Le Gouvernement a placé Saint-Barthélemy en état d’urgence sanitaire. Une mesure qui est officiellement entrée en vigueur mercredi à minuit et qui découle d’une hausse du nombre de cas de Covid qualifiée de « spectaculaire » par l’Agence régionale de santé.
La menace planait sur Saint-Barthélemy depuis le milieu de la semaine dernière. Lorsque l’Agence de santé (ARS) a révélé vendredi 23 juillet que plus d’une centaine de nouveaux diagnostics positifs avaient été enregistrés sur l’île, il ne faisait guère de doute que ce bilan allait avoir des conséquences. De fait, le samedi, avant même de connaître le bilan définitif de la semaine, le Gouvernement a pris la décision d’instaurer l’état d’urgence sanitaire à Saint-Barth (Une mesure qui n’est officiellement entrée en vigueur que mercredi à minuit et qui doit s’étendre jusqu’au 30 septembre). Dimanche, c’est avec le recensement de 169 nouveaux cas que la semaine s’est achevée.
« L’accélération de la circulation et de la transmission va peser, à court terme, sur notre système de santé, a déclaré Paul Guibert, directeur territorial de l’ARS, dès vendredi dernier. Il faut donc freiner, autant que possible, la progression du virus et casser les chaînes de contamination, en renforçant notre vigilance collective, particulièrement en observant scrupuleusement les gestes barrière. » Des précautions qui n’étaient plus guère respectées depuis plusieurs semaines.
Le public « touché » par le virus lors de cette semaine de « flambée » est majoritairement, selon l’ARS, âgé de 20 à 30 ans. « Beaucoup de saisonniers et de jeunes qui sont rentrés sur le territoire pour les vacances », constate le directeur de l’ARS, qui précise : « Pour le moment, cette flambée n’a pas d’impact sur le centre hospitalier puisque le public touché n’est pas le plus fragile. » Néanmoins, même s’il ne s’agissait pas de forme grave de la maladie, l’hôpital De Bruyn a vu passer onze patients atteints du Covid en début de semaine. Deux sont actuellement hospitalisés.
L’état d’urgence sanitaire a pour particularité de conférer davantage de « flexibilité » au préfet, qui a ainsi les coudées franches pour prendre des mesures qu’il estime être en adéquation avec la gravité de la situation. Un pouvoir supplémentaire que le représentant de l’État à Saint-Barth et Saint-Martin n’a pas tardé à mettre en pratique puisqu’il a rapidement annoncé la fermeture des discothèques.
Par ailleurs, l’adoption du passe sanitaire a également commencé à être mise en application. L’extension du passe comme le projet de loi controversé qui prévoit l’obligation vaccinale pour les personnels de santé a été adopté dimanche soir par les députés. C’est désormais au Conseil constitutionnel de se prononcer sur la loi relative à la gestion de la crise sanitaire. Il rendra une décision le jeudi 5 août.
Une extension du passe sanitaire en août
Le passe sanitaire - test Covid négatif, attestation de vaccination ou certificat de rétablissement - est entré en vigueur la semaine dernière dans l’Hexagone pour les "lieux de loisirs et de culture" rassemblant plus de 50 personnes. Sauf pour les 12-17 ans, exemptés de passe sanitaire jusqu'au 30 septembre selon l'accord trouvé entre députés et sénateurs.
Quant aux personnes dépistées positives au Covid-19, elles devront se placer à l'isolement pour une durée non renouvelable de dix jours dans le lieu d'hébergement qu'elles déterminent. L'isolement pourra s'achever plus tôt en cas de test négatif.
La fête est -déjà- finie
Deux jours après l’annonce du placement de Saint-Barthélemy en état d’urgence sanitaire, la première décision du préfet a été d’ordonner la fermeture immédiate des discothèques. Il a ajouté à cette mesure l’interdiction pour les bars, restaurants et autres hôtels d’exploiter leur éventuelle piste de danse.
Parallèlement, la Collectivité a pris la décision d’annuler la tenue du Marché de Saint-Barth qui devait avoir lieu ce dimanche 1er août à Gustavia. « Le Marché fera son retour en novembre avec de nombreuses surprises », assure le service communication de la Collectivité.
Un passe sanitaire pour le cinéma de l’Ajoe
Autre conséquence directe, la mise en place du passe sanitaire pour plusieurs événements qui devraient réunir plus de cinquante personnes. Ainsi, la séance de cinéma sur le plateau de l’Ajoe, ce vendredi 30 juillet à Lorient à 19h50, n’accueillera que les personnes de plus de 18 ans qui pourront présenter un passe sanitaire. En l’occurrence, un certificat de vaccination, un test négatif de mois de 72 heures (PCR) ou 48 heures (antigénique).
« Pas d’amalgame réducteur ! »
Après avoir parcouru notre article consacré à la manifestation organisée le 14 juillet devant la Collectivité territoriale (JSB 1433), une lectrice et participante à ce rassemblement a tenu à réagir. Elle réfute toute opposition unique au passe sanitaire ou au vaccin mais assure que le mouvement était inscrit dans une volonté d’affirmer un attachement aux libertés du citoyen. « Nous avions appelé à un rassemblement et à une concertation suite à l'allocution présidentielle du 12 juillet, explique-t-elle. Nous ne sommes ni antivax, ni de droite, ni de gauche, ni anti système, ni complotiste, ni tout ce genre d'amalgame réducteur ! Nous avons juste été, comme beaucoup de citoyens, choqués et interpellés par les annonces du Président ainsi que sur sa manière d'annoncer des mesures radicales touchant à la liberté de tout un chacun et à des principes fondamentaux. » Elle poursuit : « Nous étions sous le choc d'apprendre que nos héros d'hier (le personnel soignant, ndlr) étaient devenus nos parias d'aujourd’hui et que dans un contexte de pandémie après avoir applaudi nos soignants, après s’être rendu compte du manque de moyens mis à leur disposition, nous allions dorénavant leur donner du bâton. » Elle assure que l’objectif du rassemblement était de débattre des atteintes supposées « aux bases de la France ». Et de conclure : « Beaucoup de gens s'interrogent sur ce qu’il se passe et tous ne sont pas des illuminés, bien au contraire ! » Voilà qui est dit.