Président du Conseil économique, social, culturel et environnemental, Pierre-Marie Majorel estime que le départ de Bruno Magras nécessite pour ses successeurs de repenser la manière de diriger les affaires de l’île.
Depuis des semaines - des mois pour ceux qui étaient dans la confidence - le départ de Bruno Magras et l’héritage qu’il laisse entre les mains de ses futurs successeurs agitent les conversations. Il nourrit aussi quelques inquiétudes quant à la capacité des candidats à parvenir à maintenir les statuts et la qualité de vie considérés comme acquis à Saint-Barth. Président du Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE) de Saint-Barthélemy, Pierre-Marie Majorel se pose, en son nom propre, en observateur de ce qui pourrait advenir dans les prochains mois. Et il avertit la future équipe qui prendra les affaires de l’île en main : « Saint-Barth doit être gérée de manière beaucoup plus collégiale que sous Bruno Magras. L’héritage est lourd mais tout le monde va en hériter. Donc ça va être compliqué. Il ne faut pas attendre un clone de Bruno Magras car il n’y en a pas. Par conséquent, il va falloir travailler autrement. »
Pour Pierre-Marie Majorel, l’une des priorités sur laquelle la future équipe dirigeante va devoir se pencher est l’élaboration d’un observatoire économique. « Il faut que l’on dispose d’un tableau de bord réel et précis des données économiques afin de connaître la situation exacte de l’île, assure-t-il. On manque de données statistiques. » Pour le président du CESCE, il est désormais indispensable de récupérer la gestion du greffe, qui regroupe les informations sur le commerce et les sociétés. « Cela nous permettrait d’avoir un meilleur contrôle sur les abus que tout le monde connaît sur l’île et dont le système déclaratif actuel autorise les dérives », affirme Pierre-Marie Majorel, qui s’inquiète : « Si Bercy (ministère de l’économie et des finances) met le nez dedans, il n’est pas impossible que cela remette en cause le système actuel à Saint-Barth. On ne peut plus faire l’économie de contrôles. Il faut créer une cellule qui s’occupe exclusivement de ces questions. Le Saint-Barth des années 70, c’est fini. Il faut savoir qui fait quoi. Pour ça, il faut des données. C’est dans l’intérêt de la Collectivité. C’est aussi la façon la plus judicieuse de récupérer plus de connaissance de cette économie sans remettre en cause notre système fiscal. Pour le bien être de tous. »
Parallèlement, il estime qu’il est temps de rectifier certaines pratiques qui nuisent à l’image et à la réputation de Saint-Barth. « A mesure que cette île attire du monde, tout n’a de cesse d’augmenter et tout le monde veut sa part du gâteau, lance-t-il. Il ne faut pas laisser glisser l’image et le futur de Saint-Barth, ne surtout pas se faire préempter cette image. Or, en ce moment, l’île est en train de se saborder. Le concours de « tips », ce n’est pas la mentalité de l’île. »
Parmi les « chantiers majeurs » qui attendent la future équipe élue, Pierre-Marie Majorel cite évidemment l’évolution statutaire « possible » de l’île. Mais il prévient : « Plus de compétences en matière de santé, par exemple, cela a un prix. En social comme en santé, on a que ce que l’on peut s’offrir. Donc il faudra continuer de croître et d’engendrer des ressources. » Tout cela en tentant « d’appréhender l’avenir de l’île en terme de saturation », souligne-t-il. Pas une mince affaire.