Saint-Barth -

La Sénatrice Micheline Jacques, le président Xavier Lédée, le préfet Vincent Berton, le président du département de Guadeloupe Guy Losbar et le député des Iles du Nord, Frantz Gumbs, lors de la cérémonie devant le monument aux morts, le mercredi 24 août, à Gustavia.

Un 24 août aussi festif que politique

La traditionnelle fête de Saint-Barthélemy du 24 août a comme chaque année été animée par les cérémonies officielles et les nombreuses ­festivités organisées par la Collectivité et les associations de l’île. Elle a également été marquée par des discours très politiques de la part des élus.

Pour sa première fête de la Saint-Barthélemy, la nouvelle majorité territoriale a pris soin de respecter les traditions tout en s’efforçant de mettre « les petits plats dans les grands » en proposant de nombreuses activités récréatives et festives à la population. Parallèlement, l’incontournable cérémonie des discours a été marquée par différentes prises de parole, au premier rang desquelles celle du nouveau président de la Collectivité.
Xavier Lédée a donc étalonné ses galons de président dans la salle des délibérations de l’hôtel de la Collectivité. Après la messe matinale et surtout la cérémonie devant le monument aux morts, sous un soleil de plomb, les officiels comme le public avaient besoin d’un peu de fraîcheur. Le parvis extérieur a donc été délaissé pour cette année. Encore une nouveauté.
Sous les yeux de son illustre prédécesseur Bruno Magras, discrètement assis dans les derniers rangs de la salle, Xavier Lédée s’est fendu d’une allocution aussi longue qu’exhaustive dont la forme, à défaut du fond, n’a sans doute pas déplu à l’éternel premier président de la Collectivité. Cinq mois après sa prise de fonction, Xavier Lédée a évoqué dans le détail l’ensemble des dossiers d’importance sur lesquels la nouvelle équipe dirigeante planche avec assiduité. Mais avant, il a pris de rendre un hommage appuyé à ses prédécesseurs : Charles Querrard, Daniel Blanchard et, bien entendu, Bruno Magras. Il a ensuite déroulé son discours en abordant des thèmes aussi cruciaux que la maîtrise de l’énergie (« Nous devons préserver notre belle île, en affirmant notre différence, en optant pour un modèle résolument vertueux qui s’appuie sur la responsabilité individuelle et le vouloir vivre ensemble », a-t-il notamment déclaré), le foncier (« Depuis plusieurs années, la Collectivité a mené une politique d’acquisition à laquelle j’adhère pleinement. Je m’inscrirai dans la continuité, ceci notamment pour protéger nos espaces naturels remarquables. »), l’éducation (« Nous soutenons les projets de formation. ») et, enfin, la sécurité (« La bonne coordination entre police territoriale et gendarmerie est essentielle. Il ne peut en être autrement pour lutter contre la délinquance et les actes de violence. »).
Xavier Lédée s’est ensuite avancé sur un terrain qu’il n’a guère encore foulé depuis son accession à la présidence : la volonté d’obtenir plus d’autonomie pour Saint-Barthélemy. « L’identité de Saint-Barthélemy, autant que nos origines ou que notre histoire, c’est notre sens de la responsabilité, a-t-il ainsi déclaré. Nos valeurs, ce sont celles de l’autonomie, du sens de l’effort, de la solidarité insulaire et du travail. Toutes celles et ceux qui sont arrivés à Saint-Barthélemy avec ces valeurs y ont prospéré et ont trouvé leur place sur ce petit territoire. J’entends démontrer qu’en assumant plus de compétences, la conduite de la politique de ce territoire sera plus efficace et plus moderne. Plus de responsabilités, c’est maîtriser notre développement et notre avenir. Je n’ai pas de doute qu’il s’agit de la seule voie possible aujourd’hui. »

Micheline Jacques, la politique
Sous des applaudissements soutenus, le président a cédé le pupitre et le micro à la sénatrice de Saint-Barthélemy, Micheline Jacques, qui est également élue d’opposition au sein du conseil territorial. La parlementaire a délivré un discours éminemment politique. Une intervention aux multiples résonances. Tout d’abord, Micheline Jacques s’est positionnée en qualité d’ancienne élue de la majorité territoriale en rendant un vibrant hommage à Bruno Magras et à son héritage budgétaire, structurel et politique. « Surtout, a-t-elle dit, le principe d’autonomie qui a guidé l’action du quotidien et la vision à long terme est une certaine idée de la responsabilité locale et de la relation avec l’État : se doter des moyens d’assumer tout ce qui peut l’être localement et, dans ces domaines, accepter l’aide de l’État, s’il la propose. »
Elle a ensuite fait valoir son statut de parlementaire en évoquant les dossiers - particulièrement celui de la santé - sur lesquels elle est directement intervenue auprès du Sénat et du gouvernement. Et de rappeler à ceux qui auraient tendance à l’oublier, notamment dans les rangs de la nouvelle majorité, l’importance de son rôle de sénatrice dans la résolution des problématiques de Saint-Barthélemy : « Les élections législatives n’ayant pas, comme chacun sait, permis de dégager une majorité claire à l’Assemblée nationale, le Sénat joue pleinement son rôle d’assemblée de « sages », les débats s’y déroulant dans une ambiance nettement plus calme. Je sais pour ma part pouvoir compter sur le soutien de la majorité sénatoriale à laquelle j’appartiens. Ainsi, au sein de la Délégation sénatoriale aux outre-mer, j’aurai l’honneur et la lourde tâche d’engager la suite des travaux de Michel Magras sur la différenciation territoriale. »

Expérience et décontraction pour Frantz Gumbs
Si l’intervention de la sénatrice a été applaudie, ce ne fut pas par les élus de la majorité territoriale assis au premier rang. D’évidence surpris par le ton et l’orientation du discours de Micheline Jacques, ils sont restés pour le moins interloqués. Fort heureusement, le député des Iles du Nord, Frantz Gumbs, a su rapidement détendre l’atmosphère. Homme d’expérience, il maîtrise l’exercice du passage sur les estrades. Décontracté, il transmet les salutations du président de Saint-Martin, Louis Mussington, et remercie les électeurs de Saint-Barth pour son élection. « J’ai la responsabilité de bien défendre vos intérêts et respecter ma parole», lance-t-il avant d’énumérer les sujets qu’il lui faudra aborder lors de son mandat (santé, vie chère, autonomie élargie...). Il termine sur une nouvelle note de détente en remarquant : «Il n’y a que trois personnes dans cette salle dont la juridiction est constituée des îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy : votre député, monsieur le préfet et Miss Saint-Martin et Saint-Barthélemy. »
Enfin, comme le veut le protocole, c’est le représentant de l’État qui a pris la parole en dernier. Le préfet délégué des Iles du Nord, Vincent Berton, a ainsi rappelé le rôle de l’État. « Il exercera toutes ses responsabilités pour vous garantir la sécurité, la tranquillité et une douceur de vivre qui fait le rayonnement de Saint-Barthélemy, a-t-il assuré. Il ne s’agit pas pour l’Etat d’appliquer bêtement des réglementations nationales qui feraient fi des particularités de Saint-Barth. C’est dans le respect de cette autonomie que l’État exercera sa présence. »
La cérémonie s’est bien évidemment prolongée autour d’un buffet et de quelques verres « de l’amitié ». Les festivités composées de nombreuses activités ont ensuite pu se tenir tout au long de la journée, jusqu’au feu d’artifice en début de soirée et un grand concert sur les quais du port de Gustavia.

 

Journal de Saint-Barth N°1483 du 01/09/2022

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