 2001. » De quoi doucher les ardeurs du plus véhément des opposants. Au final, le DOB a bien été accepté par tous les conseillers territoriaux. Fort heureusement, les échanges ont été plus sereins lors de l’examen des autres points inscrits à l’ordre du jour.

Avances sur subventions
Pour exemple, l’approbation du règlement qui fixe les conditions de proposition de bail des logements que la Collectivité met à disposition des enseignants à des tarifs préférentiels. « Le problème est qu’il n’y avait pas de cadre, commente Xavier Lédée, ce qui crée parfois des situations compliquées. » Chargé des Affaires scolaires, Francius Matignon abonde effectivement dans le sens du président, et précise : « Ce choix permettra de diminuer certaines inégalités. » Xavier Lédée ajoute : « Tant qu’il n’y aura pas d’autres solutions, la Collectivité sera aux côtés des enseignants ». Autre point dénué de discorde, la validation du projet pédagogique d’inclusion de l’agriculture en milieu ­scolaire.
Sans discorde, certes, mais avec une surprise. Effectivement, Francius Matignon annonce son intention de s’abstenir lors du vote. « J’aurais préféré que l’on prenne plus de temps pour étudier les devis qui nous ont été envoyés. » Tous les élus de Saint-Barth d’Abord suivent et s’abstiennent lors du vote, à l’exception de Rudi Laplace, sorti de la salle car partie prenante dans le projet. Quatre d’entre eux (Romaric Magras, Alexandra Questel, Francius Matignon et Sandra Baptiste), s’abstiennent encore lors du vote de modifications apportées au règlement du marché. Comme le passage de quatre étals réservés aux associations contre un seul actuellement.
Enfin, cette fois à l’unanimité, les élus ont entériné le versement d’avance sur subventions à l’Agence territoriale de l’environnement (à hauteur de 166.000 euros), à la Chambre économique multiprofessionnelle (526.785 euros), au Conseil économique, social, culturel et environnemental (397.000 euros) et au Comité du tourisme (40.000 euros).

Journal de Saint-Barth N°1510 du 10/03/2023

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