Saint-Barth -

Sans France Ô, seulement 0,3% d’ultramarins à la télévision

La délégation sénatoriale aux outre-mer conduite par Michel Magras a rendu son rapport sur la visibilité de l’outre-mer à la télévision. Le diagnostic est affligeant.


Le gouvernement a acté la disparition de France Ô, une mesure économique autant qu’idéologique : pour le ministre de la Culture Franck Riester, le simple fait d’avoir une chaîne dédiée est une inégalité de traitement entre métropolitain et ultramarin, en gros, puisqu’elle devient un prétexte aux grandes chaînes pour éluder l’outre-mer. La délégation outre-mer du Sénat, présidée par Michel Magras, a lancé une étude sur la question. «Nous ne sommes pas dans un petit sujet. Peut-on avoir une citoyenneté sans une vraie visibilité ? », questionne Maurice Antiste, sénateur de Martinique. 58 personnes ont été reçues pour plus de trente heures d’audition au total. Une consultation en ligne a reçu 5.819 réponses, dont 96% prônent le maintien de France Ô. 

Constat : sans France Ô, la proportion de personnes ultramarins visibles sur France Télévisions est de 0,3%. Avec France Ô, elle monte à 9%. Une visibilité « au mieux marginale, au pire inexistante ».
Au terme de son rapport, la délégation liste vingt recommandations. Notamment le renforcement du réseau La 1re, mais aussi des objectifs minimums : chaque saison, au moins un programme essentiellement dédié aux outre-mer par semaine en soirée, au moins un numéro de chaque magazine hebdomadaire économique, social ou culturel dédié aux outre-mer et un par mois pour les émissions quotidiennes, toute l’année un bulletin d’informations outre-mer dans le JT de 13 heures de France 3, etc.
En revanche, la délégation réfute l’idée des quotas obligatoires. « Nous ne pouvons pas parler de quotas quand il s’agit d’outre-mer. Pourquoi serais-je un quota par rapport à la Bretagne ? Et entre ultramarins, devra-t-on décompter les quotas martiniquais des quotas de Saint-Barthélémy ? » argue Victoire Jasmin, sénatrice socialiste de la Guadeloupe, interrogée par Public Sénat. « Je ne sais pas quelle suite sera donnée à ce travail. Mais nous ne comprendrions pas qu’il laisse indifférent alors que l’on ne parle que d’écoute et de grand débat sur les chaînes d’information en continu », conclut Michel Magras.

Journal de Saint-Barth N°1324 du 18/04/2019

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