Saint-Barth - Hotel de la Collectivité illustration

Rupture définitive ou tempête dans un verre d’eau ?

La décision de Xavier Lédée de retirer à Marie-Hélène Bernier les délégations « police » et « sécurité » en arguant d’une « rupture constatée du lien de confiance » n’apparaît, en réalité, que comme le symptôme d’un mal plus profond. Depuis le début de la mandature, et sans doute bien avant l’union des listes conduites par les deux candidats aux élections territoriales 2022, l’entente cordiale a toujours été mâtinée d’une inimitié plus ou moins latente. Ainsi, le fameux « mariage de la carpe et du lapin », illustré par un conflit larvé et de perceptibles différences de vues et d’opinions, a fini par éclater au grand jour. Car la raison officielle du retrait des délégations à la première vice-présidente est la « rupture du lien de confiance », écrit le président Lédée. Même s’il évoque par ailleurs une enquête administrative qui serait conduite suite à une plainte déposée contre Marie-Hélène Bernier. Or, la question est bien de savoir si la « confiance » invoquée par Xavier Lédée a jamais été d’actualité entre les deux élus. Depuis leur arrivée au pouvoir, les couloirs de la Collectivité bruissent d’échanges houleux, de silences pesants, de réunions qui s’organisent sans prévenir les détenteurs de délégation, de décisions prises sans concertation, de verrouillage de documents officiels, etc. « Même quand ça ne chauffe pas entre les élus, l’ambiance est pesante », témoigne un agent.
Reste désormais à savoir quelles conséquences vont avoir les événements de ces derniers jours sur la bonne conduite de la gouvernance. Quelle position les élus vont-ils adopter ? Ceux de la partie « Lédée » de la majorité comme ceux de la frange « Bernier », mais également les conseillers territoriaux d’opposition du groupe Saint-Barth d’Abord. S’il apparaît difficilement envisageable que la crise actuelle puisse avoir une influence sur le débat d’orientation budgétaire, début mars, elle pourrait toutefois influer sur le fonctionnement de l’institution. Le conflit pourrait-il aboutir à une motion de défiance au sein du conseil ? Cela semble peu probable en raison des dissensions au sein de l’assemblée. Il pourrait également ne s’agir que d’une tempête dans un verre d’eau. A la seule condition que les parties soient en mesure de s’expliquer sereinement autour d’une table. Mais là, le doute est permis.
 

 

Journal de Saint-Barth N°1549 du 11/01/2024

Voeux des élus
Rupture présidentielle